INSOUMISE - Elle ne nourrit pas de "déception personnelle" à l'égard de François Hollande. Mais elle s'apprête à publier un livre sur "la collusion avec les lobbys au sommet de l'État". Très critique sur la première moitié du quinquennat, en désaccord profond avec le président sur la politique économique, énergétique et environnementale, Delphine Batho définit son sentiment vis-à-vis du chef de l'État par ses mots : "une forme de rupture tranquille".
Voici ce que l'ancienne ministre de l'Écologie, virée sans ménagement pour avoir ouvertement critiqué les choix budgétaires, explique au Parisien Magazine, mercredi 8 octobre :
J'ai travaillé avec Hollande, mais je n'ai jamais été une de ses intimes. Donc je n'ai pas de déception personnelle. Je suis dans une forme de rupture tranquille.
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Mais son livre Insoumise (Éd. Grasset) à paraître mercredi prochain, ne répond pas à un besoin de "règlement de comptes personnel", affirme-t-elle. Delphine Batho n'en réserve pas moins de sévères critiques envers François Hollande, sa politique et sa gestion du pouvoir. Elle considère notamment que le chef de l'État n'est "pas en situation de faire un deuxième mandat" et plaide pour l'organisation d'une primaire à gauche pour la présidentielle de 2017.
Surtout, elle dénonce le poids des lobbies dans la décision politique. Et à son sens, ils ont "l'oreille" de la promotion Voltaire de l'ENA, dont sont notamment issus François Hollande, Ségolène Royal et Michel Sapin, comme elle l'explique au Parisien Magazine :
Que pèse le ministère de l'Écologie à côté de Bercy, de Matignon ou de l'Élysée ? Les bâtons que l’on nous met dans les roues sont rarement le fait du hasard. Les milieux industriels et financiers dont on perturbe les intérêts finissent toujours par trouver une oreille bienveillante auprès d’un conseiller de la promotion Voltaire.
En revanche, elle glisse un petit compliment à Manuel Valls, malgré les "désaccords profonds" qui les séparent, en particulier en matière de politique économique :
Au sein de sa génération, il est celui qui est le plus entré dans la vie politique moderne.
[Bonus Track] Montebourg aurait dû démissionner au moment de Florange
Pour Delphine Batho, Arnaud Montebourg n'a pas le sens du timing. Elle et Aurélie Filippetti l'auraient "suivi", dit-elle, s'il avait démissionné au moment de l'épisode de Florange, qui n'a pas été nationalisé du fait d'un accord passé entre le gouvernement et le groupe Mittal.
Il aurait été plus cohérent pour Arnaud, alors qu’il était ministre du Redressement productif, de tirer les enseignements de ce qui s’était passé à Florange. S’il avait quitté le gouvernement à ce moment-là, je l’aurais suivi ; Aurélie Filippetti aussi. Mais il a fait le pari de Pascal : il a voulu continuer à y croire alors qu’il n’y avait plus aucune raison. Je regrette son inconséquence. Etre limogé pour avoir voulu offrir au président "une cuvée du Redressement", ça n’a vraiment aucun sens.