Anticor ouvre sa charte au FN puisque le "parti a suffisamment changé" avec "l’exclusion de Jean-Marie Le Pen"

Publié à 10h37, le 07 octobre 2015 , Modifié à 16h21, le 07 octobre 2015

Anticor ouvre sa charte au FN puisque le "parti a suffisamment changé" avec "l’exclusion de Jean-Marie Le Pen"

Les temps changent. Et, selon les mots du président d’Anticor Jean-Christophe Picard, "les digues ont sauté" entre le FN et la droite républicaine. Alors qu’avant les élections municipales de 2014, l’association anticorruption estimait que "faire signer sa charte éthique aux candidats FN ne serait pas une bonne chose" , le prisme a changé. Avant chaque élection, Anticor propose aux candidats de s’engager sur leur charte éthique dont le point le plus important est le non-cumul des mandats. Pour mettre en avant cette charte, les candidats doivent la cosigner avec l’association qui "s’autorise à ne pas cosigner" (voir le suivi des signataires ).

Dans un mail qu’a pu consulté le Lab, le président d’Anticor explique que le Conseil d’administration de l’association a décidé de ne plus exclure les candidats FN aux régionales (cela ne concerne que les têtes de liste) des signataires de leur charte éthique. Sous condition que le candidat en question respecte un stricte non-cumul des mandats. Jean-Christophe Picard écrit :

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Le CA a considéré qu’il n’était pas possible d’écarter une tête de liste signataire au seul motif qu’elle appartiendrait au FN.

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Et d’ajouter que cette évolution est justifiée par l’exclusion de Jean-Marie Le Pen du FN :

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Le CA a notamment considéré que ce parti avait suffisamment changé, comme en témoigne la récente exclusion de Jean-Marie Le Pen.

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Contacté par le Lab, Jean-Christophe Picard explicite ce changement de pied par rapport au parti d’extrême droite, évoquant sans le dire la dernière polémique autour de Nadine Morano et ses propos sur la France, "pays de race blanche" :

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Notre position est simple : on ne peut pas faire comme si ce parti n'avait pas évolué. L’exclusion de Jean-Marie Le Pen montre des progrès. Surtout, on entend maintenant dans d'autres partis des propos bien pires. Il faut arrêter de penser qu’il n’y a qu’au FN qu’il y a des propos excessifs. Il faut arrêter de diaboliser le FN. C’est une stratégie qui n’est pas efficace et qui n’a jamais marché.

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"On verra s'ils peuvent, ou veulent, signer notre charte éthique. Et s’ils la respectent", poursuit le président qui note déjà "qu’ils étaient contre le cumul des mandats mais ils l’ont fait et ont maintenant des sénateurs-maires". Et de poursuivre :

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Ils ne sont pas aussi sincères qu’ils le disent. Ce sera l’occasion de confronter leurs propos à la réalité du pouvoir.

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Banaliser le parti frontiste serait ainsi une manière "de le confronter à la réalité". Et Jean-Christophe Picard de souligner qu’une ligne sur le respect "des valeurs républicaines" a été ajoutée dans la charte et que l’association se réserve la possibilité de ne pas accepter les signatures de candidats frontistes ou non qui seraient, selon eux, hors champ républicain. Tout comme ils n’accepteraient pas de cosigner la charte avec "Robert Ménard ou Nadine Morano". 

En 2012, l’association avait écrit à tous les candidats à l’élection présidentielle sauf Marine Le Pen. Le FN l’avait mal pris et récupéré à son compte, publiant alors un communiqué intitulé "Anti-corruption ou alibi du système ?" . 

 

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