Martine Aubry n'est vraiment pas contente, ce vendredi 13 juin. L'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter, sans débat parlementaire, la controversée loi El Khomri, a profondément choqué la maire PS de Lille. Mais plutôt que de râler toute seule dans son coin, l'ancienne première secrétaire du Paris socialiste a voulu partager sa colère avec militants socialistes du Nord.
Dans une lettre que s'est procurée l'AFP, Martine Aubry explique qu'il était possible, selon elle, de parvenir à un "accord collectif pendant le débat à l'Assemblée". La maire de Lille avance comme arguments les amendements déposés par certains parlementaires, pour prévoir, par exemple, "de rétablir la hiérarchie des normes". Elle ajoute :
"Le choix d'utiliser l'article 49-3 n'est pas, dans ce contexte, acceptable. Il prive le Parlement du nécessaire débat démocratique auquel les Français avaient droit.
"
Soit. Mais alors pourquoi ne pas avoir ne pas avoir signé la motion de censure contre le gouvernement portées par des frondeurs du PS, les communistes et des écologistes ? Martine Aubry a une excuse :
"Elle [la motion de censure] n'aurait pas empêché l'adoption de la loi, chacun le sait. En revanche, elle aurait renforcé la droite et, surtout, elle aurait sans doute provoqué une scission de notre parti.
"
Au final, il aura manqué deux petites voix pour que la gauche puisse présenter une motion de censure contre le gouvernement Valls.
Jeudi 12 mars, François Lamy, proche de Martine Aubry, avait déjà expliqué dans Le Figaro que, selon lui, la motion de censure est une posture". "Nous ne voulions pas rajouter de la division à la division", ajoutait-il.
Autre proche de Martine Aubry, Jean-Marc Germain avait lui aussi considéré sur iTÉLÉ que le 49.3 est "un archaïsme de la 5e République". "En même temps, la colère est mauvaise conseillère et j’ai raisonné. Il faut voter avec sa tête et pas avec ses tripes. La censure, c’est un sabre de bois", disait-il en revanche pour justifier le fait de ne pas signer la motion de censure .
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