SCIENCES POLITIQUES - Le FN n'est pas un parti d'extrême droite. C'est le FN qui le dit. La plupart des observateurs, commentateurs, citoyens et militants continuent de considérer le mouvement fondé par Jean-Marie Le Pen comme un parti de droite extrême. Malgré les menaces de Marine Le Pen qui, pendant longtemps, a prévenu qu'elle porterait plainte contre quiconque oserait dénommer son parti ainsi.
Le problème est que tout le monde, au parti, n'a pas compris cette idée. En témoigne cette boulette commise par un militant et racontée par L'Opinion , jeudi 10 mars. Florian Philippot est venu tracter à Tourcoing, avec son père, aujourd'hui conseiller régional, sa grand-mère et quelques autres militants en vue de la législative partielle organisée dimanche 13 mars. Tout se passe plutôt bien. Le n°2 du FN est tout fier de pouvoir répéter son discours socialisant. "Le social est là", dit-il à un badaud. Et puis survient le drame.
Quelqu'un demande au cortège frontiste :
"Vous êtes qui, la gauche ou la droite ?
"
La réponse d'un jeune militant FN fuse :
"C’est l’extrême droite.
"
Oups… Le jeune militant a, semble-t-il, parlé un tout petit peu trop vite. Cela ne devrait pas faire plaisir à Florian Philippot. Le n°2 du FN s'échine à dédiaboliser le parti fondé par Jean-Marie Le Pen et voici qu'un militant casse tout son travail de persuasion. Fin février, au Salon de l'Agriculture, l'élu FN avait ainsi défendu son camp, accusé d'avoir traité l'élue LR Valérie Debord de "mère maquerelle" . "Je n'ai pas d'excuses à faire à des gens qui ne cessent d'insulter nos propres électeurs. Encore dans leur propre communiqué, il nomme le Front national l'extrême droite. Moi je considère que l'extrême droite, c'est une insulte", avait-il déclaré sur Public Sénat – Sud Radio.
Si on suit son raisonnement, à Tourcoing, le militant FN a donc insulté les électeurs FN…
Mais Florian Philippot n'est pas le seul à défendre cette ligne. Lors de la campagne des régionales, Marine Le Pen s'était énervée contre Jean-Pierre Elkabbach qui avait parlé du FN comme de "l'extrême droite". " Je ne suis pas d'extrême droite moi, monsieur Elkabbach. Je suis le Front national. Ni droite, ni gauche, de France", avait-elle lancé.
En novembre 2015, Marion Maréchal-Le Pen avait, elle-aussi, récusé cette étiquette .
Au final, pourtant, c'est bien le jeune militant FN qui a raison, pas les ténors de son parti. Oui, le FN est d'extrême droite, comme l'ont démontré plusieurs politologues. Une preuve parmi d'autres : dans le paysage politique français actuel, aucune autre formation significative n'est plus à droite que le FN. Qu'il le veuille ou non, le parti est donc bien au bout de la droite. À l'extrême.