Le premier gouvernement Philippe a tout juste une semaine, mais déjà une bonne petite polémique sur le dos quant aux pratiques de l'un de ses membres. Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires, se voit en effet épinglé par Le Canard Enchaîné, mercredi 24 mai, pour une affaire immobilière qui lui vaut la toute première demande de démission du quinquennat. Mais pas seulement.
Le palmipède révèle également, au passage, que ce macroniste de la première heure a, en tant que député PS du Finistère, employé son fils Émile comme assistant parlementaire "durant quelques mois" en 2014. Le tout pour une somme de 8.704 euros brut. Ce qui est tout à fait légal mais, toute proportion gardée, n'est pas sans rappeler la fracassante et toute fraîche affaire des emplois familiaux de François Fillon. Un double affichage *assez moyen* pour l'exécutif, alors qu'Emmanuel Macron a fait de la moralisation de la vie publique un enjeu majeur de son quinquennat.
Auprès de franceinfo, le cabinet de Richard Ferrand confirme que le jeune homme a travaillé pour son père du 13 janvier au 16 mai 2014, mais dément tout emploi fictif. Et d'expliquer : "Richard Ferrand avait plein de boulot à faire à sa permanence, des choses qu’il n'avait pas eu le temps de faire, comme développer sa lettre de député. Il a demandé à son fils de l’aider à une période où ce dernier n'avait pas de travail."
Le site d'information mentionne également des échanges d'e-mails entre Émile Ferrand et l'équipe de collaborateurs en circonscription de son père, qui "semblent attester" que le jeune assistant de 23 ans s'était "occupé de rédiger la lettre d'information bimestrielle du député, de mettre à jour son blog ou son compte Facebook ou même de réserver des trains". Et c'est pour justifier son emploi pour ces tâches spécifiques que le cabinet dégaine un argument surprenant :
"Je vous invite à aller faire un tour en Centre-Bretagne. Ce n’est pas simple de trouver un jeune, volontaire, pour travailler cinq mois, qui sait lire et écrire correctement, aller sur internet.
"
Les habitants de la région, et plus particulièrement les jeunes, apprécieront sûrement. Rappelons tout de même qu'il s'agit-là de la terre d'élection de Richard Ferrand, qui se présente aux législatives au mois de juin et qui est accessoirement, rappelons-le, chargé de la Cohésion des territoires au sein du gouvernement. Une réponse qui nous fait aussi penser à ce grand moment d'Hervé Morin qui, en pleine campagne des régionales, avait qualifié l'Orne, département où il était candidat, de "trou du cul du monde".
[EDIT 20h23]Richard Ferrand a évoqué mercredi des regrets concernant l'embauche de son fils quelques mois en tant que collaborateur parlementaire. "Si c'était à refaire, je ne le referais pas", a-t-il expliqué mercredi au micro de franceinfo :
"Mon fils était disponible. Il vient me donner un coup de mois pendant trois ou quatre mois sur un mandat de cinq ans. Très honnêtement, il faut en faire beaucoup, je trouve, pour mettre en scène les choses comme ça. Mais cela étant, et compte tenu des événements douloureux qui ont lieu ces derniers mois, si c'était à refaire, je ne le referais pas. Je vois bien qu'aujourd'hui [...] il y a un rejet total de l'idée qu'un parlementaire puisse embaucher l'un de ses proches.
"
[EDIT 17h50] Auprès d'Europe 1, la conseillère presse de Richard Ferrand indique que ce dernier "condamne ces propos", qualifiant la chose de "petit couac" :
"Personne d'habilité à parler à la presse n'a tenu ces propos. Je ne sais pas d'où sort cette phrase. Le ministre condamne ces propos, il pense tout l'inverse. Il est élu de ce territoire depuis des dizaines d'années. C'est un petit couac.
"
Dans un communiqué publié sur son site , Richard Ferrand promet de "vérifier l’exactitude de la citation". Et de prendre des "sanctions" si les mots ont bien été prononcés :
"Je m’attache personnellement à vérifier l’exactitude de la citation. Si un membre de mon équipe a effectivement employé de tels mots, des sanctions seront prises immédiatement. Je vis en Centre Bretagne depuis vingt ans, j’en suis fier, et j’y suis profondément attaché, tant au territoire qu’à ses habitant.e.s.
"
Mais ça n'a pas empêché certains responsables politiques de s'indigner de ces mots employés par un collaborateur de Richard Ferrand. C'est le cas du numéro 2 du FN Florian Philippot qui dresse un parallèle avec les propos polémiques d'Emmanuel Macron, alors tout récent ministre de l'Économie, sur les "illettrés" de Gad.
Richard Ferrand veut-il singer son maître sur les "illettrés" ?...La démission va s'imposer après de tels propos. pic.twitter.com/paGZuIhAnC
— Florian Philippot (@f_philippot) 24 mai 2017