"MON CHER VLADIMIR" - "On est en train de créer, par une série de maladresses de part et d’autre, un climat d’affrontement entre l’Europe et la Russie qui est inquiétant." S’il ne croit ni à un retour de la Guerre froide, ni à un risque de guerre à cause de l’Ukraine, François Fillon profite d’une interview à Sud-Ouest, ce jeudi 6 mars, pour délivrer à François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Laurent Fabius une petite leçon de realpolitik sur la manière de discuter, diplomatiquement, avec Vladimir Poutine.
Pour l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Hollande "cherche le bon ton". Et le député UMP de Paris de délivrer ses conseils :
Le gouvernement et sa majorité ont tendance à considérer que le Président Poutine n’est pas fréquentable alors que la géopolitique commande de discuter avec lui. Un peu plus de psychologie à l’égard des Russes de la part des dirigeants européens permettrait d’aplanir nombre de difficultés.
La seule à maîtriser, selon lui, la situation diplomatique tendue autour de l’Ukraine est la Chancelière allemande. Une critique en creux de la position tenue jusque-là par la France.
"Pour moi, le principal espoir dans cette crise vient des européens, et notamment de Madame Merkel, affirme-t-il. Elle tient un discours à la fois ferme sur les principes et réaliste qui peut déboucher sur des solutions concrètes."
Et de rappeler comment lui et Nicolas Sarkozy avaient géré la crise géorgienne, face à la Russie. "En 2008, en Géorgie, Nicolas Sarkozy avait réussi à les convaincre de renoncer à la force", insiste-t-il, ajoutant que "les Américains devraient être plus prudents".
Quant aux critiques sur son "Mon cher Vladimir", ainsi qu’il avait parlé au président russe lorsqu’il avait critiqué ouvertement la politique française lors de la crise syrienne, à l’occasion du Forum de Valdai – une sortie qui avait "irrité" François Hollande -, François Fillon se défend. Et minimise :
Et d’ajouter :
« Les discussions sont toujours dures avec lui, mais il écoute et respecte les engagements pris. »
C’est une formule d’usage dans les relations internationales. Nos relations sont franches et anciennes. Il se trouve qu’il a été, comme Premier ministre de Russie, mon interlocuteur pendant quatre ans. Nous avons travaillé ensemble et négocié beaucoup d’accords favorables à nos deux pays.