Avec la rhétorique gagnante du "Ni droite, ni gauche" d'En Marche !, LR et PS sont perturbés dans leur conception bipartisane de la politique. Alors, pour contrer cela, ils ont trouvé la formule magique : dire que le gouvernement fait partie du camp opposé. Ainsi, Eric Woerth, député LR et ancien ministre du Budget, était l'invité de France 2 ce jeudi 22 juin. Interrogé sur le nouveau gouvernement, formé par Edouard Philippe mercredi, il a donné son opinion, le jugeant "très à gauche". Il développe :
"C'est un gouvernement très à gauche. En Marche ! est un parti plutôt issu de la gauche [...]. Les trois-quarts des membres du gouvernement sont de gauche, comme c'est le cas pour l'ensemble du groupe En Marche !, plutôt à gauche.
"
En Marche ! est un parti de gauche. Tout comme les 3/4 des membres du gouvernement qui sont issus de la gauche. #Les4V
— Eric Woerth (@ericwoerth) 22 juin 2017
Visiblement, Eric Woerth peine à mesurer la dose de gauche de l'exécutif et de sa majorité parlementaire, mais il en est sûr, ça ne penche pas à droite. Même critique du côté de Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, qui, sur Radio Classique ce jeudi matin, a jugé que "le nouveau gouvernement se gauchise de façon très claire".
"Le nouveau gouvernement se gauchise de façon très claire.Et 4 démissions de ministres en un mois, cela s'appelle une crise gouvernementale"
— Bernard Accoyer (@BernardAccoyer) 22 juin 2017
D'après le classement par sensibilité politique du Monde, huit membres du gouvernement viennent du PS/PRG, cinq des Républicains, deux du MoDem et quinze de la société civile. Soit 26% de personnalités de gauche. On peut néanmoins remarquer qu'avec ce remaniement entrent au gouvernement trois *gauchistes* : au ministère de l'Agriculture Stéphane Travert, au PS depuis 1988 (et *marcheur* de la première heure), Nicole Belloubet au ministère de la Justice, mais aussi Florence Parly aux Armées, elle qui fut secrétaire d'Etat au Budget dans le gouvernement Jospin. Et puis il y a toujours Jean-Yves Le Drian et Annick Girardin pour représenter la *vraie gauche*. Malgré tout, à moins qu'Eric Woerth ne considère la société civile à gauche, difficile d'atteindre les "trois-quarts" des membres du gouvernement.
Mais il n'y a pas que chez les LR qu'on critique ce remaniement. Jean-Christophe Cambadélis, désormais ex-Premier secrétaire du PS depuis la fin des législatives, tweete sa vision radicalement opposée de la situation (et visiblement pas partagée par Manuel Valls) :
"Confirmation du caractère droitier et ENArchique du gouvernement. Après avoir renoncé au MoDem, on renonce à la société civile.
"
Confirmation du caractère droitier et ENArchique du gouvernement. Après avoir renoncé au Modem, on renonce à la société civile. #remaniement
— Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 21 juin 2017
Ministres régaliens:4 personnalités de grande qualité qui viennent du ps..Et certains parlent "d'une dérive droitière et technocratique"...
— Manuel Valls (@manuelvalls) 22 juin 2017
Là encore, il paraît compliqué d'affirmer qu'Edouard Philippe a "renoncé au MoDem", même si l'on passe de trois ministères, dont deux régaliens, à une ministre-adjointe et une secrétaire d'Etat. Pas plus Philippe II ne "renonce à la société civile", renforcée même avec l'arrivée de Brune Poirson, élue députée, en tant que secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique. Et pour ce qui est des énarques (ils sont quatre), c'est toujours moins que sous Cazeneuve, où ils étaient six. On dit ça, on dit rien.
A LIRE AUSSI SUR LE LAB
[BONUS TRACK] Le gouvernement vu de gauche ou de droite
Voici comment, on voit ce gouvernement en fonction que l'on est élu de gauche ou élu de droite :
#