Leurs deux discours se sont suivis quasiment à la minute près. Jean-François Copé était à Chateaurenard dans les Bouches-du-Rhône ce 26 août, quand François Fillon s'est installé à Saint Denis d'Orques dans la Sarthe. Le premier y a fait sa déclaration de candidature pour la tête de l'UMP, l'autre - déjà officiellement candidat - y a fait son entrée en campagne.
Alors, comment les deux concurrents se sont-ils démarqués dans ces discours consécutifs ? Style, rapport à Nicolas Sarkozy, référence à l'adversaire et succès médiatique : Le Lab vous propose une analyse comparée.
Style, héritage sarkozyste, attaques ad hominem ...
> Sur la forme, le discours devant 2000 partisans contre la réunion en plus petit comité
Jean-François Copé contre François Fillon, c'est d'abord ça : deux images bien différentes d'un candidat en tribune, seul, et d'un autre attablé, entouré de son équipe.
(Capture d'écran LCI)
(par @ludovic_marin)
Deux raisons logiques à cela : d'abord François Fillon est candidat officiel depuis deux mois. Cette réunion marquait donc une entrée en campagne officielle mais pas une déclaration de candidature, comme son rival. Pour Jean-François Copé, il s'agissait d'un moment clef dans sa vie politique : le "discours de sa vie".
Ensuite, le pied cassé de François Fillon l'oblige tout bêtement à rester assis. Un meeting debout n'était pas envisageable.
> Mais le style de la réunion ne diffère pas sur tous les points: les deux se veulent champêtres.
Aucun des deux candidats ne souhaite donner une image trop "parisienne", même si Jean-François Copé joue davantage sur son statut de maire de Meaux.
Dans le clan Copé, la tribune était donc aux couleurs locales :
Déclaration de JF Cope ça se prépare twitter.com/JulARNAUDmedia…
— Julien ARNAUD (@JulARNAUDmedia) Août 26, 2012
Et du côté de François Fillon, l'ambiance était assez franchouillarde :
#photo#politique 4 beaux cochons grillés pour le repas champêtre de l'#UMP avec #Fillon dans la #Sarthetwitter.com/ludovic_marin/…
— marin ludovic (@ludovic_marin) Août 26, 2012
> Sur le fond, comment renvendiquent-ils l'héritage sarkozyste ?
Comme nous vous l'expliquions ici, Nicolas Sarkozy est devenu un enjeu pour les deux concurrents. Une bonne raison à cela : la majorité des militants qui éliront leur prochain président apprécient l'ancien chef d'Etat. Deux stratégies se dessinent.
Jean-François Copé a décidé d'y aller à fond. Dans son discours de candidature, il y a du Nicolas Sarkozy partout :
Ma première pensée pour ce moment si important est pour Nicolas Sarkozy.
Je veux rendre hommage avec vous à celui qui a protégé les Français au cœur de la crise, qui a pris tant de coups, qui a été victime de tant d’injures et de calomnies, à celui qui a eu le courage de dire la vérité aux français. Il a pris tous les risques, y compris celui de l’impopularité. (...)
Je veux dire que, quelle que soit sa décision, je serai à ses côtés.
Chez François Fillon, l'exercice est plus délicat. Il revendique sa filiation et son statut d'ancien Premier ministre d'un gouvernement sarkozyste. Mais il veut en même temps se démarquer.
D'où une interview au Point dans laquelle il esquissait ses différences. Et, en même temps, un discours d'entrée en campagne dans lequel il met en avant ses liens avec Nicolas Sarkozy :
Toutes les critiques contre le bilan de Nicolas Sarkozy sont des critiques contre moi-même, puisque j'étais loyalement à ses côtés durant cinq ans.
Finalement, cette sorte de schizophrénie est bien résumée par son lieutenant Valérie Pécresse :
Le plus loyal à Nicolas Sarkozy, c'est François Fillon, mais maintenant il faut écrire une nouvelle page.
> Comment se positionnent-ils l'un par rapport à l'autre ?
Aucun des deux candidats n'a cité son principal adversaire, ce qui n'a pas empêché certaines piques de fuser, tout particulièrement sur la question de l'héritage sarkozyste justement.
C'est Jean-François Copé qui en a lancé le plus, arguant qu'il défendrait corps et âme "le bilan et la personnalité" de l'ancien président :
Comme vous, je n’arrive pas à comprendre ceux de sa famille politique à qui il a beaucoup donné et qui, une fois venu le jour de la défaite, le critiquent.
Il a également cherché à se démarquer en insistant sur son statut de maire de Meaux, "loin des beaux quartiers de la capitale", alors que François Fillon est député de Paris. Dans sa vision de l'élection, il s'est là encore positionné par rapport à l'autre candidat en refusant l'idée de "primaires avant l'heure". Des différences qu'il use régulièrement comme nous l'évoquions ici.
François Fillon, lui, n'a fait quasiment aucune référence à son concurrent, directement ou indirectement. L'ex-Premier ministre est revenu sur une seule chose : les attaques de la team Copé contre son interview au Point. Mais là encore, le "certains disent"était de rigueur :
Ces derniers jours, certains ont découvert qu’il y avait des différences entre Nicolas Sarkozy et moi. C’est vrai qu’il faut un téléscope pour voir que nous n’avons pas la même histoire, le même itinéraire, le même caractère et dire le contraire, c’est parler la langue de bois !
Ceux qui font ça, ça fait cinq ans qu’ils font ça. Qu’ils se réveillent en se disant il faut mettre un coin entre François Fillon et Nicolas Sarkozy.
> Finalement, qui a gagné la bataille médiatique des deux discours ?
Côté médias, l'entrée en lice de Jean-François Copé a davantage intéressé que l'entrée en campagne de François Fillon. Le discours du premier a été diffusé dans son intégralité sur les chaînes d'info en continu comme BFMTV, i>TELE et LCI mais aussi sur LCP.
Celui de François Fillon n'a pas eu les honneurs d'iTELE, a été victime d'un problème de connexion sur BFMTV et a été retransmis sur LCI ... mais a été coupé avant la fin.