C'EST VRAIMENT TROP INJUSTE - Du côté du Front national, on ne comprend vraiment pas ce qui peut tant choquer dans la publication, par Marine Le Pen, de photos d'exécutions perpétrées par Daech . Surtout quand on voit la *violence* des attaques lancées contre le parti d'extrême droite.
Depuis mercredi 16 décembre, les élus FN se succèdent pour expliquer que relayer des images de propagande, que diffuser des photos de décapitation, c'est quand même moins grave que de comparer un parti politique à une organisation terroriste. C'est exactement ce que font Florian Philippot et Wallerand de Saint Just ce vendredi matin.
Sur France 2, le vice-président du FN assume la provocation. "Il fallait probablement frapper les consciences" dit-il sur France 2, justifiant la diffusion d'exactions par le fait que Marine Le Pen "doit défendre ses électeurs". Florian Philippot ajoute :
"Je pense que derrière cette affaire-là, il n'y a pas 7 millions d'électeurs français qui ont été gravement insultés. Il y a aussi cette idée-même de patriotisme. Parce que moi je sens bien ce qui va arriver : 'ah vous défendez une France souveraine, une France libre, une France patriote. Tout cela nous rappelle le repli identitaire du djihad. Et vous défendez une France qui veut promouvoir sa spécificité, son identité nationale, sa souveraineté nationale face à l'Union européenne ? Mais Daech ne fait pas autre chose, avec ses méthodes, ses manières.' Non, ce n'est pas acceptable.
"
Voilà. Du coup, pour Florian Philippot, il faut plutôt s'indigner des attaques lancées contre le Front national que de la diffusion, par la présidente d'un parti politique, de photos de Daech.
Et c'est exactement ce que répète, quelques minutes plus tard sur France Info Wallerand de Saint Just. Pour lui, Marine Le Pen a eu bien raison de diffuser ces photos . "Nous sommes dans ce cas-là dans une situation de légitime défense. Marine Le Pen ne peut pas laisser insulter de cette façon-là ses adhérents, ses électeurs et, ses sympathisants. Sa réponse est parfaitement proportionnée à la violence de l'attaque", affirme le trésorier du FN.
Sauf que, comme le lui fait remarquer le journaliste de France Info Guy Birenbaum, il n'y a pas eu de comparaison faite entre le FN et Daech mais une étude faite par le politologue Gilles Kepel sur "un double phénomène de rejet de la société".
Fabienne Sintes se fait plus précise. "La réalité de cet échange [entre Jean-Jacques Bourdin et Gilles Kepel, ndlr], c'est de parler du repli identitaire qu'on trouve effectivement chez les électeurs du Front national et chez certains tentés par le djihad côté Daech, ce qui n'a rien à voir avec comparer Daech avec le Front national", ajoute-t-elle.
Apparemment, l'argument n'a pas été entendu par Wallerand de Saint Just qui, quelques instants plus tard, répète :
"Voilà. On est en train de réduire la violence des attaques. Il y a un des journalistes qui parle de 'communauté d'esprits' entre le Front national et Daech. […] Nous ne pouvons pas être confrontés à cette violence dans le cadre de ces émissions de grand public de la part de journalistes très connus. Quand on est confrontés à ça, nous sommes dans un état de légitime défense et la riposte est proportionnée à l'attaque.
"
Sauf que, comme l'a fait remarquer Fabienne Sintes, l'échange entre Jean-Jacques Bourdin et Gilles Kepel n'avait pas pour but de comparer Daech et le Front national. Le politologue avait bien mis en garde contre tout amalgame. "Ce sont deux phénomènes qui participent de la même 'congruence', comme on dit en sociologie - même si ce n'est bien sûr pas la même chose. Dans les deux cas, cela illustre une société dans laquelle l'inclusion est de plus en plus faible", avait-il expliqué.
Jean-Jacques Bourdin, avait quant a lui déclaré :
"Je voudrais revenir sur les liens entre Daech et le Front... enfin les liens, pas les liens directs, entre Daech et le Front national, mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté d'esprit. Parce que l'idée, pour Daech, c'est de pousser la société française au repli identitaire.
"
Voilà. Il ne s'agit donc pas de comparer Daech et le FN. Mais, dans sa stratégie de victimisation, le parti d'extrême droite veut bien interpréter comme il l'entend certains échanges. Cette méthode de Calimero "seul contre tous" a été fortement utilisée depuis le second tour des régionales qui ont vu le FN ne gagner aucune région après être arrivé en tête dans six d'entre elles au premier tour .