Le multiplex politique du 4 septembre, avec Montebourg, Macron, Duflot, Touraine, Baroin et Estrosi

Publié à 11h46, le 04 septembre 2016 , Modifié à 21h03, le 04 septembre 2016

Le multiplex politique du 4 septembre, avec Montebourg, Macron, Duflot, Touraine, Baroin et Estrosi
© Montage Le Lab via AFP

#MULTIPLEXPOLITIQUE - C’est dimanche, et comme chaque dimanche, c’est le jour de notre multiplex politique. Tout au long de la journée et des interviews politiques dominicales, le Lab se plie en quatre (voire beaucoup plus) pour vous proposer ses morceaux choisis de ces rendez-vous.

Au programme de ce 4 septembre : Arnaud Montebourg dans BFM Politique (BFMTV / Le Parisien), Emmanuel Macron dans Questions Politiques (France Inter / France Info / Le Monde), Cécile Duflot dans Dimanche en politique (France 3), Marisol Touraine au Grand Jury (RTL/Le Figaro/LCI), François Baroin dans 13h15 le dimanche (France 2) et Christian Estrosi dans 18h politique (iTélé).

  • Arnaud Montebourg


# Vrai reconnaît vrai

Deux ans après son départ fracassant du gouvernement, Arnaud Montebourg se présente comme candidat de la gauche de la gauche et anti-Hollande même si on ne sait pas trop s'il ira à la primaire. Emmanuel macron, quant à lui, n'est *pas exactement* sur la même ligne politique, et on attend qu'il officialise sa candidature (ou non, on ne sait jamais). Comme, en plus, les deux hommes se sont succédé à Bercy au poste de ministre de l'Économie, il n'est pas inutile de demander au chantre du Made in France ce qu'il pense de celui qui prône le "et de droite et de gauche". 

Eh bien c'est loin d'être totalement négatif :

 

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J'apprécie le courage de cet homme. J'apprécie le courage de cet homme. Il a le mérite d'avoir des idées, qui ne sont pas tout à fait les miennes. Il a aussi le mérite d'y tenir, ce qui est rare en politique, et de dire : 'Je ne suis pas d'accord, je m'en vais'. Il faut juste qu'il exprime ses désaccords [avec François Hollande], parce que je ne les ai pas compris... pour l'instant !

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Il est vrai que jusqu'ici, Emmanuel macron s'est borné à un début de critique assez feutré. Ce dimanche, dans Le JDD, le récent démissionnaire du gouvernement flingue quand même un exécutif socialiste qui a "malheureusement" fait "beaucoup de choses à moitié". Les vrais boulets ne devraient donc plus trop tarder. Avec ce "courage" que lui reconnaît Arnaud Montebourg. Ce dernier ajoute cependant que lui a "bien sûr" toujours sa carte au PS, contrairement à Macron qui se revendique simplement "de gauche"

  • Emmanuel Macron


# Racisme politique

Emmanuel Macron n’est pas un apparatchik. Avant d’entrer au gouvernement, il a exercé les métiers d’inspecteur des finances puis de banquier d’affaires. Il est entré au gouvernement, d’abord comme secrétaire général adjoint de l’Élysée, puis comme ministre de l’Économie, sans jamais avoir exercé un mandat. À l’entendre, on lui a bien fait sentir qu'il était différent des autres. Emmanuel Macron va jusqu’à affirmer qu’il s’agit là de "racisme politique" :

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Je n’ai jamais dit que j’étais ni de gauche ni de droite. On a voulu m’enfermer là-dedans parce que ça arrangeait beaucoup, parce qu’il y a un racisme politique. Quand vous arrivez hors du champ politique, que vous venez de la société civile, on vous dit que vous n’êtes pas du club. J’ai beaucoup de respect pour Michel Jobert, mais enfin la caricature a été celle-ci. Je suis de cette gauche du réel. Ma filiation politique, c’est Mendès-France, c’est Michel Rocard. Nous n’avons pas le même parcours avec Manuel Valls, précisément parce que lui a toujours vécu au sein du Parti socialiste, a une carrière politique. Ma grande différence c’est que je suis passé par la société civile. Je n’ai pas le même parcours et donc plus de libertés par rapport aux appareils.

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Emmanuel Macron affirme donc encore une fois qu’il est de gauche (tandis que son mouvement "En Marche !" est "et de droite, et de gauche" ), et égratigne au passage Manuel Valls, avec qui il s’est disputé la modernité pendant deux ans au gouvernement.

# La gêne est totale

En quelques mois, Emmanuel Macron a fait deux fois la une de Paris Match, et fait cette semaine celle de VSD. Ce dimanche 4 septembre, l’ancien ministre de l’Économie a assuré qu’il n’y était pour rien et exprimé une forme de "gêne" :

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- Emmanuel Macron : Je ne me suis pas imposé dans la presse people. Je ne fais pas les unes de la presse people ; la presse people fait des unes sur moi.



- France Inter : Ça vous gêne ? Là c’est trop ?



