Les mots du gouvernement pour enterrer la PMA en douceur

Publié à 15h31, le 26 avril 2013 , Modifié à 15h32, le 26 avril 2013

Les mots du gouvernement pour enterrer la PMA en douceur
(montage Le Lab via Maxppp)

Les mots pour le dire. Après le mariage homosexuel, la procréation médicalement assistée ? Pas vraiment. Depuis l'adoption du texte ouvrant le mariage et l'adoption aux couples du même sexe, le gouvernement fait passer l'idée que l'élargissement de l'accès à la PMA - notamment pour les couples de femmes - n'est pas prêt d'être inscrit à l'ordre du jour.

Pour cela, il invoque l'"apaisement", mot d'ordre lancé le 24 avril par François Hollande dans la cour de l'Elysée et décliné par ses ministres.

Apaisement pour Jean-Marc Ayrault qui, dans une interview à 20 minutes ce 26 avril, refuse de "passer en force". Alors qu'on lui demande si la PMA est enterrée, il répond :

On ne va pas ouvrir tous les jours un nouveau débat. Il y a un rythme pour chaque réforme. Je ne veux pas réformer en passant en force. Plus que jamais, je veux rassembler les Français autour de la bataille de l’emploi.

En clair, le Premier ministre repousse sine die le sujet, préférant se concentrer sur le sujet moins clivant du chômage.

C'est encore plus simple dans la bouche de sa ministre de la Justice : la PMA semble même n'avoir jamais été mise à l'ordre du jour. Interrogée sur le sujet par un député UMP à l'Assemblée nationale  le 24 avril, Christiane Taubira invoque la "paix civile" :

Je n’ai pas connaissance d’un autre texte [que celui sur le mariage pour tous, ndlr] et je vois que vous voulez faire un débat après le débat car je crois que, désespérément, vous voulez entretenir l’énervement dans la société, vous voulez entretenir une contestation qui défasse le lien social, vous voulez lutter contre la paix civile.

S’il doit y avoir un texte vous patientez pour le voir, pour ma part je n’en ai pas connaissance.

Quant à Dominique Bertinotti, connue pour être personnellement favorable à l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, elle se range elle-aussi du côté de l'"apaisement" dans une longue interview pour Rue89 le 23 avril. S'il ne s'agit pour elle que d'une affaire de "mois", elle argue que la PMA ne pourrait être traitée dans le climat actuel :

Est-ce qu’on est capables d’aborder des questions ayant trait à la sexualité sans que ça déclenche des passions ? Il faudra en reparler dans trois ou quatre mois.

Tant qu’il n’y a pas apaisement sur le mariage et l’adoption, on ne peut pas. Si c’est pour se réagiter, ça n’a pas de sens.

Il faut peut-être que les premiers mariage aient lieu... Des couples vont sortir de l’ombre. Là, il y a trop de choses qui ont besoin d’être mûries.

Bref, au moment où le gouvernement dit vouloir retrouver un pays "rassemblé" autour de "la bataille pour l'emploi", la procréation médicalement assistée n'est pas prête d'être inscrite l'agenda.

Quatre mois plus tôt, la situation était pourtant radicalement différente. Les députés socialistes bataillent alors pour inclure la PMA dans le texte sur le mariage homo, via un amendement.

Ils acceptent finalement de ne pas déposer cet amendement en échanged'unepromesse : le gouvernement s'engage à légiférer rapidement sur la PMA, à la faveur d'une loi sur la famille. La date annoncée est le 27 mars.

Le 3 février, le Premier ministre remet pourtant déjà en cause ce calendrier en disant vouloir attendre avant toute chose l'avis du comité national d'éthique sur la PMA, annoncé pour l'automne 2013. Fin mars, François Hollande sacralise officiellement cet avis - pourtant uniquement consultatif - en déclarant qu'il le "respecterait".

Une série de freins à la PMA qui se conclut ce 26 avril avec cette phrase de Jean-Marc Ayrault : "On ne va pas ouvrir tous les jours un nouveau débat".

Du rab sur le Lab

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