OKLM - Ils dénoncent (à nouveau) un procès "politique" : celui de Marine Le Pen, renvoyée en correctionnelle mardi 20 octobre pour ses propos de 2010 sur les "prières de rue", comparées à l'Occupation nazie. Et quoi de mieux, pour se faire les défenseurs de la liberté d'expression, que de s'approprier à leur manière le slogan "Je suis Charlie", né après l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier ?
Lundi 19 octobre, a donc fleuri sur Twitter le hashtag #JeSuisMarine, accompagné d'une image que certains cadres du FN ont immédiatement choisie comme photo de profil, à l'instar de Wallerand de Saint Just (trésorier du FN mis en examen et candidat aux régionales en Île-de-France), Jean-François Jalkh (premier vice-président du FN, eurodéputé et membre du bureau politique, également mis en examen) ou de Gaëtan Dussausaye (directeur national du FNJ et membre du BP du FN) :
En soutien à @MLP_officiel qui sera demain face à la justice politique : #JeSuisMarine ! pic.twitter.com/XE42Q4g6Tn
— W. de SAINT JUST (@wdesaintjust) 19 Octobre 2015
Face au communautarisme, et aux menaces du fondamentalisme islamiste, ils veulent la faire taire ! #JeSuisMarinepic.twitter.com/ZmtaVoiRwQ
— Gaëtan Dussausaye (@G_Dussausaye) 19 Octobre 2015
.@MLP_officiel demain à #Lyon face au MRAP, au CCIF, à la LICRA, à la LDJM : soutenons la liberté d'expression ! http://t.co/3gTv2MNxV4
— Jean-François Jalkh (@JFJalkh) 19 Octobre 2015
Il s'agit également de la photo de profil du compte officiel du parti d'extrême droite :
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Rien que ça.
Le mot d'ordre a également été repris par Nicolas Bay, secrétaire général du FN et eurodéputé :
Soutien total à MLP qui a le courage de dénoncer le fondamentalisme islamiste face aux fossoyeurs de la liberté d'expression ! #JeSuisMarine
— Nicolas Bay (@nicolasbayfn) 19 Octobre 2015
Florian Philippot a lui aussi tweeté sur le sujet, sans pour autant reprendre le fameux hashtag :
Demain à Lyon Marine fera face à la haine de la République et de la France. Soutien, pour la liberté d'expression et le refus de l'islamisme
— Florian Philippot (@f_philippot) 19 Octobre 2015
Ce mot-dièse ne date en réalité pas d'aujourd'hui, mais était auparavant utilisé plutôt de manière ironique, ou plus rarement par des militants/sympathisants/membres du FN. François Kalfon, secrétaire national du PS, s'en était même emparé pour troller l'UMP pratiquant le "ni-ni", à l'occasion du second tour PS-FN lors de la législative partielle du Doubs, en février. Il s'agit ici, à l'inverse, d'une opération de com' construite de la part du parti.
Lors d'une réunion publique à Lyon en 2010, celle qui n'était pas encore présidente du parti d'extrême droite avait dit :
"Je suis désolée mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça c'est une occupation du territoire. [...] C'est une occupation de pans du territoire, des quartiers, dans lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation. Certes, il n'y a pas de blindés, pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants.
"
Elle comparaîtra pour "provocation à la discrimination, à la violence ou à la haine envers un groupe de personnes à raison de leur appartenance à une religion". Elle encourt une peine d'un an d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.
[Edit 21/10]
Le procureur a réclamé mardi la relaxe pour Marine Le Pen, estimant qu'elle parlait "d'un certain nombre de personnes" et non "pas de toute la communauté" musulmane. "Mme Le Pen, en dénonçant ces prières dans l’espace public, imputables non à l'ensemble de la communauté musulmane, mais a une minorité, n'a fait qu’exercer sa liberté d'expression", a argumenté Bernard Reynaud.