Le timing est cocasse mais coïncide avec les délais officiels. C’est le jour où François Hollande fait sa cinquième grande conférence de presse élyséenne que Martine Aubry publie sa contribution au futur congrès du PS (travail préparatoire aux futures "motions"). Ainsi jeudi 5 février la maire de Lille a déposé son texte intitulé "Pour réussir" , dans lequel elle appelle "à bâtir une nouvelle social-démocratie du XXIe siècle".
Dans ce texte, Martine Aubry relance plusieurs débats qui bloquent depuis le début du quinquennat de François Hollande. Et notamment la grande réforme fiscale promise par le candidat Hollande dans ses 60 engagements de campagne et que Jean-Marc Ayrault a tenté, en vain , d’imposer. Une réforme fiscale également demandée à de multiples reprises par "les frondeurs" du Parti socialiste.
Ainsi la maire de Lille demande-t-elle la "grande réforme fiscale promise" consistant à la fusion de l'impôt sur le revenu avec la CSG. Elle réclame par ailleurs, ce que demandent les frondeurs, de "fixer par la loi des contreparties aux 41 milliards du CICE et du Pacte de Responsabilité" ou encore de "cibler les aides aux entreprises sur les marchés exposés à la concurrence".
Autre débat relancé par cette contribution : le droit de vote des étrangers, englobé dans une réflexion plus large sur les réformes institutionnelles. La finaliste de la primaire PS de 2011 suggère le "recours à un référendum en juin 2016" sur la réforme constitutionnelle, comprenant notamment "le droit de vote des étrangers mais aussi le service civique, la protection des ressources naturelles ou encore la lutte contre l'évasion fiscale". Introduire "une part de proportionnelle aux législatives" et "rendre obligatoire le fait d'aller voter" sous une forme à définir sont d'autres préconisations.
Enfin, après l’appel du pied de François Hollande aux écolos pendant sa conférence de presse, Martine Aubry souhaite aussi œuvrer au retour des verts dans la majorité gouvernementale. Déplorant que la majorité du 6 mai 2012 se soit appauvrie - "notre Parti (...) s'est affaibli et notre majorité rétrécie à l'épreuve du pouvoir" - l'ex-première secrétaire du PS appelle à "un nouveau contrat de majorité dès le lendemain des élections départementales, qui ré-élargisse notre socle politique vers nos partenaires de gauche et de l'écologie".
En clair, faire revenir les écologistes au gouvernement, a précisé à l'AFP le député Christian Paul, l'un des signataires de ce texte avec, a-t-il dit, François Lamy et Jean-Marc Germain, autres proches de Martine Aubry. Pour se faire, l’édile lilloise plaide pour "la sortie progressive du nucléaire sur la longue durée" et appelle François Hollande a "tenir nos promesses sur Fessenheim". Ce qui n’est pas gagné .