Benoît Hamon fait la tournée des médias pour éteindre le feu qu'il a lui-même lancé

Publié à 16h05, le 22 octobre 2014 , Modifié à 20h30, le 22 octobre 2014

Benoît Hamon fait la tournée des médias pour éteindre le feu qu'il a lui-même lancé
© Montage le Lab - RFI - France 2

Longue journée pour Benoît Hamon. L'ancien ministre de l'Education nationale et nouveau frondeur (même s'il récuse le terme) réalise, ce mercredi 22 octobre, pas moins de quatre passages médias. Le député PS des Yvelines fait partie des 39 parlementaires socialistes qui se sont abstenus, la veille, lors du vote du volet "recettes" du budget 2015. Un choix que font aussi ses collègues anciennes ministres, Aurélie Filippetti et Delphine Batho.

Le porte-parole du gouvernement Stéphane le Foll avait dénoncé, au soir du 21 octobre, le "manquement au devoir" des ex-ministres. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, décrit pour sa part une "attitude déplorable". Ainsi commence la journée du 22 octobre : 

#La matinale : le tir groupé

Les trois ex-ministres frondeurs sont dans les médias au moment du petit-déjeuner : Delphine Batho dans l'Opinion, Aurélie Filippetti sur iTélé et Benoît Hamon sur RFI. Et c'est ce dernier qui va frapper le plus fort : il estime que la politique menée par l'exécutif (qu'il a quitté il y a deux mois) ne donnera pas de résultats et est "une menace pour la République". Une affirmation qu'il explique par l'hypothèse d'un second tour en 2017 avec Marine le Pen. Mais le mot est lancé.

#La réplique

Stéphane le Foll, interviewé une heure plus tard sur BFMTV, réagit par média interposé : 

Une limite a été franchie. La cohérence serait qu'il quitte le PS. 

Le porte-parole du gouvernement a répété ses griefs de la veille en rappelant qu'il "y a des devoirs quand on est dans une majorité". Un discours que tient également le député de l'aile droite du PS Philippe Doucet dans un tweet : 

#La lance à incendie

Sur RFI ce matin, Benoît Hamon se rend sur France Info à midi : sa "menace contre la République" ? "Un raccourci", reconnaît-il quelques heures plus tard. Il "regrette la proportion de la polémique" en assurant qu'il ne "va pas quitter le Parti socialiste". Il ajoute néanmoins :  

On ne démantèle pas impunément l'Etat en France. Dès lors que l'Etat recule, c'est la République qui recule. Est-ce qu'il faut attendre longtemps pour voir que le Front national est aux portes du pouvoir ? Que me reproche-t-on, de nommer les choses ?

La page Facebook d'Un monde d'avance, le courant socialiste de Benoît Hamon, annonce même la présence de Benoît Hamon au JT de France 2. En fait, il s'agit de quelques secondes dans un sujet de la chaîne publique sur les tensions au PS. Son intervention consiste à enfoncer le clou sur la politique du gouvernement : 

Je le redis, je pense que cette politique de réduction de déficits et de réduction de la dépense publique crée d'avantage de problèmes qu'elle ne résout la crise. 

#La lance à incendie bis

Benoît Hamon donne ensuite une interview au Parisien.fr, publiée à 15h30. Regrettant que Manuel Valls, positionné à droite du PS dès la primaire de 2011, "ne se revendique plus socialiste", il commente les propos du Premier ministre au sujet de François Bayrou :

[Le fait] qu'il déplore l'occasion ratée d'un rapprochement avec François Bayrou [Le Lab en parle ici, ndlr], c'est très déstabilisant. Cela crée des fractures importantes. Et cela explique le grand désarroi de nos électeurs.

Il répète que "si la gauche n'est pas rassemblée en 2017", elle sera incapable de "faire reculer le Front national". Et il explique à nouveau ses propos du matin :

Cela se fonde sur un raccourci de mon raisonnement. Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'en France, moins d'Etat, cela signifie moins de République et donc plus de FN. Je redis ma conviction : on ne peut pas attribuer la montée du Front national à tout le monde sauf à nous. Je n'ai aucun plaisir à vivre et à participer à cette séquence. Mais le problème ce ne sont pas les frondeurs, ce sont les chômeurs. 

Il estime néanmoins que les deux camps qui s'opposent au sein du PS sont "réconciliables", mais que "c'est au président de la République de faire la synthèse" :

Oui. La difficulté vient du désaccord sur la politique économique, pas sur l’éducation ou la transition énergétique. Il y a une situation nouvelle qui naît du choix du Premier ministre de se passer d'une partie de la majorité. De Martine Aubry, d'Arnaud Montebourg, de moi... Cela fait beaucoup de monde. J'observe que cette rupture, le Premier ministre l'envisage. Ses mots sont de nature à rétrécir la majorité. C'est au président de la République de faire la synthèse. C'est lui qui a rassemblé la gauche en 2012. C'est à lui qu'il revient de le faire à nouveau.

#La conclusion

Benoît Hamon a terminé sa journée par une apparition sur France 5 ce mercredi soir, dans l'émission C à vous. Et il "assume totalement" sa prophétie du "désastre démocratique" à venir, en dressant en creux un inventaire assez noir de la politique du gouvernement :

Le mot que j'assume totalement, c'est le désastre démocratique, que je redoute le plus. Le Front national est partout, il est désormais puissant, aux portes du pouvoir. Le problème, c'est pas la division. Le Front national, il est nourri par quoi ? Par les débats du PS ou par le chômage ? Ou l'augmentation des inégalités ? Ou le désenchantement lié au fait qu'aujourd'hui la politique mise en oeuvre ne correspond pas aux raisons pour lesquelles nous avons été amenés au pouvoir par les Français ?

Pourquoi les Français ont-ils voté pour François Hollande ?

C'était pas, pardon de le dire, pour baisser les prestations familiales. C'était pas, pardon de le dire, pour avoir une politique où on réduit le service public.

Et de conclure : "Au passage, nos électeurs ils votent plus pour nous. C'est qu'il doit y a voir un peu un débat dans leurs têtes aussi".

[Bonus Track] Hamon "consterné" et navré" par le parti politique de Dieudonné et Soral

Au détour de l'émission C à vous, l'ancien ministre a été interrogé sur le parti politique que vont lancer ensemble Dieudonné et Alain Soral. Benoît Hamon en est "consterné" :

Il n'y a rien qui les empêche de faire un parti politique, c'est très facile de le faire. Dieudonné est un professionnel du commerce et du petit commerce. Il va faire du commerce de tout cela. C'est ça qui est terrible avec Dieudonné, c'est qu'à chaque fois il fait de l'argent et qu'en plus ça lui permet de vivre.



Que voulez-vous que je vous dise ? Moi ça me consterne, ça me navre.

[Edit 18h : ajout de l'interview au Parisien.fr]

[Edit 20h15 : ajout des déclarations dans C à vous]

[Edit 20h28 : ajout des déclarations de Benoît Hamon sur le parti politique d'Alain Soral et Dieudonné]

Du rab sur le Lab

PlusPlus