FRONDEURS PARTOUT - Comme prévu et au terme d'un débat qui (alerte euphémisme) n'a pas passionné les foules, l'Assemblée nationale n'a pas adopté la motion de censure du gouvernement déposée par le groupe Les Républicains, jeudi 18 juin, suite à l'utilisation de l'article 49-3 pour faire adopter la loi Macron sans vote. Là où la vraie surprise intervient, c'est que même dans les rangs de feu l'UMP, certains n'ont pas jugé utile d'apporter leur voix à cette censure. Pour être précis, ils sont 37.
On savait déjà que sur ce sujet, il y avait les "frondeurs" de l'UDI, qui avaient annoncé leur intention de ne pas voter la censure. On sait donc maintenant qu'il y en a aussi chez Les Républicains. 161 élus LR ont en effet voté "pour" la motion de censure, sur les 198 membres de leur groupe. L'analyse complète du scrutin est disponible sur le site de l'Assemblée nationale. En février, lors du vote sur la motion de censure après la première utilisation du 49-3 sur la loi Macron, les 198 députés UMP avaient pourtant voté comme un seul homme en faveur de la destitution du gouvernement.
Rappelons que s'ils avaient souhaité voter, même sans se rendre dans l'hémicycle, ces députés abstentionnistes avaient évidemment la possibilité de déléguer leur vote à leurs collègues. Comme le remarque un collaborateur parlementaire, ces délégations de vote sont en revanche limitées à une par député ; nombre d'entre eux étant absents, il n'y avait peut-être pas assez de présents pour "faire voter" tout le groupe...
@leLab_E1@EtienneBaldit euh les délégations st limitées à 1 par pers...Ils ont sans doute voulu déléguer mais pas assez de présents #18juin
— Elbrix (@elbrix) 18 Juin 2015
D'ailleurs, l'entourage de Christian Jacob explique au Scan que les célébrations de l'appel du 18 juin ont retenu "beaucoup de parlementaires" LR en circonscription, les empêchant ainsi de voter la censure :
"Christian Jacob avait adressé une demande pour que le vote sur la censure se tienne mardi prochain. Mais pour nous mettre des bâtons supplémentaires dans les roues, le gouvernement a choisi le 18 juin, à 18 heures, alors que beaucoup de nos parlementaires sont en circonscription pour les cérémonies.
"
Cependant, comme le rappelle Le Scan, "le délai de deux jours séparant le dépôt d'une motion de censure et son vote relève de la règle constitutionnelle, et non pas d'une malveillance gouvernementale".
À gauche, certains n'ont pas tardé à s'emparer de cette défection d'une partie des troupes d'opposition, à l'instar du député PS Richard Ferrand, rapporteur du texte porté par le ministre de l'Économie :
La droite n'est pas fichue de mobiliser ses député(e)s pour voter sa Motion de censure contre la #LoiMacron.Beaucoup de bruit pour rien.
— Richard Ferrand (@RichardFerrand) 18 Juin 2015
Considérée comme adoptée en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, la loi Macron va retourner au Sénat avant un dernier passage devant les députés. Où le même scénario devrait se répéter une troisième fois, Manuel Valls ayant confirmé être prêt à faire à nouveau usage du 49-3 à cette occasion.
[Edit 20h : ajout précisions sur les délégations et entourage de Jacob]