Comment l'UMP réagit à la non mise en examen de Nicolas Sarkozy

Publié à 17h55, le 01 avril 2015 , Modifié à 19h48, le 01 avril 2015

Comment l'UMP réagit à la non mise en examen de Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy © PHILIPPE HUGUEN / AFP

Mercredi 1er avril, Nicolas Sarkozy n'a pas été mis en examen. Entendu par les juges du pôle financier de Paris dans le cadre de l'enquête sur ses pénalités de campagne 2012 payées par l'UMP (voir à la fin de l'article), le patron du parti d'opposition a été placé sous le statut de témoin assisté. Un statut intermédiaire entre ceux de simple témoin et de mis en examen. Et il n'en fallait pas plus à ses soutiens pour exploser de joie et moquer les Cassandre qui prédisaient à l'ancien Président une seconde mise en examen

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Trois arguments principaux reviennent dans leurs réactions : à leurs yeux, il s'agit d'abord d'une "nouvelle affaire" qui ne débouche pas sur de plus sérieux ennuis (référence au non-lieu dans l'affaire Bettencourt) ; ensuite, l'ancien chef de l'État est innocent de ce dont on l'accuse ; enfin, on a encore beaucoup écrit et parlé à ce sujet, pour "rien".

Pour rappel : d'après la définition de Vie-publique.fr, une personne peut être placée sous ce statut hybride de "témoin assisté" lorsqu'existent "des indices rendant vraisemblable qu’[elle] ait pu participer à la commission des infractions dont le juge est saisi", mais au sujet de laquelle la justice considère qu'il "n’est pas directement reproché la commission d’une infraction". Mais cela peut être amené à évoluer :

 

Le statut de témoin assisté n’est pas définitivement fixé pour toute la durée de la procédure d’instruction : si les indices existant à l’encontre d’un témoin assisté deviennent 'graves ou concordants', il sera mis en examen par le juge d’instruction.

Etre placé sous ce statut ne signifie donc pas être lavé de tout soupçon. Fin du rappel.

# Comment le défendent ses soutiens ?

Parmi les cadres de l'UMP à s'être exprimé sur ce sujet, on trouve notamment le porte-parole du parti, Sébastien Huyghe. Également député du Nord, celui-ci s'est attaché à démontrer que si Nicolas Sarkozy n'a pas été mis en examen, c'est parce qu'il n'a "rien à se reprocher", un point c'est tout :

Avant la bonne nouvelle, il avait considéré que "l'on s'acharne" sur Nicolas Sarkozy (sans préciser qui serait ce "on") et s'était interrogé sur l'avancement des "enquêtes" concernant les anciens ministres socialistes Jérôme Cahuzac et Kader Arif. Deux poids, deux mesures, en somme. 

L'ancienne députée et actuelle secrétaire nationale de l'UMP en charge de la famille Valérie Debord a développé peu pou prou le même message, estimant que "la montagne accouche d'une souris" et partageant les tweets de Sébastien Huyghe :

Reprenant un terme très chiraquien, le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a ironisé sur "une nouvelle affaire [car oui, il y en a quelques unes, ndlr] qui fait pschitt" et dénoncé lui aussi un "acharnement politique" (et non pas judiciaire, comme cela a également été avancé à de nombreuses reprises par les soutiens de Nicolas Sarkozy) :

Dans la même veine, mais moins catégorique, Thierry Mariani a d'abord rappelé que "Sarkozy est bien sûr un citoyen comme les autres". "Cela ressemble de plus en plus à un acharnement", a ensuite estimé l'ancien ministre des Transports et député représentant les Français de l'étranger (Europe de l'Est, Asie, Pacifique). Et d'ajouter : "Dont il sort à chaque fois innocent" :

"Encore une fois : beaucoup de bruit pour rien !", a pour sa part réagi Guillaume Larrivé, député de l'Yonne :

Ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne pour la présidence de l'UMP, Gérald Darmanin s'est simplement "réjoui" de cette issue heureuse, qui survient "contrairement à ce qui a été dit" :

La proche conseillère de Nicolas Sarkozy, pour sa part, s'est contentée de retweeter un certain nombre des messages sus-cités. Véronique Waché a ainsi partagé les propos de Sébastien Huyghe et Éric Ciotti.

# Pourquoi était-il entendu ?

Deux personnes ont déjà été mises en examen dans ce dossier : le prédécesseur de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP, Jean-François Copé, et l'ex-trésorière du parti, Catherine Wautrin, tous deux pour "abus de confiance". 

Le Conseil constitutionnel avait rejeté les comptes de campagne de l'ancien chef de l'État pour la dernière présidentielle, en raison d'un dépassement du plafond de dépenses autorisées (363.615 euros au-dessus du plafond de 22,5 millions d'euros). Privé du remboursement de plus de 10 millions d'euros, le parti d'opposition avait alors dû lancer le fameux "Sarkothon", faisant appel aux dons des militants pour renflouer ses caisses. 

L'ex-président de la République s'était également vu infliger des pénalités du même montant, qui avaient en réalité été prises en charge par l'UMP. Début décembre, celui qui était entre temps redevenu président de sa formation politique avait finalement remboursé cette somme de sa poche. Ce qui avait suscité l'interrogation de Jean-Christophe Cambadélis, notamment. 

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