Dominique Strauss-Kahn auditionné au Sénat par la commission d'enquête sur l'évasion des capitaux

Publié à 15h02, le 26 juin 2013 , Modifié à 16h57, le 26 juin 2013

Dominique Strauss-Kahn auditionné au Sénat par la commission d'enquête sur l'évasion des capitaux
Dominique Strauss-Kahn au Sénat le 26 juin 2013 (image Public Sénat)

DSK AU SÉNAT -Auditions croisées ce 26 juin entre Dominique Strauss-Kahn au Sénat et Jérôme Cahuzac à l'Assemblée nationale. L'ancien directeur du FMI est entendu par la commission d'enquête sur "le rôle des banques et des acteurs financiers dans l'évasion des capitaux" en sa qualité d'expert.

@PaulLarrouturou est présent à l'audition pour Le Lab.

Une audition qui ne fait pas l'unanimité dans la classe politique. Certains y voient même une forme de réhabilitation. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a déclaré qu'à titre personnel elle n'irait pas "chercher l'expertise" de l'ancien patron du FMI, même si "la commission est souveraine" :

Monsieur Strauss-Kahn n'appartient plus à la rubrique politique.

Eric Bocquet, le rapporteur communiste de la commission justifie ainsi le choix de DSK :

C'est une personne parmi d'autres que l'on auditionne en tant qu'ancien ministre de l'Economie et ancien directeur du FMI.

#MAKING OF

DSK a échappé aux journalistes et photographes en ne passant pas par l'entrée principale. La salle d'audition elle, en est remplie :

Vingt-et-un sénateurs sont membres de la commission. Une quinzaine est présente, interpellant DSK par des "Monsieur le ministre", comme le demande le protocole :

#DOCTEUR DSK

Pour une introduction qu'il avait promise "courte", mais qui aura largement duré les dix minutes autorisées, DSK a remis ses habits de professeur à Sciences-Po. Il le concède lui-même :

Ces quelques mots m'ont servi pendant de nombreuses années à mon cours d'économie monétaire.

Et lorsqu'on est prof, on dit des choses simples. D'où cette métaphore filée de DSK sur le monde de la finance, doublée d'une large moquerie à l'égard de ceux qui le mette en cause

Incriminer la finance dans le désastre économique que nous vivonsa pour moi à peu près la même pertinence qu’incriminer l’industrie automobile quand on parle des morts sur la route.

Toute connaissance nouvelle pour améliorer le produit est bienvenue et si on a des voitures plus sûres c’est mieux que si on a des voitures moins sûres. Si on est capable en terme de réglementation des activités des banques, d’améliorer leur fonctionnement et leur produit, c’est très bien. Il faut le faire. (...)

Tout ceci me semble mineur par rapport au comportement des utilisateurs. Le fait d’avoir des voitures plus sûres ne suffit pas, il faut des feux rouges, des limitations de vitesse, des gendarmes …

Notons que l'une des personnes ayant incriminé la finance dernièrement n'est autre que François Hollande. Durant sa campagne présidentielle, en janvier 2012, il avait ainsi déclaré : "Mon adversaire, c'est le monde de finance".

#MISE EN SCENE

Dominique Strauss-Kahn se sait observé. Et pour cause, c'est la première fois qu'il revient dans l'enceinte du pouvoir depuis l'affaire Nafissatou Diallo. Il n'hésite donc pas à se mettre en scène, comme lorsque qu'il donne son opinion sur l'encadrement de la prise de risque dans la finance :

La raison pour laquelle la prise de risque est trop grande, c’est que (silence) … pardonnez-moi d’être brutal, et je suis enregistré, scruté et je ne veux choquer personne ... je vais essayer de le dire de façon raisonnable (silence) … disons que le gendarme n’est pas assez armé.

Si je me laissais aller, je dirais volontiers que les superviseurs sont nuls mais ça me serait reproché. (...) Si on veut surveiller correctement ce qu’il se passe, il faut que les surveillants aient la compétence pour le faire.

Sa recommandation est de pouvoir suffisamment "rémunérer les superviseurs" - les "gendarmes du monde de la finance" - pour pouvoir attirer des personnes "de haute compétence".

#GRAIN DE SEL

Auditionné sur le monde de la finance et sa possible régulation, DSK a évoqué à plusieurs reprises des décisions de politique nationale. Il a ainsi fait un parallèle avec les négociations qui s'ouvre en vue du traité commercial transatlantique sur l'air du "attention à ne pas se faire avoir par les Etat-unis" :

Le débat qui s’ouvre sur le traité commercial entre les Etats-Unis et l’Europe est exactement de même nature. C’est un piège considérable pour les Européens.

Je crois que les Français ont bien fait de vouloir se battre sur le problème de l’identité culturelle [l'exception culturelle dans l'audiovisuel devrait être exclue des négociations, ndlr], c’est un tout petit aspect du sujet mais c’est très bien de l’avoir gagné.

Le vrai sujet ce sont les normes, la triangulation que les Etats-Unis, qui ont déjà un accord avec le Pacifique ou la Chine, veulent obtenir avec nous pour coincer les Chinois derrière. Et nous sommes dans une situation très difficile.

Cet exemple montre que nous sommes dans un monde de méchants et pas dans un monde de gentils.

Il va falloir se battre et ne pas penser que les propositions qui sont faites sont au nom de l’intérêt collectif, elles sont au nom des intérêts que ceux qui sont élus ou ceux qui sont à la tête d’entreprise représentent.

#AU REVOIR

Les délais sont tenus : après 1h30 de questions, l'audition prend fin.

#DEBRIEF

Les sénateurs membres de la commission sont satisfaits d'avoir entendu DSK :

Philippe Marini, le président de la commission des finances au Sénat, a un avis différent :

Du rab sur le Lab

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