Législatives partielles : à l’Assemblée, la majorité absolue du PS en péril

Publié à 13h30, le 29 mai 2013 , Modifié à 13h33, le 29 mai 2013

Législatives partielles : à l’Assemblée, la majorité absolue du PS en péril
Bruno Le Roux au milieu du groupe PS dans l'hémicycle. (Maxppp)

De 297 en juin 2012 à 292, voire 291 en juin 2013. D’ici quelques semaines, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale pourrait ne conserver sa majorité absolue que de deux sièges.

Mais jusqu’ici, tout va bien. Fort de sa nette victoire aux élections législatives de juin 2012, le Parti socialiste dispose encore d’une courte majorité absolue. Une majorité remise en cause avec les dernières élections législatives partielles ainsi que les cas spécifiques de Jérôme Cahuzac et Sylvie Andrieux.

A cela s’ajoutent la première réelle dissidence du partenaire écologiste sur la loi sur l’enseignement supérieur et l’opposition régulière des élus du Front de gauche. Une situation qui pose question quant à l’unité et la fiabilité de la majorité gouvernementale à la chambre basse. Un casse-tête pour le PS, une aubaine pour l’opposition.

 

  1. Les épines Cahuzac et Andrieux dans le pied du groupe PS

    >> Des partielles délicates

    Après le premier tour de deux élections législatives partielles où l’UMP s’est placée en tête, Christian Jacob pouvait jubiler. "On en a gagné cinq sur cinq jusqu’à présent", s’est félicité le président du groupe UMP au Palais Bourbon qui ajoute que "trois fois sur sept, le PS a été éliminé au premier tour". Et ce, avant le double résultat des partielles d’Amérique du Nord et d’Europe du Sud. Deux circonscriptions aujourd’hui promises à l’UMP. 

    Résultat, avec une éventuelle nouvelle double-défaite, le groupe socialiste se retrouverait avec 292 membres (ou 293 selon l’évolution de la situation de Sylvie Andrieux). Soit seulement trois sièges de plus que la ligne de flottaison de la majorité absolue dans l’hémicycle établie à 289 députés. 

    Sur France Info, mardi 28 mai, Harlem Désir concédait la difficulté de la tâche qui attend son parti, aux responsabilités depuis un an :

    Nous allons nous battre dans chacune de ces circonscriptions jusqu'au second tour pour conserver nos sièges et conserver notre majorité absolue à l'Assemblée.

    Maigre consolation, le groupe SRC a gagné un membre cette semaine en la personne de Napole Polutélé. Elu avec le soutien de l’UMP en mars, le député de Wallis-et-Futuna a rejoint les rangs socialistes. Et même voté favorablement au texte sur l’enseignement supérieur.

    >> Les cas Andrieux et Cahuzac

    Au-delà de ces deux partielles, la majorité socialiste de l’Assemblée pourrait bientôt être à nouveau mise à mal. Le groupe PS, présidé par Bruno Le Roux, risque de perdre encore des plumes suite à deux affaires judiciaires.

    Il y a d’abord le cas Cahuzac. Après sa démission du gouvernement et de son siège de député, l’ancien ministre du Budget a provoqué une législative partielle dans sa circonscription du Lot-et-Garonne. Une élection qui s’annonce difficile pour le nouveau candidat socialiste investi, potentiellement affaibli par l’onde de choc provoquée par cette affaire.

    Et puis il y a le cas Andrieux. Cette députée apparenté PS, condamnée à un an de prison ferme mais qui a fait appel, devrait être rapidement "mise en congé" du groupe socialiste, comme l’a annoncé Thierry Mandon, l’un des porte-parole du groupe. Avant une éventuelle condamnation définitive qui pourrait lui faire perdre son siège, l’élue des Bouches-du-Rhône devrait rapidement se retrouver dans les rangs des non-inscrits. Et faire perdre ainsi un membre au groupe socialiste.

    Toutefois, tant qu’elle siège dans l’hémicycle, Sylvie Andrieux ne devrait pas se désolidariser de ses futurs ex-collègues et devrait voter les textes du gouvernement pour ne pas faire défaut numériquement à sa famille politique.

    Traduit sur le plan numérique, la défection de ces deux circonscriptions signifierait, comme l’écrit l’Opinion ce mercredi :

    Ils partirent 297 en juin 2012, et ne seront plus, selon toute vraisemblance, que... 291 le mois prochain.

    >> La dissidence des Verts

    Dans Le Pouvoir, le documentaire de Patrick Rotman, François Hollande montrait son désir d’avoir cette primordiale majorité absolue. Rien qu’avec les députés PS. Symbolique, car en l’absence de majorité absolue, le gouvernement devrait compter sur l’appoint de voix des autres formations de gauche pour faire adopter ses textes. 

    Un vrai casse-tête pour la majorité. Au sens large. Ainsi, mardi 28 mai, en s’opposant au projet de loi Fioraso sur l’enseignement supérieur, les écologistes ont démontré l’isolement du PS sur plusieurs textes. Et comme le groupe des députés Front de gauche n’appartient pas à la majorité, selon les dires de plusieurs ministres, la tâche se complique encore.

    Les écologistes quant à eux ont, ce mardi, dénoncé cette volonté farouche du PS d’avoir la majorité à elle seule. Une manière de tenter de peser au sein d’un gouvernement dont ils désapprouvent aujourd’hui une partie de la ligne économique. 

    >> Le non-cumul des mandats

    Enfin, dernière étape d’une remise en cause de la majorité absolue du PS : les municipales. Adopté par les militants du parti de la rue de Solférino, le non-cumul strict des mandats va poser la question des investitures de ceux qui cumulent députation et mairie. Car si la loi ne s’appliquera qu’en 2017, de nombreux élus socialistes pourraient opter pour leur hôtel de Ville et décider de délaisser, sous la pression des militants, dès 2014 leur siège de député. Le groupe PS aurait alors encore plus de soucis à se faire quant à sa majorité.

     

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