ET LA MONTAGNE ACCOUCHA D’UNE SOURIS ? - Najat Vallaud-Belkacem, ainsi que des représentants de Manuel Valls, Christiane Taubira, et Fleur Pellerin, vont rencontrer, ce vendredi 8 février, au ministère du Droit des femmes, le patron des affaires juridiques de Twitter à l’échelle mondiale, Alexander Macgillivray.
Cette réunion doit examiner des moyens de lutter contre l'homophobie en particulier, et "toutes les discriminations", en général, sur le réseau social, selon la communication qui en a été faite par le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem à l'AFP, courant janvier .
Annoncée à grand renfort de communication, et notamment par une tribune de Najat Vallaud-Belkacem dans Le Monde, pour le lundi 7 janvier, cette réunion a été annulée une première fois, faute, précisément, d'une participation de Twitter.
Elle se déroulera surtout totalement à huis-clos, malgré des promesses très claires de la porte-parole du gouvernement.
Une double actualité sera au coeur de cette réunion :
1. La multiplication, ces dernières semaines, de phénomènes, très médiatisés, de diffusion de hashtags haineux voire carrément homophobes ou antisémites. Après "#SiMonFilsestGay", on a observé "#UnBonJuif", et beaucoup d'autres.
A chaque fois, le même volume de tweets haineux - quelques milliers - mais qui, placés sous le feu de l'actualité, sont largement relayés, commentés, voire critiqués, mais bénéficient d'une très forte visibilité.
2. La question de la suite donnée à la décision de justice qui, prononcée le 24 janvier 2013, par le tribunal de grande instance de Paris, oblige Twitter à livrer les données permettant l'identification de l'auteur d'un message qui ferait l'objet d'une plainte.
La manière dont l'entreprise américaine décidera de se conformer ou non à cette décision est au coeur des échanges entre le gouvernement et Twitter, ainsi que l'expliquait Fleur Pellerin, jeudi 7 février, sur Canal Plus.
En plus des représentants du ministère de l'Intérieur, du ministère de la Justice, du ministère de l'Economie numérique, et de la porte-parole du gouvernement, des représentants d’associations de lutte contre l’homophobie seront également autour de la table ... mais aucun journaliste ne pourra assister ni au début, ni à la fin de la réunion.
Sollicité par Le Lab, le cabinet de la porte-parole du gouvernement revendique le déroulé à huis-clos de l'échange, et le ministère ne sera pas accessible aux journalistes, ni avant, ni après cette réunion.
Pour tout compte-rendu, les journalistes devront se contenter d'un "communiqué de presse", qui sera diffusé "vendredi dans l'après-midi", précise le cabinet de la ministre.
Ce point tranche totalement avec la promesse de transparence énoncée mercredi 3 janvier par Najat Vallaud-Belkacem.
Interrogée par Le Lab sur l'éventualité d'une telle réunion, la ministre déléguée expliquait alors :
"Pour en savoir plus sur ce qui se dira dans cette réunion, j’ai envie de vous inviter, peut-être à y participer, au début ou à la fin, ce sera avec grand plaisir.
Je crois que c’est un sujet qui doit être traité dans la plus grande transparence.
"
L'existence de cette décision de justice tend à insinuer que cette réunion pourrait bien ... ne servir à rien.
Un bon connaisseur du dossier assure ainsi au Lab que cette réunion de vendredi reste annexe, dans la relation entre la France et Twitter. Et explique :
"L'important, c'est la décision de justice qui a été rendue.
"
Le gouvernement joue par ailleurs un subtil jeu avec Twitter : l'entreprise a promis d'installer dans les mois à venir un "siège", français ou européen, à Paris, un signal qui serait évidemment très positif quant au dynamisme de la France sur la planète numérique.
Toute discussion un peu trop agitée, ou toute proposition un poil irréaliste, pourrait donc être vue comme un signal décourageant cette installation.
Fleur Pellerin, de son côté - qui ne participera pas en personne à cette réunion - prend grand soin, à chaque fois qu'elle s'exprime sur le dossier, de souligner sa proximité avec les techno-geeks de Twitter, et de raconter aux journalistes qu'elle passe régulièrement des "DM" (des messages privés, sur twitter, NDLR) aux boss de l'entreprise.
Twitter, enfin, affiche un mutisme total sur le dossier, en ne répondant pas aux questions des journalistes qui la sollicitent. Le peu de publicité accordée à la rencontre ne sera pas pour déplaire aux représentants de l'entreprise.