- Emmanuel Macron : Oui ça me gêne parce que là c’est trop. En France, comme avec l’argent, on a un rapport traumatique à la vie privée. J’ai décidé de ne pas cacher ma vie privée. Pourquoi ? Parce que oui je pars en vacances avec ma femme parce que je l’aime parce que ma famille est importante et parce que c’est le socle de ma vie. Donc je ne vais pas le cacher. Je vais pas le mettre de côté, ça serait insincère. Mais je ne vais pas en vacances pour poser dans les magazines people. Ça me gêne, parce que ma démarche est politique.

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Rappelons tout de même qu’Emmanuel Macron s’exprime dans le fameux numéro de Paris Match avec le nudiste à Biarritz, et que ces photos ne sont pas volées.

# Pourquoi pas mais peut-être je ne sais pas

Comme pour la remise en cause des 35 heures ou l’ISF, Emmanuel Macron a livré ce dimanche une réponse alambiquée sur la question de la légalisation du cannabis. Est-il pour ? Est-il contre ? L’ex-locataire de Bercy ne veut pas trop se mouiller et donne une réponse "provisoire" :

 

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Aujourd’hui, le cannabis pose un problème de sécurité, de lien avec la délinquance dans les quartiers difficiles, de financement de réseaux occultes. Et donc on voit bien que la légalisation du cannabis a des intérêts de ce point de vue et a une forme d’efficacité. Et on voit bien que de ce point de vue, le sujet est ouvert et doit être considéré.



De l’autre côté, j’entends et je suis aujourd’hui pas en situation c’est un sujet que je veux travailler. Je ne suis pas contre, si cette réponse provisoire peut être la mienne aujourd’hui. J’entends les préoccupations de santé publique qui sont émises par ailleurs. Je souhaite qu’on puisse ouvrir ce sujet, qu’on puisse l’aborder de manière méthodique dans les semaines qui viennent. Je ne suis pas contre pour un principe d’efficacité et de justice, au fond.

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Notons que la réponse "je ne suis pas contre", même provisoire, est sous forme de double négation. On n'en saura donc pas plus.

  • François Baroin


# Sein nu pour tous

Manuel Valls a provoqué un certain remous en déclarant la chose suivante pour s'opposer au voile et au burkini, le 29 août lors d'un meeting gouvernemental : "Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu, parce qu'elle nourrit le peuple. Elle n'est pas voilée, parce qu'elle est libre. C'est ça, la République !" Grandement critiqué par certains, le Premier ministre avait surtout été corrigé sur Twitter par une historienne, cette dernière expliquant en quoi ce tableau dépeint par le chef du gouvernement était *un peu* simpliste. Mais François Baroin, lui, approuve.

Celui qui devrait devenir Premier ministre en cas de victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle aurait même pu faire sienne cette phrase :

 

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[Cette phrase], j'aurais pu la prononcer. Je veux saluer le courage de Manuel Valls, d'ailleurs, face à une partie de sa majorité. Il a une constance.

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Et d'ajouter : "Ce qu'a dit Valls, je le partage, sur la dignité de la femme." Le sénateur et président de l'Association des maires de France a, par la même occasion, soutenu qu'il fallait une loi anti-burkini en France, comme on a légiféré contre la burqa ou les signes religieux à l'école.

# "Ordre naturel"

Marine Le Pen plane sur les sondages depuis des mois. À l'heure actuelle, il semble plus que probable que la présidente du FN se qualifie pour le second tour de la présidentielle de 2017. François Baroin, invité à dire s'il croit que cela arrivera, a cette réponse :

 

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J'espère que non, et  je fais de la politique pour inverser l'ordre des choses naturel [sic]. Un consensus se dégage mais ça n'est pas impossible d'avoir un match droite-gauche. 

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En creux, le lieutenant de Nicolas Sarkozy explique donc que le FN au second tour, ce serait un peu "l'ordre naturel des choses". Mais il est déterminé à l'enrayer, et fait même de ce combat contre l'extrême droite l'une des raisons de son engagement auprès de l'ancien chef de l'État, pourtant accusé de courir après le FN. "La ligne rouge, c'est tout rapprochement avec le FN", avait-il auparavant expliqué au sujet du positionnement de Nicolas Sarkozy.

  • Marisol Touraine


# Mais c'est populiste, ça

L'accusation avait déjà été portée par Manuel Valls, Jean-Marie Le Guen ou encore Anne Hidalgo, au mois de juillet. Emmanuel Macron, qui estime que sa démarche fait "peur au système" , serait "populiste". C'est ce même argument que ressort aujourd'hui Marisol Touraine. La ministre de la Santé est interrogée sur le cas de son collègue démissionnaire. Elle fait alors une digression sur l'Allemagne, où une élection régionale ce dimanche dans le fief d'Angela Merkel pourrait voir un succès de l'extrême droite (AfD), ainsi que sur les États-Unis et le candidat républicain Donald Trump qui "travaille les populismes".

Emmanuel Macron, qui veut "changer la politique" et dit avoir "touché du doigt les limites du système" politique actuel, participe-t-il de la même démarche ? Sa réponse :

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Mais au fond, les populismes se sont toujours dits anti-système.

