Haute autorité vs LR : qui doit primer dans l'organisation du vote de la primaire ?

Publié à 19h30, le 04 mai 2016 , Modifié à 20h46, le 04 mai 2016

Haute autorité vs LR : qui doit primer dans l'organisation du vote de la primaire ?
Anne Levade, présidente de la Haute autoriét de la primaire, et Nicolas Sarkozy, président de LR © Montage Le Lab via AFP

Jusqu'ici, tout allait bien ou presque. À deux-trois polémiques près - sur la date des investitures ou le nombre des bureaux de vote -, l'organisation de la primaire de la droite ne suscitait pas plus de conflit que ça entre les différents candidats. Mais en quelques heures, entre mardi 3 mai au soir et ce mercredi, cela a tourné à la guerre ouverte, sur fond d'accusations de manipulation du scrutin.

En cause : le souhait de Nicolas Sarkozy d'imposer un vote papier pour les Français de l'étranger, ce à quoi il est parvenu grâce à un vote du bureau politique de LR mardi soir (en l'absence de la plupart de ses principaux adversaires et de leurs représentants). Cette décision contrevient aux avis de la Haute autorité de la primaire, qui s'était prononcée en faveur d'un vote électronique à plusieurs reprises. Cette instance, indépendante politiquement du parti et chargée d'assurer le bon déroulement de la primaire, a d'ailleurs mis en garde contre les "conséquences" néfastes du vote papier et préconisé un nouveau vote du bureau politique du parti sur ce point.

Et c'est là que se dessine un nouveau front dans ce début de guerre des chefs. Car il y a ceux qui pensent que l'avis de la Haute autorité doit primer sur celui du parti, et les partisans de l'inverse.

# Team Haute autorité

C'est Bruno Le Maire qui lance les hostilités. Dans une lettre à la présidente de la Haute autorité, Anne Levade, et publiée par Le Point, il estime en effet que ce sont les décisions de cette dernière, et non celles du parti, qui doivent s'imposer en ce qui concerne l'organisation du scrutin.

Le député de l'Eure et candidat écrit ainsi : "L'approbation [du bureau politique de LR] n'a pas lieu d'être sauf à faire de la Haute autorité une simple courroie de transmission des décisions d'un seul des partis participant à cette primaire." Estimant assez clairement que dans ces conditions, le caractère "loyal et transparent" du scrutin n'est pas assuré, Bruno Le Maire pousse donc la Haute autorité à s'imposer :

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Ce mode de fontionnement ne saurait rassurer les candidats et n'est pas à même d'installer les fondements d'une élection loyale et transparente. Il m'apparaît donc urgent, à la lumière de cet incident, que la Haute autorité de la primaire assume de manière autonome les décisions d'organisation qui relèvent de sa seule compétence et qui sont la vraie assurance de la probité de ce suffrage.



Tous les candidats à cette primaire, et moi le premier, se sont engagés dans cette compétition confiants dans son organisation et rassurés par le fait que cette élection serait organisée de manière indépendante sous la protection de la Haute autorité.

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Même tonalité du côté du camp Juppé, où Aurore Bergé (en charge de la campagne numérique) a ironisé sur Twitter : "Je ne savais pas qu'on avait laissé l'organisation des primaires [sic] au parti..."

# Team parti

Alors forcément, tout le monde n'est pas d'accord avec cette analyse. Éric Woerth, par exemple, fait partie de ceux qui, à l'inverse, demandent à la Haute autorité de rester sagement dans son coin. Cité par la journaliste d'Europe 1 Aurélie Herbemont, celui qui est secrétaire général de LR et chargé du projet du parti (et soutien de Nicolas Sarkozy), contre-attaque :

 

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La Haute autorité doit prendre des décisions qui la concernent. Il ne faut pas qu'elle se mêle des décisions du bureau politique.

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Rappelons toutefois que si la Haute autorité a rendu un avis sur le sujet, c'est qu'elle a été saisie par divers candidats après la décision polémique du bureau politique (Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire et Hervé Mariton, selon nos informations).

# Que dit la Haute autorité ?

Il s'agit donc d'un débat purement politique, chacun tentant de faire porter la responsabilité de la polémique sur le voisin. Mais que dit la Haute autorité elle-même ? Sur le site officiel de la primaire, elle est définie ainsi :

 

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Strictement indépendante de tous les partis politiques, elle supervise l’organisation de la primaire. Elle définit le cadre d’organisation du scrutin, veille à sa régularité et à l’égalité entre les candidats. Elle examine les réclamations et proclame les résultats.

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Ce qui semble assez clair. Cependant, la Haute autorité a donc décidé de faire avaliser la charte de la primaire par le parti. Au Lab, un membre de cette instance expliquait ce mercredi :

 

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On assure l'organisation, on contrôle ce qui relève de la commission d'organisation de la primaire, mais on ne définit pas la charte.

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Et la même source de préciser que si LR devait à nouveau se prononcer en faveur du vote papier pour les Français de l'étranger, la Haute autorité s'y plierait et organiserait le scrutin dans ces conditions... Et la réponse ne devrait pas tarder puisque la commission d'organisation de la primaire, présidée par Thierry Solère, a fait savoir en fin d'après-midi que le sujet serait réexaminé au prochain bureau politique



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