À Matignon, Jean-Pierre Raffarin "jouait au Sarkozy" tous les jours

Publié à 20h08, le 05 janvier 2015 , Modifié à 20h21, le 05 janvier 2015

À Matignon, Jean-Pierre Raffarin "jouait au Sarkozy" tous les jours
Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre et Nicolas Sarkozy, à l'époque président de l'UMP, en 2005 © DERRICK CEYRAC / AFP

À droite, Jean-Pierre Raffarin s'est souvent prévalu de pouvoir parler d'égal à égal avec Nicolas Sarkozy. Quitte à lui dire son fait, tout président ou (ex-président) qu'il soit. Ce privilège de l'ami fidèle, l'ancien Premier ministre l'exerce à nouveau dans un entretien-fleuve à la revue Charles, qui consacre son édition du 7 janvier à la geste chiraquienne. Le résultat ? Affuté.

Le début de leur histoire est d'abord celle d'une rivalité, rappelle Jean-Pierre Raffarin : la bataille pour le poste de Premier ministre après la réélection de Jacques Chirac en 2002. La promotion du sénateur de la Vienne au détriment de Nicolas Sarkozy lui aurait valu le ressentiment de ce dernier :

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Nicolas Sarkozy a toujours considéré que j'avais usurpé sa place à Matignon.

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Qu'importe, plus de dix ans après, Jean-Pierre Raffarin ne se prive pas de brandir son bâton de Maréchal à la figure de son adversaire défait :

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Jusqu'à maintenant, dans une élection toute particulière, je suis le seul qui en matière de pouvoir ait battu Sarkozy. Ce qu'il n'aime pas.

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Mauvais perdant, l'actuel patron de l'UMP ? Pas seulement. C'est aussi une grenade dégoupillée, dont le casque bleu Raffarin s'emploie à réfréner les ardeurs d'ado en butte à l'autorité de l’Élysée :

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Par exemple quand il voulait participer à une émission de télévision alors que le président parlait le lendemain (...). Parfois, il fallait aussi lui dire qu'il ne pouvait pas forcément avoir l'avion présidentiel.

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Un exercice éprouvant, que l'interviewé illustre d'une métaphore... surprenante :

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Il y en a qui font de la gymnastique, d'autres du rugby, moi je jouais au Sarkozy tous les jours. Une discipline à part entière.

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Un portrait peu flatteur donc, nuancé par quelques appréciations plus positives tout de même :

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Avec Nicolas Sarkozy, c'était sportif mais pas difficile : vous savez ce qu'il pense. Ce n'est pas quelqu'un de cachotier, c'est facile de prévoir ce qu'il pense, de travailler avec lui.

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Reste que la liberté de ton de Jean-Pierre Raffarin peut surprendre. Faut-il la mettre sur le compte de son allégeance réaffirmée à Alain Juppé ? Sur son blog début décembre, l'ex-locataire de Matignon assure qu'il n'a pas encore choisi son candidat pour 2017, mais la prise de distance avec Nicolas Sarkozy est marquée : "Nous n’avons ni les mêmes réflexes, ni les mêmes pratiques, ni les mêmes amis. C’est un Homme de droite, je reste centriste, libéral, européen". Les Sarkozystes pur jus y verront peut-être le signe d'une certaine aigreur de Jean-Pierre Raffarin, battu sèchement par Gérard Larcher pour la présidence du Sénat. Malgré (ou à cause ?) du soutien de Nicolas Sarkozy.

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