Au sein de la classe politique française, il n'y a pas que la gauche qui se réjouit de voir Syriza remporter une large victoire lors des élections législatives anticipées de dimanche 25 janvier. Si Jean-Luc Mélenchon salue "un moment historique", les frondeurs du PS y voient un "espoir" pour le reste de l'Europe et l'appareil socialiste se félicite de "la victoire des forces de gauche", qui sont d'ailleurs selon certains plus proches de François Hollande que de Jean-Luc Mélenchon.
Mais le Front national aussi est satisfait de la victoire du parti de gauche radicale grec. Plusieurs de ses cadres ont ainsi expliqué en quoi cette élection résonnait à la fois au regard de leur critique du champ politique français mais surtout vis-à-vis de Bruxelles et de l'Europe. Le numéro 2 du parti, Florian Philippot, estime ainsi que ce scrutin est une "gifle pour la caste UMPS européiste" qui permettra d'aborder certains des thèmes de prédilection de son parti que sont la politique d'austérité menée en Europe, les décisions venues de Bruxelles ou encore l'Euro :
Gifle pour la caste UMPS européiste et belle espérance car les vrais débats vont pouvoir prospérer : sur l'austérité, l'euro, l'UE ! #Syriza
— Florian Philippot (@f_philippot) 25 Janvier 2015
On avait raison : signe que la victoire de Syriza est politiquement utile, on débat beaucoup dès ce soir des sujets européens essentiels !
— Florian Philippot (@f_philippot) 25 Janvier 2015
Même réflexion chez le secrétaire général du parti, Nicolas Bay, qui prend toutefois soin de préciser que le parti frontiste est "loin de partager le programme" du parti d'Alexis Tsipras :
Vent de révolte en Grèce contre la politique d'austérité imposée par Bruxelles. L'Union européenne, un fardeau pour les peuples. #Syriza
— Nicolas Bay (@nicolasbayfn) 25 Janvier 2015
Évidemment nous sommes loin de partager le programme de #Syriza mais ce vote est 1 cri d'alarme face aux diktats insupportables de Bruxelles
— Nicolas Bay (@nicolasbayfn) 25 Janvier 2015
Le président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, a lui estimé que cette victoire constituait "un désaveu de l'Union Européenne"qui va "dans le même sens que le combat que nous menons". À son sens, cette élection est "un élément de la bataille politique si l'Union européenne est mise en échec à Athènes". "Je ne suis pas sûr que le dirigeant de ce mouvement fasse ce qu'il promet, puisqu'il va être soumis à de fortes pressions", a-t-il toutefois nuancé.
La présidente du parti, Marine Le Pen, avait mardi dernier déclaré souhaiter "la victoire de Syriza", précisant : "Nous ne sommes pas d'accord avec tout leur programme, notamment sur le plan de l'immigration, mais nous nous réjouirons de leur victoire". Invité de RTL ce lundi, elle lance :
"Je me réjouis de la gifle démocratique monstrueuse que le peuple grec vient d'administrer à l'Union Européenne.
"
Elle estime que ce succès électoral "permet le débat". "Depuis hier soir, il faut bien dire que l'on débat de la politique d'austérité, avance-t-elle. Est-ce qu'on continue, est-ce qu'on arrête ? Je m'en réjouis. Je suis pour la liberté d'expression même pour ceux qui ne pensent pas comme moi, je suis aussi pour la démocratie, même pour ceux qui ne votent pas comme moi." Elle ajoute :
"Le débat de l'élection grecque, c'est la liberté. [...] C'est l'ouverture du procès de l'eurostérité.
"
Moins expansif, Louis Aliot, vice-président du FN et eurodéputé, se contente de tweeter un article du Point en apportant une précision personnelle dans le titre : "La gauche (l'extrême gauche) grecque et européenne en liesse à Athènes".
La gauche (l'extrême gauche) grecque et européenne en liesse à Athènes http://t.co/7CVGdWop1u
— Louis Aliot (@louis_aliot) 25 Janvier 2015
Il avait auparavant partagé le seul message du député RBM Gilbert Collard sur les élections grecques dimanche soir, en forme de boutade toute politique :
L' Europe, ce soir, va se faire voir chez les Grecs...
— Gilbert Collard ن (@GilbertCollard) 25 Janvier 2015
Cette proximité revendiquée du parti d'extrême droite français avec la formation d'Alexis Tsipras continue en tous cas de susciter des réactions virulentes en France. Et notamment à l'UMP. Le député Guillaume Larrivé juge ainsi que ce satisfecit frontiste revient pour Marine Le Pen à "réaffirmer sa ligne économique néo-communiste" :
En souhaitant la victoire du leader de la gauche extrême Syriza en Grèce, Mme Le Pen réaffirme sa ligne économique néo-communiste.
— Guillaume Larrivé (@GLarrive) 25 Janvier 2015
[Edit 8h07 : ajout déclarations Marine Le Pen sur RTL]