Certes, la loi a été adoptée et mise en œuvre. Certes, le mariage gay s'est imposé en peu de temps dans les esprits. Mais certains politiques qui se sont battus pour sa mise en place gardent quelques souvenirs amers. Et notamment à l'égard de François Hollande, pas assez impliqué à leurs yeux.
Dans un numéro à paraître le 22 avril, deux ans après l'adoption du mariage pour tous, le magazine Têtu consacre toute une enquête aux coulisses de cette loi. Des députés et sénateurs socialistes très actifs autour du projet y font notamment part de leur désillusion lorsqu'ils ont compris, rapidement après l'arrivée au pouvoir de François Hollande, que le texte ne ferait pas partie de la priorité des cent premiers jours. Et même que le président de la République ne semblait pas plus enthousiasmé que ça par son engagement 31 .
L'ex-sénateur Jean-Pierre Michel estime :
"Ce n'était pas prioritaire pour lui.
"
Le député Patrick Bloche abonde :
"Le président a donné l'impression que ce n'était pas important pour lui.
"
Celle qui était encore à ses côtés durant cette période, Valérie Trierweiler, ne dit pas autre chose :
"Tout ça n'était pas si essentiel que ça pour lui.
"
Rien d'étonnant à ce que, lorsque les anti-mariage pour tous commencent à défiler de plus en plus nombreux dans les rues, François Hollande tente d'apaiser les choses à sa manière. Et c'est l'ouverture de la PMA aux couples homosexuelles qui en paiera le prix. Têtu raconte combien les partisans du texte étaient persuadés que mariage gay et PMA iraient de pair. La première désorientée a d'ailleurs été Dominique Bertinotti, alors ministre de la Famille. En septembre 2012, elle se fait griller la priorité des annonces par Christiane Taubira dans La Croix. Or la ministre de la Justice avance que l'accès à la PMA "n'entrera pas dans le périmètre de la loi ".
Un renoncement survenu tôt pour Dominique Bertinotti qui explique à Têtu :
"J'ai trouvé que cette interview était absurde politiquement. On n'était qu'au début et ça ne nous a pas rendu service.
"
Valérie Trierweiler, elle, assure au magazine : "Hollande n'a jamais souhaité inclure la PMA, même si certains en ont porté l'espoir, ce n'était pas dans ses projets."
De fait, malgré des tentatives d'accords entre le groupe socialiste et Jean-Marc Ayrault et des promesses écrites du Premier ministre sur le sujet, la PMA ne sera jamais incluse ni dans le mariage pour tous, ni dans une éventuelle loi famille. C'est en réalité un enterrement en douceur qui a été mis en place par l'exécutif.
Le numéro de mai de Têtu est à retrouver en kiosques le 22 avril.