Marie-Noëlle Lienemann attribue la montée du FN à "l'échec de François Hollande et du gouvernement"

Publié à 15h32, le 08 février 2015 , Modifié à 15h40, le 08 février 2015

Marie-Noëlle Lienemann attribue la montée du FN à "l'échec de François Hollande et du gouvernement"
Pour Marie-Noëlle Lienemann, Hollande et le gouvernement sont responsables de la montée du FN © LIONEL BONAVENTURE / AFP

"Faire le jeu du FN", une accusation qui fuse de temps à autres à l'intérieur-même des rangs socialistes. Benoît Hamon en avait par exemple été rendu responsable par Stéphane Le Foll, mi-décembre. Dimanche 8 février, c'est Marie-Noëlle Lienemann, figure de l'aile gauche du PS, qui affirme dans une interview à Atlantico que la montée du parti frontiste dans les sondages est due à l'échec "du président de la République et du gouvernement".

La sénatrice de Paris est interrogée sur deux récents sondages qui placent Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle, avec 30% d'intentions de vote. Une montée en puissance causée par le manque "d'alternative" proposée par l'exécutif, affirme Marie-Noëlle Lienemann, qui critique depuis de nombreux mois les choix économiques de François Hollande et demande une relance plaide pour une politique de la demande. Elle explique :

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A partir du moment où l'on dit aux citoyens qu'il n'y a pas d'alternative, comment voulez-vous qu’ils ne se tournent pas vers l’extrême droite ? Car le Front national leur semble être la seule alternative qu'ils n'aient pas encore essayée. La gauche portait au départ un discours d'alternative raisonnable. Les 60 engagements du discours du Bourget portaient une réorientation réformiste mais réelle. Aujourd’hui, on explique qu'on ne peut pas le faire : il ne faut pas s'étonner que les électeurs se tournent vers d'autres stratégies.

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Est-ce donc sur "l'échec de la gauche" que prospère le FN ? Non. Seulement sur celui de François Hollande et du gouvernement, répond la sénatrice :

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Pas de toute la gauche, mais de François Hollande. La preuve c'est qu'il n'a pas réussi à convaincre toute la gauche qu'il n'y avait pas d'autre solution, sinon il aurait toujours la même majorité qu'au début. Or ce n'est pas le cas [voir ici, ndlr].



[...] C'est un échec de tous les partis démocratiques mais en particulier du PS actuellement : du président de la République et du gouvernement.

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Une attaque particulièrement virulente qui n'est pas dénuée d'arrière-pensées. Cette saillie intervient au lendemain du dépôt des différentes contributions en vue du congrès du PS, qui se tiendra à Poitiers au mois de juin. Marie-Noëlle Lienemann est signataire de deux des textes portés par les différentes tendances à l'oeuvre à la gauche du parti : celle de son mouvement, Maintenant la gauche, ainsi que celle des frondeurs de Vive la gauche. 

L'ancienne secrétaire d'État au Logement du gouvernement Jospin (2001-2002) veut donc croire que le congrès permettra de porter à la tête du parti un candidat défendant un double message : celui de "la nécessité d'une réorientation économique et sociale" ainsi que celui "d'une nouvelle dynamique politique en direction du peuple de gauche et donc du rassemblement de la gauche". Et de fustiger par avance le choix du "légitimisme" et du soutien à François Hollande :

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Dans ce cas, je redoute les pires dérives pour le pays.

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[Bonus Track] Valls mis au défi de présenter une motion à Poitiers

"Ce n'est pas parce qu'un homme a décidé au sommet, sous la pression de divers lobbies, de mener une politique, qu'il a nommé la personne la plus marginale au sein du parti (5% aux primaires) comme Premier ministre qu'on doit rester les bras ballants." Manuel Valls n'est pas épargné par la sénatrice, qui lui propose ironiquement de "déposer sa motion" pour le congrès afin de "se compter". Ce qui selon elle devrait démontrer son isolement à Solférino et donc son illégitimité :

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On peut se poser la question de savoir si l'aile droite a sa place. Que Manuel Valls se compte, qu'il dépose sa motion, parce qu'ils font tous du cache-sexe. Que Manuel Valls fasse donc une motion avec sa politique de l'offre, on verra combien il fait. Je pense que le Premier ministre n'est pas politiquement majoritaire. Ils vont essayer de jouer l'ambiguïté, le légitimisme, la peur de l'instabilité politique pour faire accepter des choses que les gens n'ont pas envie d'accepter mais cela se retournera vite contre nous. Et là ce sera toute la gauche et l'ensemble des Français qui en pâtiront. Manuel Valls est minoritaire et il est aberrant que la personne la plus minoritaire au sein du Parti socialiste soit Premier ministre. Si en plus il avait le soutien des forces de gauche : non seulement minoritaire au PS, il n'a pas le soutien des autres forces de gauche.

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Certes, l'hostilité de Marie-Noëlle Lienemann à l'égard de Manuel Valls n'est pas une nouveauté. Dernier exemple en date : ses petits commentaires ironiques pendant un discours du chef du gouvernement

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