Pour lui, c'est terminé. En confirmant "une bonne fois pour toutes" qu'il ne serait pas candidat à la présidentielle le 6 mars dernier, Alain Juppé s'est retiré de la scène politique nationale. Mais pas de la politique tout court, puisqu'il reste maire de Bordeaux... d'où il continue d'exercer son magistère moral sur ses fidèles et cette aile modérée de Les Républicains, à l'heure où le très droitier Laurent Wauquiez fait figure de favori pour reprendre la présidence du parti. Car s'il n'a plus d'ambition pour lui-même, l'ancien Premier ministre entend bien faire ce qu'il peut pour faire vivre son héritage.
Ces 26 et 27 août, l'ex-candidat à la primaire réunissait ses proches dans sa ville. Un "week-end de réflexion" qui a vocation à devenir annuel et fortement marqué, en cette rentrée 2017, par le débat sur l'orientation idéologique de LR. Cité par Le Figaro lundi 28 août, le maire de Bordeaux décrit son écurie comme une "pépinière" destinée à fonctionner comme un "incubateur de talents". Son heure passée, lui-même souhaite désormais "aider à l'émergence d'un nouveau leadership à droite".
Très start-up nation, tout ça. On notera cependant que plusieurs "talents" estampillés *juppéie* exercent actuellement ce fameux "leadership"... mais au gouvernement. Son fidèle lieutenant Édouard Philippe est désormais Premier ministre d'Emmanuel Macron et a nommé Gilles Boyer (ancien "bras gauche" et directeur de campagne de Juppé) conseiller à Matignon. Des transferts pas franchement approuvés par le boss, d'ailleurs...
Pour sa part, Alain Juppé se focalise donc sur Les Républicains et l'élection de son nouveau président, prévue pour le mois de décembre. Fidèle à lui-même, il prône toujours une ligne plus centriste que le favori Laurent Wauquiez. Alors, quand Le Figaro lui demande ce qu’il fera si l'héritier auto-proclamé de Nicolas Sarkozy l’emporte, il répond simplement : "Je jugerai en fonction, s'il gagne, de ce qu'il proposera."
Et s'il "souhaite rester" à LR s'y sentir "à l'aise", il n'exclut pas non plus de plier bagage si "la ligne dominante de LR [devient] celle de la partie la plus conservatrice, et même la plus rétrograde en termes de société". Et d'ajouter :
"Je suis attaché à cette formation politique. Aussi longtemps qu'elle sera sur une ligne qui n'est pas incompatible avec mes convictions profondes, j'y resterai.
"
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