Dans la cuisine du nouveau site internet de l’Elysée

Publié à 19h34, le 17 décembre 2012 , Modifié à 20h13, le 17 décembre 2012

Dans la cuisine du nouveau site internet de l’Elysée
Capture d'écran du nouveau site internet de l'Elysée

OPE COM’– Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le nouveau site internet ou presque, avec quelques heures d’avance. 

Lundi 17 décembre, dans l’après-midi, la cellule web de l’Elysée organisait une "preview" du futur nouveau site internet de l’Elysée, dont la mise en ligne est programmée à 22 heures, ce lundi, selon les informations du Lab. 

Voici quelques notes, plus des captures d’écran (pas très propres) prises lors de cet échange, qui oscillait entre conf’ de presse de preview "techno" et communication web.

  1. 50.000 euros de prestations, plus d’appli mobile, et Valérie Trierweiler en guest star

    C’est probablement l’un des lancements de site web les plus observés du petit paysage internet français : Elysee.fr, le site internet de la présidence de la République, fera peau neuve, ce lundi 17 décembre, normalement vers 22 heures.

    Le Lab vous propose un petit récit de la conférence de présentation "hands-on" du nouveau site internet de l’Elysée, organisée lundi 17 décembre, quelques heures avant sa sortie.

    >> L’ambiance

    La cellule web de l’Elysée jouait à domicile, en recevant une petite dizaine de journalistes, à la croisée des mondes politiques et nouvelles techno (Slate.fr, Télérama, l’AFP, La Tribune, et Le Lab, notamment), plus que de purs journalistes politiques.

    L’équipe n’a pas été victime de l’incontournable effet démo : un accès au site et une navigation à l’intérieur des pages, via la petite dizaine de tablettes mises à dispo des journalistes, permet de naviguer sur la version de développement du site, sur une URL sécurisée. Ca tourne, bien, et ça ne crashe pas.

    Côté Elysée, prennent tour à tour la parole Claudine Ripert-Landler, l’une des deux conseillères communication du chef de l’Etat, ainsi que Romain Pigenel et Frédéric Giudicelli, co-responsables de la cellule web de l’Elysée. Soient les yeux et les mains de François Hollande sur internet, on vous en a déjà parlé.

    >> Valérie Trierweiler

    Attention, #pointpeople. 

    Oui, Valérie Trierweiler est présente sur le site, comme elle l’avait d’ailleurs elle-même annoncé mi-novembre. Tout contenu relatif à la compagne du chef de l'Etat avait, en juin, disparu du site, comme Le Lab l’avait alors souligné. 

    On accède à une fiche la présentant via une petite vignette présente sur la homepage, qui, reprend exactement la même photo que celle qui illustre sa "chronique" dans Paris Match - un cliché signé Stéphane Ruet, d'ailleurs non crédité dans la version du site présentée à la presse, ce lundi après-midi.

    Là, on accède à une bio, ainsi qu’aux contenus associés à son nom. 

    Dans cette bio, elle est présentée comme journaliste, toujours en activité, et deux contenus sont, à date, associés à la compagne du chef de l’Etat : un album photo et un reportage photo, rendant compte de la réception, à l’Elysée, de son petit-déjeuner avec la Fédération Trisomie 21 (cf ci-dessus).

    >> La ligne

    Les contenus présents sur le site ont une "vocation d’information" définie comme  "complète" et "transparente", d’exhaustivité, de "reflet d’une réalité", martèle la com’ de l’Elysée, qui tente même un anglicisme : les contenus produits par l’Elysée sont "straight to the bone" ["directes jusqu’à l’os", bref, "bruts"…], expliquent-ils.

    Mais la métaphore filée tout au long de la présentation emprunte énormément au vocabulaire des médias : il est question d’une "journaliste embed", de "live", de "reportages".

    Claudine Ripert-Landler dit même en introduction

    C’est un peu comme le lancement d’un média.

    Multi-sollicitée par les journalistes présents, l’équipe web de l’Elysée finit par reconnaître que son rôle reste avant tout celui d'une entreprise de communication, mais ne théorise ni ne définit le nouvel outil que constitue ce site comme un véhicule mobilisé dans une stratégie de communication globale, encore moins d’une histoire particulière.

    >> L’innovation : côté design, une timeline et des accréditations en ligne

     

    Le nouveau site de l’Elysée offrira (notamment) la possibilité à ses lecteurs de naviguer via une porte d’entrée 100% chronologique, restituée de manière 100% horizontale, pour un résultat d’ailleurs pas très éloigné des timelines produites par un outil tel que dipity.

