La majorité absolue du groupe PS à l'Assemblée nationale est déjà menacée par l'élection législative partielle qui, les 1er et 8 février, devra désigner le successeur de Pierre Moscovici. Une élection à haut risque pour le PS. Mais la perte de la majorité absolue (289 députés, soit exactement l'effectif PS actuel) pourrait même advenir plus tôt que cela pour les socialistes : deux élus de la rue de Solférino songent en effet à quitter les rangs au Palais Bourbon.
Jean-Pierre Maggi, d'abord. Selon Le Point du 1er janvier, le député des Bouches-du-Rhône a signifié par courrier à Claude Bartolone, président de l'Assemblée, "son intention de quitter le groupe PS". Dénonçant le "mépris" du président du groupe Bruno Le Roux envers les "députés de base", il envisage de se rattacher au groupe RRDP (radicaux de gauche).
"Les stratèges de l'Élysée ont tenté de rattraper Maggi par les bretelles, mais rien n'y a fait", poursuit l'hebdomadaire, qui affirme : "Le groupe PS comptera, prochainement, un 'godillot' de moins". Comme le rappelle Le Scan, Jean-Pierre Maggi n'est pourtant pas un frondeur : dressant son "bilan de l'année 2014" le 9 décembre, il estimait "essentiel que nous soyons rassemblés derrière [le] gouvernement, la situation du pays l'exige".
Philippe Noguès, lui, est moins déterminé. Auprès du Parisien lundi 2 janvier, le député du Morbihan menace tout de même de plier bagages. Il est le député socialiste qui a le moins soutenu les textes du gouvernement, avec 31,57% de votes pour, selon les calculs du quotidien. "Je me reconnais de moins en moins dans les propositions faites par le gouvernement, explique-t-il. J'ai un désaccord de fond sur la politique économique".
Il n'est par ailleurs "absolument pas d'accord avec le pacte de responsabilité" et "absolument opposé à la loi Macron [...]. En l'état du texte aujourd'hui, je vote contre". Des fractures idéologiques qui alimentent sa réflexion sur un départ des bancs socialistes :
"Je me pose la question de quitter le groupe... Je pense qu'il reste encore une toute petite chance d'infléchir la ligne politique. Quand j'aurai totalement perdu ce mini-espoir, j'en tirerai les conséquences.
"
Si la perte de la majorité absolue n'est pas un obstacle insurmontable, les équilibres politiques de l'Assemblée n'étant pas pour autant chamboulés, le gouvernement se passerait bien d'un handicap supplémentaire au Palais Bourbon : aucun de ses textes n'a jusqu'ici été rejeté, mais les frondeurs ont régulièrement semé le trouble, ce à quoi il faut ajouter la liberté des élus écologistes. Jusqu'à l'adoption de textes budgétaires à de très petites majorités, rendant chaque voix favorable plus précieuse.