Sans surprise, le nouveau parti de Jean-Noël Guérini, "La Force du 13", ne suscite pas l'enthousiasme de tous les élus marseillais. Le sénateur et président du conseil général des Bouches-du-Rhône, qui a démissionné du PS en avril pour devancer son exclusion, tente un coup de force avec son association transformée en parti. Il entend bien triompher aux prochaines élections départementales, aux dépens du Parti socialiste. Et ça, son rival Patrick Mennucci ne l'accepte pas.
Auprès du Lab, ce dernier, candidat malheureux aux dernières municipales à Marseille, critique la "confusion complète" qu'induit cette nouvelle formation politique :
"On est dans ce que le localisme, l'égoïsme et la confusion des esprits peuvent créer de pire en politique.
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À son sens, le discours prononcé jeudi 13 novembre par Jean-Noël Guérini, dont il fut directeur de campagne pour les municipales de 2008, illustre "une ligne politique qui ne veut rien dire" :
"C'est un copier-coller du discours de l'UMP et du Front de Gauche dans sa partie la plus stérile - la frange mélenchoniste - sans oublier les questions de sécurité pour le Front national.
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Jeudi, Jean-Noël Guérini a vanté "un parti de citoyens pour les citoyens, ni à gauche, ni à droite ni au centre, un parti qui place les hommes et les femmes au cœur de son action." "Nous avancerons sans être otage de la fédération d’un parti qui ne peut plus décider tout seul et va chercher des autorisations de dialogue à Paris", a-t-il encore lancé avant de tancer François Hollande :
"Le président n’a pas enfilé le costume de sa fonction. Le changement promis c’est l’absence de changement. C’est l’inversion de la courbe du chômage sans cesse reportée à plus tard.
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Vent debout contre la métropole Aix-Marseille Provence, il veut "redonner du sens et du contenu à l’organisation de nos territoires".
"Le discours se limite à dire que François Hollande n'a pas tenu ses engagements et qu'il faut moins d'impôts", grince Patrick Mennucci. Et d'accuser l'insubmersible Guérini (mis en examen pour association de malfaiteurs, il risque également une condamnation pour licenciement abusif) de vouloir la mort de son ancienne famille politique :
"Il veut liquider le PS des Bouches-du-Rhône avec quelques cibles comme moi ou Samia Ghali [réélue sénatrice fin septembre, ndlr], tout en restant conseiller général.
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Mais Patrick Mennucci qualifie de "vue de l'esprit" l'éventuelle prise de pouvoir de "La Force du 13". Le PS local est pourtant en mauvaise posture après des municipales et des sénatoriales très compliquées. 22 conseillers généraux socialistes se sont ainsi prononcés en faveur d'une alliance avec la formation de Jean-Noël Guérini pour les départementales de 2015, contre la consigne express de la rue de Solférino. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait en effet appelé les représentants locaux du parti à ne pas conclure d'accord avec "La Force du 13".
Une attitude qui conduirait, selon Jean-Noël Guérini cité par Le Figaro, à "la défaite du plus grand nombre".