SEXISTE ET RÉDUCTEUR – Elle a beau être ministre de l'Écologie et numéro 3 du gouvernement de Manuel Valls, Ségolène Royal n'en reste pas moins une femme. Et est donc sujette à des comportements sexistes, même de la part de l'un des plus éminents quotidiens du monde.
Ce mercredi 28 juillet, l'ancienne candidate à l'élection présidentielle de 2007 est interrogée par le New York Times . Et, très normalement, le prestigieux quotidien américain classe cet entretien dans la rubrique… "Fashion & Style" (mode et style). Au même niveau, donc, qu'un article sur Yves Saint-Laurent, un papier sur Caitlyn Jenner ou une enquête sur l'adultère.
Voilà pour la forme. Sur le fond, le New York Times s'intéresse au poids politique de Ségolène Royal, "une sorte de vice-présidente, pas encore une première dame" titre le quotidien, en référence à une récente une de L'Obs sur la ministre, appelée "la vice-présidente".
Après deux trois commentaires sur Valérie Trierweiler et Julie Gayet et un parallèle sur la vie sentimentale de Victor Hugo, le journal évoque la place évidemment à part de l'ancienne compagne de François Hollande au sein du gouvernement. Ce qui permet à cette dernière de lancer des blagounettes toutes hollandaises sur son destin. Elle dit :
"Non, je ne suis pas la première dame ! Je ne suis pas non plus la reine de France, même si mon nom est Royal.
"
On en vient naturellement à parler de son ambition présidentielle, ce qui est tout de même un peu surprenant dans une rubrique "Fashion & Style". Mais passons. Comme Valérie Pécresse , Ségolène Royal refuse d'être comparée à Hillary Clinton, arguant que cette dernière est entrée en politique "parce que son mari était en politique". Elle ajoute :
"Non, j'ai ma propre identité politique depuis le début. Je me sens plus proche d'Al Gore dans son combat pour sauver la planète.
"
Une référence à l'ancien vice-président américain, lui aussi battu dans la course à la présidence, en 2000 pour sa part et face à un certain George W. Bush.
Quant à sa propre ambition, Ségolène Royal assure encore ne pas vouloir se présenter à l'élection présidentielle. "Maintenant, peut-être que vous n'allez pas écrire d'article", dit-elle au New York Times avant de déclarer dans un rire : "On verra. Si votre article est excellent, peut-être que je changerai d'avis."
Fin de l'entretien. Et avec effroi, on s'aperçoit que la ministre de l'Écologie n'a donné aucun conseil beauté ni recommandé la moindre crème de nuit. C'est ballot.
[Edit 31 août]
Interrogée sur le plateau de C à vous, le 31 août, sur le classement de cet article la concernant dans la rubrique Fashion & Style, Ségolène Royal a voulu minimiser l'aspect sexiste de ce choix éditorial. "C'est à l'américaine, il faut prendre les choses comme elles viennent", dit-elle après avoir quand même lancé :
"Ce n'était pas ce qui était prévu d'ailleurs.
"
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