Noël approche. Soyez prêts : bientôt, les polémiques sur les installations de crèches de Noël dans les bâtiments publics vont resurgir. Cette année cependant, dès le mois d’octobre, droite et extrême droite ont trouvé un sujet semblable qui leur permet, une nouvelle fois, de débattre sur la place des signes religieux dans l'espace public. Tout cela grâce au Conseil d'État qui, le 25 octobre, a ordonné la modification de la statue de Jean-Paul II érigée dans la ville bretonne de Ploërmel.
En cause : l'immense croix qui surmonte la statue de l'ancien pape, décédé en 2005. La haute juridiction administrative a en effet décidé que le crucifix devait être retiré.
Peu après l'annonce de cette décision, le vice-président du Front national Louis Aliot s'est fendu d'un communiqué pour dénoncer une "décision inique" qui selon lui "participe à l’œuvre de destruction de notre civilisation judéo-chrétienne". Et le compagnon de Marine Le Pen d'établir un parallèle pour le moins saisissant :
"Cette loi a toujours été protectrice des lieux de culte et des symboles religieux. Va-t-on devoir détruire les croix sur nos routes de campagnes ? Va-t-on devoir abattre les croix de nos églises ? Quand va-t-on arrêter cette chasse à nos symboles, à nos traditions et à notre histoire ! […] Il est incroyable qu’en France aujourd’hui il soit plus facile d’édifier des représentations d’un plug anal place Vendôme [voir ici ] ou d’une sculpture d’inspiration zoophile avec 'domestikator' [voir ici ], plutôt que des œuvres qui font référence à notre civilisation au travers de ses grands hommes !
"
Même tonalité du côté de David Rachline. Sur Twitter, le maire de Fréjus et directeur de la communication du FN fustige "une guérilla contre les expressions bienvenues de notre héritage..."
Certains font semblant de confondre laïcité et guérilla contre les expressions bienvenues de notre héritage... https://t.co/EnjDWWQkeV
— David Rachline (@david_rachline) 26 octobre 2017
Au fait : il n'y a pas si longtemps, le FN voulait interdire tous les signes religieux dans l'espace public . Mais - comme on dit - ça c'était avant.
Mais il n'y a pas que le FN. Nicolas Dupont-Aignan, aussi, s'indigne. Invité de LCI ce vendredi, le président de Debout la France dénonce une décision "scandaleuse". Il ajoute :
"Cette croix, elle est dans l'espace public, elle fait partie de l'histoire du pays. Alors on va enlever toutes les petites croix qui se trouvent dans notre pays, au détour des petits chemins de campagne, sur des monuments ? On va raser les églises ? Mais enfin, ils sont tombés sur la tête. […] C'est une décision Pol Pot (sic). C'est aberrant. Ça me fait penser en Russie, en URSS, où on abattait les croix.
"
Par la suite, c'est la députée Les Républicains Valérie Boyer qui a tweeté à ce sujet :
#CroixPloermel : On va dire que je pars encore en "croisade" mais où s’arrêtera cette folie qui consiste à vouloir effacer nos racines ?
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 26 octobre 2017
Si l'on oublie la référence – usée – au dictateur cambodgien dont le régime a exterminé au moins 1,7 million de personne, l'argumentaire de NDA ressemble en tout point à celui de Louis Aliot : partir d'une décision qui concerne l'espace public pour suggérer – sous la forme d'une interrogation - que l'on va supprimer les croix sur les églises. D'ailleurs, le Conseil d'État ne le suggère pas . "Dès lors que la croix constitue un signe ou un emblème religieux au sens de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 et que son installation par la commune n’entre dans aucune des exceptions ménagées par cet article, sa présence dans un emplacement public est contraire à cette loi", écrit la haute juridiction dans un communiqué.
Nicolas Dupont-Aignan précise toutefois qu'il n'est "pas pour mettre des croix partout, dans le bureau d'un maire, dans un conseil municipal ou dans un ministère, parce que nous sommes un pays laïc", dit-il.