S'il y a bien une chose à ne pas dire à un ténor du Front national, c'est qu'il existe des lignes divergentes au sein du parti car dans le camp de Marine Le Pen, il n'y a qu'une seule tendance : celle dictée, justement, par Marine Le Pen. Une idée qui est parfois contredite par des déclarations, des comportements, des intentions.
Le Canard Enchaîné s'est ainsi fait l'écho, mercredi 22 juin, d'une certaine division au sein du parti d'extrême droite concernant la loi Travail. Selon l'hebdomadaire, Marine Le Pen a désapprouvé les amendements déposés par Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard (RBM), car ils n’étaient pas conformes à la position officielle du FN sur ce texte. La présidente frontiste a donc envoyé un SMS aux deux élus pour leur demander de retirer ces amendements trop libéraux.
Faux et archi faux, rétorque ce jeudi sur France Inter Florian Philippot. Après avoir expliqué que le FN est uni dans la lutte contre la loi El Khomri, le vice-président frontiste dément les informations du Canard. Et voici comment. Il dit :
"Il ne faut pas écouter ou lire tout ce qui est écrit dans une presse sensationnaliste qui vous explique que Marine Le Pen a envoyé un texto. Alors j'aimerais bien savoir comment cette presse se serait procuré ce texto. Ce serait Marion [Maréchal-Le Pen] qui serait allée voir 'Le Canard Enchaîné' en disant : 'regardez, j'ai reçu un texto de Marine Le Pen' ? C'est crédible une seconde vous croyez ?
"
Nous ne nous prononcerons pas ici sur la crédibilité ou non d'une telle action de la part de la députée FN du Vaucluse. Néanmoins, plusieurs choses sont notables dans cette déclaration de Florian Philippot :
1. Le n°2 du FN dément que Marion Maréchal-Le Pen soit une source du Canard Enchaîné tout en suggérant l'idée auprès des auditeurs de France Inter.
2. Le n°2 du FN n'évoque pas du tout la possibilité que Gilbert Collard ait pu transmettre au Canard Enchaîné ces informations.
3. Le n°2 du FN suggère que, dans son camp, on ne balance pas les uns sur les autres dans la presse.
Il s'est pourtant bien passé quelque chose à l'Assemblée nationale. Surtout que les deux sénateurs FN Stéphane Ravier et David Rachline ont eux-aussi retiré leurs amendements , prétextant qu'il s'agissait d'une erreur de leurs assistants parlementaires.
Quand les députés examinaient en première lecture la loi Travail, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard ont déposé 25 amendements. L'un d'eux proposait de relever les seuils sociaux de 50 à 100 salariés pour favoriser l’embauche. Un autre amendement demandait, lui, la suppression de l’article 1er bis sur le harcèlement sexiste, qui ouvrirait "la voie à de graves dérives et favorise[rait] des attitudes procédurières néfastes aux relations entre employeur et employé."
Les-dits amendements n’ont pas été adoptés puisque le gouvernement a choisi d’utiliser le 49.3 pour faire passer le texte . Ils illustrent bien quand même certaines divisions internes au FN. Mi-mai, Florian Philippot avait d'ailleurs lui-même admis qu'il avait "deux, trois points de divergence" avec Marion Maréchal-Le Pen …