    Innovant, juge Claudine Ripert-Landler, car il n’y a "pas de présélection" de l’information via une hiérarchie classique, détaille la conseillère du chef de l’Etat, qui source le constat de l’avance de l’Elysée en la matière d’un benchmark des sites de présidence.

    C’est ce postulat de base qui permet à la conseillère de définir le site comme "inédit" et "nouveau". 

    Autre nouveauté : l’accès presse passe en mode protégé, derrière un "mur". Dans la version projetée par l’Elysée, il sera possible à un journaliste, une fois identifée, de procéder, par exemple, à une demande d’accréditation en ligne pour certains événements apparaît.

    >> Pas de version mobile

    L'application mobile dédiée "Elysée", c'est terminé : à présent, chaque page est construite en "responsive design" : le site détecte que vous vous connectez depuis un mobile, un ipad ou un ordinateur classique, et vous propose un affichage dédié.

    >> Les creative commons, c’est pas maintenant

    Les photos prises par le service photo de l’Elysée et mises en circulation sur les différents espaces sociaux animés par la présidence le sont sous un copyright strict, et ont toute vocation à le rester, explique l’équipe, qui ne testera donc pas la pratique qui a cours à la Maison Blanche.

    Washington a en effet développé une licence de mise à distribution spécifique des photos réalisées par le photographe salarié de la présidence américaine, Pete Souza, sous le format de licence "creative commons" qui, sans rien céder au droit d'auteur, permet des reproductions, sous certaines conditions bien précises, de photos partagées par son auteur.

    La conseillère du président de la République justifie notamment ce raisonnement d’un point de vue économique, pour ne faire concurrence aux agences de presse qui couvrent extensivement l’Elysée et commercialisent ces clichés.

    Résultat : si vous voulez utiliser des photos de l’Elysée, même s’il s’agit de les contextualiser et d’expliquer en quoi elles sont ultra-verrouillées, vous êtes priés de passer un petit mail, à tout le moins, au service photo de l’Elysée qui, souverainement, décide ou non de vous permettre une reproduction de ces clichés - Le Lab s’est par exemple fait rappeler à l’ordre pour l’utilisation de ces photos de François Hollande et du Père Noël.

    >> Le coût

    "50.000 euros" en tout et pour tout ont été dépensés auprès de plusieurs agences, annonce Claudine Ripert-Landler, qui semble curieusement presque gênée de parler gros sous, alors même qu’elle annonce une grosse économie sur les frais de fonctionnement, et plus encore de conception, de "son" elysee.fr, comparé à la création du elysee.fr version Nicolas Sarkozy, alors supervisée par Nicolas Princen, lancé en 2010.

    Ces 50.000 euros ont servis à rémunérer trois agences, d’ailleurs créditées sur la page des mentions légales du site : Textuel La Mine (design), Spintank (assistance à maîtrise d’ouvrage) et Temesis (accessibilité). A également été évoquée une prestation d’intégration html, mais dont l’affectation n’a pas été détaillée.

    Ces coûts sont assez largement en-dessous des prix du marché internet, où la facturation d’une journée de travail – développeur, graphiste, direction de projet, conseil – vaut de 350 à 1000 euros par jour et par intervenant mobilisé, en fonction de son profil.

    Parallèlement, Frédéric Giudicelli évoque une division "par quatre" des coûts de maintenance et d’hébergement du site, notamment en raison de l’internalisation de cette première tâche dans les équipes de l’Elysée, mais aucun montant hors de cette variation n'a toutefois été détaillé.

    >> La variation de l’équipe

    De huit personnes, sous Nicolas Sarkozy, la cellule web de l’Elysée passe à un effectif de six personnes, avec une variation sensible des profils : des profils techniques ont en effet été intégrés dans l’équipe, là où toute ligne de code écrite était, sous Nicolas Sarkozy, externalisée.

    >> Bonus : envoyer un mail à François Hollande 

    C'est toujours via un formulaire qu'il faudra passer, si l'envie vous prend d'adresser quelques mots à François Hollande, mais celui-ci a subi un petit lifting ... qui le rend encore plus précis. 

    Avant, c'était ça :

    Demain, ce sera ça :

    Disclaimer : le disclaimer qui accompagnait cet article est toujours valide ; ajoutons également que Romain Pigenel a été l’un des contributeurs extérieurs rémunérés par Le Lab pour la rédaction de billets d’opinion, jusqu’à l’élection présidentielle.

     

Du rab sur le Lab

PlusPlus