Devant l'écrasante victoire de La République en marche qui s'annonce aux législatives, droite et gauche tentent d'expliquer aux Français pourquoi une trop large majorité macroniste à l'Assemblée serait nuisible à la démocratie. Ainsi le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis met-il en garde contre une dérive "absolutiste" du pouvoir. Et du côté de Les Républicains, Xavier Bertrand raconte - exemple historique et personnel à l'appui - comment un gouvernement disposant de trop nombreux députés de son camp ne tient absolument pas compte de l'opposition.
Sur Europe 1 jeudi 8 juin, le président de la région Hauts-de-France (que certains ténors modérés aimeraient bien voir prendre la direction du parti) explique donc que "pour que l'Assemblée nationale fonctionne bien, il faut qu'il y ait une majorité et une opposition". Or, au vu des sondages qui donnent entre 385 et 415 députés LREM, il craint que la France soit "le seul pays européen dans lequel il n'y aurait pas une majorité et une opposition".
Et d'y aller de son petit récit tiré de son expérience personnelle de ministre du Travail durant le quinquennat Sarkozy :
"Je peux vous donner un témoignage. J'ai été ministre, j'ai connu une époque après 2007 où y'avait une majorité très très large pour la droite et le centre. Eh bien, quand vous arrivez dans l'hémicycle à l'Assemblée et que vous défendez un texte, vous ne tenez pas compte de l'avis des autres de la même façon. Vous n'écoutez poas vraiment ce que font les autres en disant : 'Ils sont pas nombreux, ça compte pas beaucoup'. Eh bien ça compte. Dans la vie, vous tenez compte de l'avis des autres ? Alors il faut qu'il y ait une opposition qui soit présente et qui se fasse entendre.
"
Alors évidemment, Xavier Bertrand n'aurait probablement pas tenu le même discours si la situation était inversée. On prône rarement une majorité limitée quand on est sur le point d'être majoritaire...
Mais continuant à creuser son sillon de "la politique autrement" comme il le fait depuis les régionales de la fin 2015, "XB" promet que si les Français élisent des députés LR, il ne s'agira pas d'une "opposition à l'ancienne". "C'est fini l'opposition revancharde qui veut tout bloquer. Les gens n'en veulent plus", estime-t-il, ajoutant qu'"on est à une époque où les gens veulent de l'équilibre en beaucoup de choses".
Un argument tout à fait macronien, donc, pour celui qui a refusé le poste de Premier ministre.
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