INVITATION - Edward Snowden, entendu par les parlementaires français ? C'est le souhait de certains d'entre eux. L'ex-consultant du renseignement américain à l'origine des fuites sur l'espionnage américain est pour le moment bloqué depuis dimanche dans un aéroport de Moscou.
Christian Paul, député socialiste et co-président du groupe "Internet et société numérique"à l'Assemblée nationale, manifeste son souhait que les parlementaires de France puissent entendre l'américain.
Et si nous demandions l' audition d' Edward Snowden devant les commissions et le groupe Internet de l' Assemblée nationale? — Christian Paul (@christianpaul58) July 1, 2013
Contacté par le Lab, Christian Paul explique qu'il va soumettre l'idée au groupe parlementaire qu'il préside mardi 2 juillet, dans le cadre d'une réunion où les députés vont auditionner la ministre déléguée à l'Economie numérique, Fleur Pellerin.
Et par la suite, le socialiste veut "une démarche collective". Avec le soutien de ses collègues, il envisage de solliciter Claude Bartolone sur le sujet. Pour lui, "la France doit pouvoir prendre sa part dans ce débat mondial" et il imagine qu'Edward Snowden pourrait être directement invité par le président de l'Assemblée nationale.
L'idée ? En savoir plus sur ce que les services d'espionnage américain sont capables de faire.
Nous avons besoin d'en savoir plus sur les méthodes et les cibles des interceptions.
"Mais je ne connais pas ce jeune homme", raconte Christian Paul, qui considère qu'il faut "d'abord savoir ce que souhaite l'américain, s'il veut aller directement en Equateur ou s'il souhaite parler ailleurs." Mais le député a une conviction :
La France s'honnorerait de l'entendre, avec ce sujet on est au coeur du réacteur de la vie démocratique. C'est une question de surveillance du réseau, d'exploitation des données privées.
"C'est une affaire qui ne doit pas rester sans réponse politique, c'est une faute lourde des Etats-Unis si tout ce qui est dit se confirme", considère-t-il.
Dans son projet, il est soutenu par un autre député socialiste : Arnaud Leroy, député PS des Français de l'étranger. Mais lui va plus loin que Christian Paul. Arnaud Leroy souhaite que "l'Union européenne, et en particulier la France, accorde un statut de réfugié politique à Edward Snowden".
Ca serait le premier réfugié d'une nouvelle sorte, quelqu'un qui se bat pour la défense de la vie privée.
Une demande également partagée par le Front de gauche, Europe-Ecologie Les Verts et le Front national. Ces partis demandent aussi à la France d'accorder l'asile politique à Edward Snowden.
Arnaud Leroy, élu de la 5e circonscription des Français établis hors de France, avance au Lab que l'ex-consultant du renseignement américain "est menacé par un pays qui pratique encore la peine de mort, et qui veut l'entendre pour des raisons qu'on ne connait pas très bien."
Vu le coup de poing que viennent de nous foutre les Etats-Unis, je pense qu'il faut entendre Edward Snowden.
Est-ce réaliste d'espérer pouvoir inviter Edward Snowden ?"Oui", prêche-t-il, indiquant que "ça ne sera pas facile pour autant". Pour lui, il s'agit d'une question de diplomatie de très haut niveau :
On est foncièrement dans la volonté des princes. Si demain Poutine veut bien le laisser partir, c'est faisable.
Pour le moment, le député parle d'une "rupture du contrat de confiance" avec les Etats-Unis.
On a l'impression que l'Europe est un danger pour les Etats-Unis. Et on est en droit de se demander si les Etats-Unis ne sont pas un danger pour l'Europe.
La ministre déléguée à l'Economie numérique, Fleur Pellerin, a quant à elle appelé à "réfléchir au statut" de l'américain bloqué en Russie :
Vous avez un certain nombre de pays qui ont mis en place des législations sur ce qu'on appelle les whistle blowers, c'est-à-dire les lanceurs d'alerte.
(...)
Il n'y a pas de statut international qui permet de protéger ces personnes.
(...)
C'est une belle occasion de se pencher sur le sujet qui est une zone grise du droit international public.
Pour l'heure, Snowden est toujours bloqué dans un aéroport de Moscou. Et Vladimir Poutine a déclaré ce lundi que la Russie ne "livre jamais personne". Le président russe a précisé qu'Edward Snowden pouvait rester en Russie s'il "cessait de faire du tort" aux Etats-Unis, où il est recherché pour espionnage.