MURDERER - Le groupe écologiste à l'Assemblée nationale n'est plus. Mais les dissensions et autres divergences entre ses (ex) membres demeurent. Six députés verts pro-gouvernement ont fait sécession en rejoignant le groupe socialiste, jeudi 19 mai, actant par la même occasion la mort du groupe écolo, qui ne dispose plus d'assez de membres pour exister. Et du côté des verts, il y a autant d'élus que d'analyses sur cette disparition.
Cécile Duflot, par exemple, y voit la main meurtrière de François Hollande. Sur BFMTV lundi 23 mai, la députée de Paris, tendance anti-gouvernement et ancienne patronne d'EELV, accuse le chef de l'État de "tentative d'assassinat" sur "l'écologie libre". Ni plus ni moins. Elle dit :
"C'est vrai que chacun peut avoir des responsabilités, mais ce qui est sûr c'est que l'écologie libre, aujourd'hui, fait l'objet d'une tentative d'assassinat organisée de manière délibérée par le président de la République, qui n'a plus qu'une obsession : sa campagne présidentielle. Et pour sa campagne présidentielle, il pense qu'il y a un trou de souris - c'est ce qu'on lui raconte et c'est ce qu'il explique - pour être au deuxième tour face à Marine Le Pen. Vous imaginez le cynisme de la démarche. Et pour ça, il faut éliminer tout ce qui existe entre lui et Jean-Luc Mélenchon. C'est le Yalta de la vieille gauche. Comme à l'ancienne, comme il y a vingt ans, comme il y a quinze ans au Parti socialiste.
"
Selon cette vision des choses, c'est donc dans un but purement électoraliste que François Hollande lui-même aurait orchestré cette mise à mort, en recrutant les quelques députés écologistes qui le soutiennent, après avoir fait entrer trois de ses membres au gouvernement.
Forcément, tout le monde n'est pas d'accord avec cette analyse. Et notamment les élus verts concernés. Barbara Pompili, par exemple, avait déjà balayé cette explication la semaine dernière. Néo-secrétaire d'État chargée de la Biodiversité, l'ancienne députée ex-EELV de la Somme et co-présidente du groupe à l'Assemblée avait expliqué pourquoi les écolos n'ont pas besoin de François Hollande pour s'autodétruire. Vendredi 20 mai, elle disait :
"L'écologie politique est capable toute seule (rire) de se diviser. Il n'y a absolument pas eu de pression quelconque de l'Élysée sur ces questions-là.
"
Dans leur communiqué, les députés écolos quittant le groupe dénonçaient pour leur part le "coup de force" de Cécile Duflot, accusée d'avoir voulu mettre la main sur le groupe en s'érigeant en seule et unique présidente de ce dernier, contrairement aux statuts qui imposent une présidence partagée.
Jean-Vincent Placé est sans surprise sur la même longueur d'ondes. Lui aussi ex-membre d'EELV, l'ancien sénateur de l'Essonne devenu secrétaire d'État chargé de la réforme de l’Etat et de la simplification indiquait samedi 21 mai que les raisons de cette implosion étaient à chercher en interne :
"Depuis deux ans, il y avait des divergences très fortes, sur le fond, sur l’appréciation des politiques écologistes du gouvernement, sur la stratégie. C’était inéluctable et amène une clarification politique.
"
D'après les écolos pro-Hollande, c'est donc la "gauchisation" d'une partie de la formation écologiste qui a provoqué ce divorce définitif. Du côté des écolos anti-Hollande, en revanche, c'est le président de la République qui tente (et semble donc réussir) de tuer la représentation écologiste à l'Assemblée, afin de se dégager un espace à gauche en vue de 2017.
Mais si vous aussi souhaitez participer à ce cluedo politico-écologico-socialiste, n'hésitez pas à nous faire part de l'avancée de votre enquête.