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Relancée ensuite pour savoir si le leader d'"En Marche !" était donc "populiste", Marisol Touraine a cependant complètement botté en touche. 

# Je répète

Alors que Manuel Valls avait soutenu les maires ayant pris des arrêtés anti-burkini, Marisol Touraine et Najat Vallaud-Belkacem avaient affiché leurs divergences avec lui sur ce point. Ce dimanche, la ministre de la Santé persiste et signe. Et tant pis si, depuis, le Premier ministre en a remis une couche avec sa Marianne au "sein nu" et qui "n'est pas voilée", et considéré que la décision du Conseil d'État invalidant un arrêté anti-burkini "n'épuise pas le débat" sur ce maillot de bain qui a fait l'actualité de l'été.

Marisol Touraine réaffirme donc sa position :

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Je ne crois pas que le fait de porter un vêtement - quel que soit ce vêtement - sur une plage, que le fait de porter le voile, soit en soi un geste ou un acte anti-républicain. [Valls y voit une "revendication politique", ndlr]. Il y a en France des centaines de milliers, peut-être des millions de femmes françaises musulmanes qui ne portent pas le voile et ne souhaitent pas le porter, et ces mêmes femmes qui sont mal à l'aise, qui sont même malheureuses, parce qu'on montre du doigt leurs sœurs, leurs amies, leurs voisines qui, elles, souhaitent porter le voile.



Les femmes sont libres et la liberté des femmes, elle ne se fait pas ou elle ne passe pas à coups d'interdits. Ça n'est pas en interdisant qu'on fait progresser la liberté et ce n'est pas en interdisant qu'on fait progresser le rassemblement. Parce qu'aujourd'hui, ce dont notre pays a besoin, c'est d'apaisement et de rassemblement. De fermeté et de rassemblement. Au fond, l'enjeu pour nous c'est que les musulmans de France - femmes, hommes, musulmans de France, français, qui vivent dans notre pays - marquent fortement leur adhésion aux valeurs de la République. Ça n'est pas négociable. Et dans le même temps, la République, elle, doit reconnaître les musulmans de France comme des Français qui par ailleurs sont musulmans. La laïcité, ça n'a jamais voulu dire l'oubli des identités, la négation des identités.

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  • Cécile Duflot


# Boues rouges --> présidente écolo

Ségolène Royal est opposée aux rejets de boues rouges au large de Cassis , dans les Bouches-du-Rhône. Mais la ministre de l’Environnement n’a pas pu s’opposer à Manuel Valls. "Il est Premier ministre, il a décidé le contraire de ce que dit sa ministre de l'Environnement, donc voilà. Dont acte", a-t-elle déploré dans un reportage de Thalassa sur France 3. Ce dimanche, Cécile Duflot a fait de cette histoire un argument de campagne :

 

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- Cécile Duflot : [Ségolène Royal] démontre que quand vous êtes ministre et quand vous n’avez pas un cap écologiste, vous êtes coincée. Elle dit très clairement : 'C’est une mauvaise décision, cette pollution est scandaleuse, mais Manuel Valls a signé à ma place.' Elle montre bien la situation bloquée dans laquelle se trouve une ministre de l’écologie…



France 3 : Mais en attendant ya toujours les boues rouges...



- Cécile Duflot : Ah bah bien sûr, puisque c’est le Premier ministre qui gagne. C’est pour ça que je dis qu’il faut une présidente écologiste. Moi j’ai tiré une conclusion, c’est qu’on peut pas mener une politique écologiste avec un Premier ministre et un Président qui ne veulent pas donner ce cap à la France, et que donc il faut une présidente écologiste.

 

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CQFD.

  • Christian Estrosi


# 100 % sarkozyste

Souvenez-vous, c’était en décembre 2015. Christian Estrosi donnait cette interview inédite à Paris Match, dans laquelle il accusait Nicolas Sarkozy de faire le jeu du Front national et dénonçait le "ni-ni" alors prôné par le chef de LR pendant les élections régionales. Et puis finalement, le président de Paca est revenu à ses premières amours en annonçant son soutien à l’ex-chef de l’État pour la primaire. Il développe ce retournement de veste :

 

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Nous avons une relation extrêmement forte entre Nicolas Sarkozy et moi-même sur ce que nous pensons de la République, sur les valeurs de la France. Nous avons mené tant de combats, partagé tant de moments heureux et malheureux aussi. Nous n’avons jamais cessé de nous parler, je ne me suis jamais trompé. Depuis 2012 je n’ai fait aucun autre choix. Je suis devenu un homme libre puisqu’il n’y avait plus personne, même pas ma famille politique, pour me soutenir.

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Le voilà donc désormais à défendre la proposition de Nicolas Sarkozy d’interdire tout signe extérieur d’appartenance religieuse dans l’espace public, dans le cadre du débat estival sur le burkini. Tout comme le FN. En décembre, il disait "plus on va à droite, plus on fait monter le FN". Mais ça, c’était avant.

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