Vous voyez, Les Républicains se divisent en deux catégories (bon, d'accord, souvent plus mais là c'est pour les besoins de la démonstration) : ceux ont un pistolet chargé et ceux qui acceptent sans broncher que Patrick Balkany porte encore leurs couleurs aux législatives de 2017. Hervé Mariton, il a un pistolet chargé. Du coup, il s'en sert pour flinguer.
Le député LR de la Drôme et candidat à la primaire de la droite n'est pas profondément choqué, mais vraiment pas loin. Il juge en effet "parfaitement choquant" que Patrick Balkany ait obtenu automatiquement son investiture pour les législatives de 2017 de la part de LR, et ce malgré quatre mises en examen, quelques condamnations par le passé et une réputation *légèrement* sulfureuse. Une décision critiquée ces derniers jours par certains de ses camarades comme Bruno Le Maire, mais aussi la ministre socialiste Laurence Rossignol. Sur France Info ce jeudi 23 juin, Hervé Mariton balance donc :
"Je dis simplement de manière très forte, très claire et très ferme, que la manière de faire de la politique de Patrick Balkany est totalement contraire à mes principes. Il est parfaitement choquant que notre parti politique continue d'accorder sa confiance dans un tel contexte.
"
Il précise se placer ici "sur un terrain politique", qu'il "ne veut pas confondre avec le terrain judiciaire". En clair : on peut être en désaccord avec cette investiture sans violer le principe de présomption d'innocence dont bénéficie Patrick Balkany. Il envoie de plus belle, clouant au pilori la "manière de faire de la politique" du député-maire de Levallois-Perret et intime de Nicolas Sarkozy :
"Le terrain politique permet, dans des cas aussi critiquables et aussi critiqués que la manière de faire de Patrick Balkany, d'en tirer les conséquences avec cohérence. Et que Les Républicains ne tirent pas les conséquences cohérentes d'une manière de faire que beaucoup - je dirais presque tous - condamnent, ça me paraît particulièrement malheureux et je ne suis pas du tout satisfait de la décision des Républicains de réinvestir Patrick Balkany.
"
Il regrette également la "forme d'inertie" qui conduit la rue de Vaugirard à ne pas sanctionner Balkany en lui permettant d'être réélu à l'Assemblée nationale. "C'est peut-être aussi le malaise de certains, qui est de dire 'nous ne voulons pas nous engager sur le terrain judiciaire'", tente-t-il d'expliquer. Mais lui maintient :
"J'entends cela et je ne me permets pas de me prononcer à l'égard de Patrick Balkany à la place de la justice. Je dis simplement qu'il y a, au regard d'une description maintes fois répétées d'une manière de faire, un très grand malaise, quelque chose qui n'est pas acceptable.
"
D'autant moins acceptable selon lui qu'il y a probablement, dans le vivier de la droite, "d'autres personnalités qui pourraient être des députés de qualité" à la place.
Mercredi, c'est un autre concurrent à la primaire, Bruno Le Maire donc, qui avait pris la parole publiquement à ce sujet. Le député de l'Eure a pour sa part dénoncé cette "vieille politique" qui persiste dans ses rangs, s'attaquant à "parcours chaotique, semé de problèmes", "que le parti valide d'une certaine manière puisqu'il réinvestit" Patrick Balkany.
D'autres, notamment chez les sarkozystes, expliquent cependant qu'il n'y a pas franchement de problème. Quitte à raconter strictement n'importe quoi, à l'instar de l'eurodéputé Renaud Muselier ce jeudi matin.
[BONUS TRACK] #FootPolitique
Au détour de cette interview sur France Info, Hervé Mariton est placé face à cette question : n'y aurait-il pas une sorte de deux poids, deux mesures entre la façon dont les politiques, notamment chez LR, ont pris position contre Karim Benzema et sa mise en examen, et celle dont ils se taisent sur le cas Balkany ? Que nenni selon le troisième (et dernier) homme de la course à la présidence de feu l'UMP, qui explique que lorsqu'il s'oppose à la sélection en équipe de France de l'attaquant du Real Madrid, il le fait depuis "le terrain de la morale" et non judiciaire. "Il y a un comportement pas acceptable, donc sa non sélection est totalement justifiée", assure-t-il.
Avant d'audacieusement mélanger les termes "investi" et "équipe" en évoquant tout à la fois les cas des deux hommes pré-cités :
"Karim Benzema, je trouve normal qu'il n'ait pas été 'investi', en quelque sorte, dans l'équipe de France ; je pense s'agissant de Balkany que, compte tenu de sa manière de faire de la politique, il n'est pas du tout heureux qu'il ait été investi pour faire de nouveau partie de l'équipe parlementaire.
"