Pour Manuel Valls, les propos de Christian Estrosi sur les gens du voyage sont "l'émanation du triste discours de Grenoble" de Nicolas Sarkozy

Publié à 10h59, le 09 juillet 2013 , Modifié à 11h44, le 09 juillet 2013

Pour Manuel Valls, les propos de Christian Estrosi sur les gens du voyage sont "l'émanation  du triste discours de Grenoble" de Nicolas Sarkozy
Manuel Valls, en visite en Gironde, le 30 mai 2013 (Photo Maxppp)

Pour le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, pas de doute, Christian Estrosi ressuscite le controversé discours de Grenoble prononcé, le 30 juillet 2010, par... Nicolas Sarkozy. Le député-maire de Nice s'était montré provocateur, dimanche 7 juillet, promettant de "mater" les gens du voyage.
Manuel Valls a assené au micro de France Inter, ce mardi 9 juillet :

Ces propos sont l'émanation du triste discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble, où il y avait eu un mélange, un amalgame entre l'immigration, la délinquance, les gens du voyage qui, je le rappelle encore, sont pour la plupart français, les Roms.
Dans les débats publics, il y a les incendiaires comme Christian Estrosi et il y a ceux qui exercent des responsabilités, qui ont un discours de responsabilité. J'étais maire, moi pendant onze ans, et je sais que ce sont des sujets difficiles. J'ai eu parfois des terrains qui ont été envahis par des gens du voyage.

Seul hic, tous les élus locaux n'appliquent pas la loi Besson qui, depuis le 5 juillet 2000, impose à chaque commune de plus de 5.000 habitants d'aménager une aire d'accueil pour les gens du voyage.

Dans les Alpes-Maritimes, chez monsieur Estrosi, il n'y avait dimanche soir plus aucune occupation illégale de terrain à Nice. Mais dans les Alpes-Maritimes, il y a seulement quatre communes de plus de 4.000 habitants -dont Nice c'est vrai- sur 28 qui remplissent leurs obligations et disposent d'une aire d'accueil. Donc, il faut que les responsables politiques et les élus assument pleinement leurs responsabilités.

L'ancien maire d'Evry ne condamne pas le fond, accordant que ces gens du voyage auraient du s'arrêter sur l'aire prévue à cet effet, mais la forme. Il dénonce une surenchère, après que Jean-Marie le Pen a qualifié la présence des Roms à Nice d'"odorante" et d'"urticante".

C'est pas en s'en prenant à ces gens-là, c'est pas en les stigmatisant, c'est pas en tenant un discours qui vise tout simplement à courir derrière monsieur Le Pen. Pourquoi Christian Estrosi  tient ses déclarations ? Parce que deux jours avant Jean-Marie Le Pen a tenu des propos scandaleux, nauséabonds sur les Roms. Et c'est dans cette course à celui qui en fait le plus, en stigmatisant les gens du voyage, qu'on crée un climat qui est malsain dans notre pays. Le rôle d'un ministre, le rôle d'un responsable politique, le rôle d'un élu, surtout quand il a été ancien ministre comme Christian Estrosi, c'est faire preuve de responsabilité et d'apaiser la société.

Le ministre de l'Intérieur souligne que la France traverse une "crise de confiance à l'égard de la parole publique". Aussi épingle-t-il Christian Estrosi, qui s'il respecte la décision du Conseil constitutionnel invalidant les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, a jugé néanmoins la sanction disproportionnée. Pour lui, c'est simple, "on ne commente pas" la décision de la plus haute juridiction du pays.

Comment voulez-vous faire respecter la loi quand il y a une occupation illicite d'un terrain, quand les plus hautes autorités de ce pays ou les anciennes autorités de ce pays mettent en cause le Conseil Constitutionnel ? Non, il faut respecter, le Conseil constitutionnel et sa décision, qui s'applique à tous et qui est juste.

Manuel Valls s'inscrit dans la droite ligne des déclarations du gouvernement –François Hollande avait demandé à respecter la décision du Conseil constitutionnel-, contrairement à Michel Sapin qui s’est montré plus virulent à l’égard de Nicolas Sarkozy, jugeant qu’il a "fraudé" en dépassant « sciemment » le plafond de ses comptes de campagne.

Par Jérémy Gabert

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