PAIX DES BRAVES ? - La question de la co-présidence du groupe EELV à l'Assemblée nationale semble en passe d'être réglée. D'après les informations du Lab, confirmant celles du Monde, Cécile Duflot a en effet été choisie par les députés de sa sensibilité, pour représenter le groupe en compagnie de Barbara Pompili. Un groupe agité comme le parti par les départs en série de certains de ses membres les plus visibles.
[Edit 13 octobre] La coprésidence Duflot/Pompili est mise en place mardi 13 octobre après un vote du groupe à l'unanimité. Sergio Coronado ne s'est pas prononcé :
Unanimité gpe #EELV pour la co-présidence Duflot-Pompili. Seul Coronado ne s'est pas prononcé, disant ne pas avoir eu le tps de lire le txt.
— Etienne Baldit (@EtienneBaldit) October 13, 2015
Première CP de Duflot en tant que co-présidente du groupe #EELV#DirectANpic.twitter.com/44X1gkmwrM
— Etienne Baldit (@EtienneBaldit) 13 Octobre 2015
Cette décision a été actée lors d'un déjeuner des députés hostiles à un rapprochement avec le gouvernement et le PS, mardi 6 octobre. Le nom de Cécile Duflot sera proposé aux tenants de l'autre ligne, lors d'une rencontre entre les négociateurs des deux bords mercredi - Jean-Louis Roumegas et Danielle Auroi d'un côté, François de Rugy et Barbara Pompili de l'autre.
François de Rugy quitterait donc la co-présidence au profit de l'ancienne ministre du Logement. Il s'agirait là d'un "compromis" nécessaire à la survie du groupe, explique le député Jean-Louis Roumegas au Lab. Le parlementaire, qui se situe sur la ligne défendue par Cécile Duflot, détaille :
"Il y aura demain une rencontre entre les négociateurs, qui visera à négocier ce compromis avec Cécile Duflot comme co-présidente. Eux choisiront entre Barbara Pompili et François de Rugy, mais ils ont déjà proposé que cette dernière reste en poste.
"
D'après l'entourage de l'ex-ministre, cité par un journaliste du Scan du Figaro, "Cécile Duflot n'avait pas envie [de prendre cette responsabilité], mais c'est Noël Mamère qui l'a poussée à remettre les mains dans le cambouis".
"Il faut clore ce feuilleton qui fait du mal à l'écologie", dit encore Jean-Louis Roumegas en référence à la fracture qui parcourt le groupe parlementaire. Mais il ne se fait pas de grandes illusions quant à la cohabitation qui s'annonce :
"Ce ne sera pas facile du tout à vivre, ça va demander du doigté et du respect. Mais on n'a pas le choix, ne serait-ce que numériquement - il faut 15 parlementaires pour constituer un groupe à l'Assemblée. Donc nous sommes condamnés à s'entendre.
"
Au Sénat, en revanche, les choses sont toujours aussi compliquées. La présidence du groupe, assurée jusqu'ici par Jean-Vincent Placé qui a lui aussi claqué la porte d'EELV, est toujours en jeu, comme l'expliquait Public Sénat lundi. "Faute d’accord sur le(s) nom(s) pour diriger leur groupe, les sénateurs écologistes ont décidé de repousser la décision dans deux semaines", écrivait en effet le site de la chaîne parlementaire.
[Edit 7 octobre] Deux femmes co-présidentes du groupe écolo à l'Assemblée ? Et la parité alors ? C'est ainsi qu'a ironisé l'élue PS de Paris et candidate aux régionales, Marie-Pierre de la Gontrie, sur Twitter :
@CecileDuflot tu deviendrais co-présidente du groupe AN avec @barbarapompili ? Ben et la parité alors ?
— mpdelagontrie (@mpdelagontrie) 6 Octobre 2015
[Edit 7 octobre, 15h10] D'après Jean-Louis Roumegas, la réunion des négociateurs de ce mercredi matin s'est "plutôt bien passée", les deux parties s'étant mis d'accord sur l'idée d'une co-présidence Duflot-Pompili ainsi que sur un "texte de fonctionnement" qui prévoit notamment un égal accès aux "moyens d'expression" du groupe à chacun, "en cas de désaccords". Le temps de parole ne devrait cependant pas être strictement divisé en deux, comme cela avait un temps été envisagé.
"Ce texte garantit à chacun de pouvoir s'exprimer sur le temps de parole dévolu au groupe", explique au Lab Jean-Louis Roumegas. Et ce dernier de commenter dans un sourire l'éventualité d'une co-présidence entièrement féminine : "On a convenu d'accepter cette entorse à la parité."
Le tout doit désormais être présenté en réunion de groupe EELV, mardi prochain à l'Assemblée, pour un vote des députés écolos.
[BONUS TRACK] "Détournement de procédure"
Contacté par Le Lab, le député PS Christophe Caresche estime cependant que cette co-présidence non-paritaire serait "contraire à l'esprit du réglement de l'Assemblée nationale". En 2012, il avait en effet été toléré que le groupe EELV ait deux chefs à sa tête, en contradiction avec ce que stipule l'article 19 alinéa 2 du réglement ("Les groupes se constituent en remettant à la Présidence une déclaration politique signée de leurs membres, accompagnée de la liste de ces membres et des députés apparentés et du nom du président du groupe"). Une entorse concédée au nom de la parité. Or, la nouvelle direction du groupe serait instaurée afin de régler un différend interne aux écolos, ce qui choque Christophe Caresche :
"Qu'on doive adapter les institutions aux problèmes internes des groupes, ça me choque. Les groupes gèrent leur sproblèmes de sorte à respecter les institutions. Là, ce serait un détournement de procédure et ce serait contraire à l'esprit du réglement.
"
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