LE CONSULTANT - La majorité socialiste essuie encore la polémique sur une éventuelle réforme de l'assurance chômage, née d'une interview du ministre de l'Économie Emmanuel Macron dans le JDD. Après Jean-Christophe Cambadélis et pas moins de trois ministres dimanche, c'était au tour de Bruno Le Roux de déminer le terrain, lundi 13 octobre : "Ce n'est pas à l'agenda du gouvernement", a affirmé le chef de file des députés PS sur Europe 1, renvoyant donc la question à une négociation entre partenaires sociaux.
Une communication compliquée, qui donne des idées à Jean-Vincent Placé. Invité de LCI lundi, le patron des sénateurs écologistes a commencé par rappeler une autre polémique, celle du contrôle des chômeurs lancée par le ministre du Travail François Rebsamen, qui avait "d'ailleurs été plus stigmatisant qu'Emmanuel Macron" à son sens. Le sénateur de l'Essonne ne "comprend pas très bien" ces "ministres qui lancent des débats" :
Ce que je ne comprends pas très, très, très bien c'est : est-ce qu'on peut avoir des ministres qui bossent, qui appliquent une ligne et qui s'y tiennent ? Parce que déjà il y a assez de confusion, pas seulement dans la politique du gouvernement mais de façon plus générale dans le pays, les Français sont plutôt inquiets et on a maintenant des ministres qui lancent des débats.
Et Jean-Vincent Placé de distiller ses "conseils de managériat (sic) au gouvernement" :
Ce que je vais proposer, c'est que maintenant il n'y a plus personne qui parle. Moi ma ligne elle est très simple, c'est que les partenaires sociaux se sont réunis il y a trois mois, ils ont passé un accord pour deux ans. Donc je ne comprends pas très bien pourquoi on remet ça sur le tapis, mais à la limite pourquoi pas ? Si le gouvernement, le Premier ministre a envie de changer quoi que soit, premièrement il demande aux partenaires sociaux de rediscuter, ça c'est une action simple. À un moment il faut que les gens arrêtent de commenter, il faut que les gens agissent.
Donc c'est simple, moi je vais donner des conseils de managériat au gouvernement : si vous avez un sujet qui vous intéresse, vous vous réunissez avec les services, avec les partenaires sociaux, les représentants des entreprises et ils prennent une décision !
Le sénateur EELV n'est pas opposé à une renégociation de l'assurance chômage dans l'absolu, mais en l'occurrence, la manière dont l'exécutif gère ce dossier ne lui convient pas :
Emmanuel Macron est ministre de l'Économie. Si dans l'interview il dit : 'Voilà où le gouvernement va aller et j'ai décidé que, sous l'autorité du président de la République et du Premier ministre', ça, ça me va. Après on fait le petit débat si on veut, c'est bien naturel.
[...] Là, on parle de rien en réalité, on parle d'un gars qui a fait une déclaration, disant : 'Ça serait pas mal d'ouvrir le débat'. Mais il ne va rien faire, c'est ça le problème : il ne va rien se passer. [...] François Hollande... Personne ne fera rien dans cette affaire. C'est même assez dramatique que celui qui a la parole officielle, ce soit le premier secrétaire du Parti socialiste hier.
Peu après l'interview de Jean-Vincent Placé, l'Élysée a fait savoir qu'il n'y aurait pas de négociation dans l'immédiat : "S'agissant de l'assurance chômage, il y a bien un problème de déficit, mais la négociation sur le sujet viendra le moment venu, pas immédiatement", a-t-on expliqué auprès de l'AFP.
[Bonus Track] Cécile Duflot : "Bercy, le lieu où s'éteint l'inventivité et où le contraire du progrès apparaît moderne"
Cécile Duflot, pour sa part, s'est montrée beaucoup plus critique sur le fond du dossier. Elle a manifesté son opposition à cette éventuelle renégociation ce lundi, par un tweet assassin envers Emmanuel Macron agrémenté d'une photo de Bercy, siège du ministère de l'Économie :
Il y a donc un lieu dans ce pays où s'éteint l'inventivité et où le contraire du progrès apparaît moderne... pic.twitter.com/pzSHmZaolL
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 13 Octobre 2014