Il y a quelques semaines, Manuel Valls déclarait qu’il existait en France un "apartheid territorial, social et ethnique." Lundi 16 février sur RTL, c’est une nouvelle formule qu’a dégainée le Premier ministre en réaction aux attentats de Copenhague: "l’islamo-fascisme." Il a dit :
"La menace elle est là. La détermination du gouvernement est totale. Mais au delà de l'union nationale, il faut la détermination de tous les Français [...] pour combattre l'islamo-fascisme, puisque c'est ainsi qu'il faut le nommer.
"
Comme le relève Le Parisien, ce n'est pas la première fois que le Premier ministre emploie l'expression. En 2013, alors encore ministre de l'Intérieur , Manuel Valls avait déjà évoqué la montée d'un "fascisme islamique" en Tunisie après la mort de l'opposant démocrate Chokri Bélaïd, s'attirant de vives critiques côté tunisien. Cette fois, c'est le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale Christian Jacob qui passe aux reproches. Invité de RTL, le député de la Seine-et-Marne explique tout simplement :
"Moi je ne le dirais pas.
"
Et de se justifier :
"Je pense qu’il faut toujours être prudent avec l’utilisation des mots. Et M. Valls doit être bien placé pour le savoir lui qui parlait d’apartheid il y a quelques semaines. Là aussi, c’est une insulte à la République. Parler d’apartheid quand on est en France qu’est-ce que ça veut dire ? Ou encore il y a quelques mois il se tournait vers les bancs de la droite en disant "le terrorisme, c’est vous". Que M. Valls fasse attention aux mots qu’il utilise.
"
Deux attaques ciblées. L’utilisation du terme "d’apartheid" avait été directement critiquée par le président de l’UMP Nicolas Sarkozy sur le plateau du 20h de France 2, qui avait parlé de "faute". Quant au "retour du terrorisme, c’est vous", expression prononcé par un Manuel Valls encore ministre de l’Intérieur en novembre 2012, elle avait créé un tollé dans les rangs de l’UMP. Et le chef de file des députés UMP de s’interroger :
"Est-ce que c’est cela que l’on demande à un homme politique ? Est-ce que ce n’est pas plutôt de l’action plutôt que de chercher des mots de communicants?
"
Un conseil que Christian Jacob pourra sûrement transmettre, en qualité de président du groupe UMP, à Christian Estrosi. Le maire de Nice a, lui aussi, utilisé l’expression dimanche 15 février pour illustrer cette "troisième guerre mondiale dans laquelle nous sommes entrés" avec pour totalitarisme "l’islamo-fascisme".
Invité de Sud Radio, Marion Maréchal Le Pen s'est, elle, montrée plus réceptive à la formule:
"C’est un slogan politique. Mais il y a une forme de totalitarisme dans cette idéologie. L’idée qu’il y a derrière est juste, je comprends l’idée même si l’association est un peu bizarre. Il y a un totalitarisme islamique qu’il faut combattre.
"
L'ancien ministre délégué au développement, l'écologiste Pascal Canfin a, lui, souhaité prendre le contrepied de l'expression, en évoquant "l'islamo-démocratie":
"C’est embêtant ce type d’expression, parce que ça laisserait à penser que l’ensemble de l’islam aurait une tendance fasciste. Or, il y aussi l’islamo-démocratie, ce qu’on voit en Tunisie par exemple, c’est exactement le processus que l’on a vu dans nos pays chrétiens il y a plus d’un siècle, qui a donné lieu à ce qu’on a appelé la démocratie chrétienne.
"