ALLEZ VIENS - Cécile Duflot le martèle : il ne sert pas à grand chose d'avoir des écolos (ou tout du moins des ministres sensibles à la cause) au gouvernement si le Président et le Premier-ministre eux-mêmes ne sont pas engagés à 100% sur les dossiers environnementaux. Car malgré toute la bonne volonté du monde, les individus n'ont qu'un impact mineur s'ils ne gagnent pas les arbitrages essentiels, ceux que seul(e) un(e) chef(fe) de l'État vert dans l'âme est à même de rendre.
Et l'ancienne patronne d'EELV en veut pour preuve le nouvel épisode de l'affrontement entre Ségolène Royal et Manuel Valls sur les "boues rouges". La ministre de l'Environnement a récemment répété que c'était uniquement de la faute du Premier ministre si l'autorisation de déverser ces effluents très polluants au large de Cassis (Bouches-du-Rhône) avait été maintenue. Cécile Duflot se sert même de cet exemple pour... appeler la numéro 3 du gouvernement, ex-candidate du PS à la présidentielle, à "soutenir" le futur vainqueur de la primaire organisée par EELV. Sur France Info mardi 6 septembre, la députée écolo de Paris a ainsi déclaré :
"Je pense qu'il faut que les écologistes prennent le chemin de la majorité et d'une vraie République écologiste. Parce que tout à l'heure vous montriez Ségolène Royal, mais si elle avait une Présidente écologiste, elle aurait pas besoin d'aller sur France 3 pour dire qu'on l'avait désavouée.
Donc je souhaite que Ségolène Royal soutienne la candidature écologiste. Elle peut me soutenir, ça sera avec plaisir.
"
"La candidature écologiste", de préférence la sienne, donc. Une petite phrase au ton volontiers trollesque, puisqu'il n'y a vraisemblablement aucune chance de voir Ségolène Royal s'engager pour une autre personnalité que le candidat de son parti à la prochaine présidentielle (même si elle apprécie beaucoup Emmanuel Macron). Et puis il est finalement assez cocasse de la part de Cécile Duflot de solliciter ainsi le soutien d'une membre éminente d'un gouvernement dont elle dézingue le bilan, notamment écologique, à tout bout de champ...
Dimanche 4 septembre, la députée écolo avait déjà évoqué cet épisode des boues rouges, estimant que le cas Royal "démontre que quand vous êtes ministre et quand vous n’avez pas un cap écologiste, vous êtes coincée". "On peut pas mener une politique écologiste avec un Premier ministre et un Président qui ne veulent pas donner ce cap à la France, et donc il faut une présidente écologiste", avait ajouté Cécile Duflot.
Dans un reportage de Thalassa diffusé en fin de semaine dernière, Ségolène Royal était interrogée sur la question des boues rouges et avait accusé Manuel Valls : "Le jour où (ces rejets seront) interdits, on dira : 'Mais comment ça a pu exister, comment même a-t-on pu autoriser ça et renouveler cette autorisation ?' C'est inadmissible. Il est Premier ministre, il a décidé le contraire de ce que dit sa ministre de l'Environnement, donc voilà. Dont acte. Je ne peux pas donner un contre-ordre, mais en revanche, mon rôle c'est de dire que je ne suis pas d'accord." Une nouvelle pièce dans la machine, puisqu'elle avait déjà formulé cette attaque en décembre 2015.
Ce lundi, Manuel Valls s'est fendu communiqué officiel pour répondre à sa ministre, l'appelant "à la maîtrise de l’expression sur ces sujets". Une façon de lui intimer l'ordre, poliment mais fermement et publiquement, d'arrêter avec ces histoires. Connaissant la liberté de ton de Ségolène Royal (voir ici, ici ou là), on est en droit de penser que ce chapitre de son opposition au Premier ministre n'est pas clos pour autant...