Alain Vidalies cite Chevènement : "Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne"

Publié à 10h09, le 21 avril 2013 , Modifié à 10h14, le 21 avril 2013

Alain Vidalies cite Chevènement : "Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne"
Alain Vidaliès à la sortie du Conseil des ministres, en avril 2013. (Christophe Morin/MaxPPP)

FILEZ DOUX - Alain Vidaliès, minsitre chargé des Relations avec le Parlement, se pose en défenseur de la politique gouvernementale... Face aux critiques émises dans l'équipe même de Jean-Marc Ayrault.

Dans une interview accordée dimanche au Parisien, il donne un conseil pour le moins musclé aux ministres qui ne seraient pas raccords avec la ligne du Premier ministre, son ministre de tutelle.

Début avril, trois membres du gouvernement s'étaient publiquement démarqués de la ligne politique conduite par Jean-Marc Ayrault et François Hollande. Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Cécile Duflot avaient successivement émis des réserves sur la politique d'austérité en Europe.

Arnaud Montebourg avait ouvert le bal dans une interview au Monde, où il affirmait que cette politique européenne "conduit à la débâcle". Benoît Hamon, puis Cécile Duflot avaient emboité le pas au ministre du Redressement productif, le premier assurant à cette occasion que "les échanges existent au gouvernement".

Une prise de distance qui avait conduit François Hollande à prononcer, lors de son allocution présentant ses mesures sur l'exemplarité à la suite de l'affaire Cahuzac, une précision en forme de recadrage :

La politique que je conduis depuis 11 mois, c'est celle du redressement financier et productif du pays. Le sérieux budgétaire, ce n'est pas l'austérité. L'austérité, c'est la baisse des salaires et des prestations, c'est la récession, le chômage à 20%.

Dans son interview au Parisien, le ministre chargé des Relations avec le Parlement se montre beaucoup moins diplomate que le Président de la République. Interrogé sur l'affaiblissement supposé dont la contestation des trois ministres serait un symptôme, il répond :

La seule bonne formule en la matière, c'est celle de Chevènement : un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne.

Pour ce coup de semonce adressé à Arnaud Montebourg, Cécile Duflot et Benoît Hamon, Alain Vidalies emprunte à l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, actuellement sénateur-maire de Belfort.

En mars 1983, il avait rendu son portefeuille de ministre (d'Etat) de la Recherche et de la Technologie, pour protester contre "la parenthèse libérale" adoptée par le gouvernement de Pierre Mauroy. C'est à cette occasion qu'il lance cette phrase, devenue célèbre : "Un ministre, ça ferme sa gueule ; si ça veut l'ouvrir, ça démissionne".

De son côté, Alain Vidalies va même un peu plus loin en affirmant :

Dans un gouvernement, il n'y a qu'une seule politique.

Si cet appel au consensus peut sembler un peu catégorique, Alain Vidalies ne fait que rappeler, en substance, la charte de déontologie qu'ont signé les ministres au moment de recevoir leur portefeuille :

Chaque membre du gouvernement a le droit de s’exprimer dans le respect de la confidentialité qui s’attache aux délibérations du gouvernement sur tout sujet, y compris les sujets extérieurs à ses attributions.

(...)

L’expression, directe ou indirecte, de désaccords ne peut qu’affaiblir le gouvernement et susciter le scepticisme des citoyens à l’égard de la crédibilité de l’action politique

La charte de déontologie des ministres en intégralité :

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