PRIMAIRE M'A TUER - C'est l'heure des comptes à droite. Dès le soir de l'élimination de François Fillon au premier tour de la présidentielle, certains cadres de LR entamaient l'inventaire d'une campagne imperdable et finalement perdue. Et ça continue.
Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, François Fillon et ses affaires judiciaires ne sont pas les seuls coupables désignés. Bruno Le Maire a ainsi eu l'occasion de dire que de son point de vue, c'est parce que "la droite n’est pas sortie du sarkozysme" qu'elle a "échoué". Et d'après François Baroin, c'est la faute de la primaire et du manque de leadership naturel. Dans une interview à Paris Match mercredi 7 juin, le chef de file de la droite pour les législatives explique :
"Jusqu’à Nicolas Sarkozy, notre leader s’est toujours imposé naturellement. Après la défaite de 2012, la droite a choisi la voie de la primaire pour désigner son chef. Avec le recul, je considère que cela nous a affaiblis. La primaire nous a tués.
"
Première conclusion à tirer de cette analyse : Les Républicains sont présentement morts. Ce qui n'empêche pas François Baroin de continuer à dire qu'il espère une victoire aux législatives, contrairement à ce qu'il admet avec pessimisme en privé.
Deuxième conclusion : la droite peut unanimement se féliciter de s'être trouvé un-chef-un-vrai-qui-va-remettre-le-pays-sur-pied à l'occasion d'une belle compétition électorale interne et, quelques semaines plus tard, expliquer qu'en fait tout cela était nul et voué à l'échec. Alors qu'a priori, sans le Penelope Gate (voire avec un candidat de remplacement une fois l'affaire révélée), Les Républicains avaient leurs chances de se retrouver au pouvoir.
Mais bon.
Ce que l'on peut dire sans craindre de trop se tromper, c'est que les primaires ne sont plus trop en vogue en France. Après la réussite de celle organisée par le PS en 2011 qui avait propulsé François Hollande vers la victoire présidentielle, on a cru à l'avènement de ce processus de sélection des candidats, au moins pour les deux principaux partis de gouvernement. On y croyait encore après l'éclatante victoire de François Fillon - mais on vient de voir ce qu'il en a été ensuite. Sans oublier ce qu'il s'est produit à gauche, où la victoire de Benoît Hamon sur Manuel Valls, loin d'unifier son camp, a en fait accéléré son implosion. Résultat : les deux vainqueurs des primaires ont été éliminés dès le premier tour le 23 avril. Et c'est finalement Emmanuel Macron, candidat auto-proclamé à la tête d'un parti qui n'existait pas quelques mois plus tôt, qui a emporté le jackpot.
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