"Très souvent, quand je tweete, je relis mes tweets. Et une fois sur cinq, je ne l'envoie pas. Ca peut être mal compris... " Ce retour d'expérience est celui d'un ancien député, Jean Mallot. Aujourd'hui, l'homme est devenu directeur de cabinet d'Alain Vidalies et conseiller aux affaires politiques de Jean-Marc Ayrault.
Ancien parlementaire, il connaît bien le fonctionnement du Palais-Bourbon. Contacté par le Lab, il estime qu'on ne peut pas empêcher les élus d'utiliser les réseaux sociaux. Mais il en appelle à la responsabilité des députés :
"Sur ce genre de questions, il ne s'agit pas de vouloir autoriser ou interdire l'utilisation de Twitter, il s'agit de trouver des modes d'utilisation qui permettent la serenité des débats et la qualité des débats.
(...)
Ca suppose que chacun ait une certaine éthique.
"
Lui déclare préférer s'abstenir d'un tweet plutôt que de prendre le risque d'être mal compris. "Après ça fait boule de neige, et tout le monde commente des propos tronqués", poursuit-il.
Lundi 4 janvier dans l'après-midi, le député UMP Philippe Gosselin s'est ému de l'utilisation faite du réseau sociallors du débat ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe. "Ca nuit à la sérénité de nos travaux et assez rapidement à la qualité de la loi", estime-t-il.
Jean Mallot ne considère pas que celui puisse empêcher un bon débat. Mais il estime que les députés pourraient mieux utiliser cet outil :
"Ca pourrait être un moyen mieux utilisé, si chacun avait cette déontologie qui consiste à le faire honnêtement. Il faut bien distinguer les faits et les commentaires.
On ne pourra pas empêcher les élus d'utiliser ces moyens de communication, mais ça suppose que tout le monde respecte cette déontologie de base. Ca concerne tout le monde, élus, journalistes, citoyen.
"
La conférence des présidents a mis en place un groupe de travail qui sera chargé de réfléchir aux habitudes de travail des parlementaires. Parmi lesquelles l'utilisation des réseaux sociaux.
Faut-il installer des brouilleurs ? Faire signer une charte aux élus ? Le directeur de cabinet d'Alain Vidalies indique avant tout qu'il faut une certaine déontologie et met en garde contre certaines réactions :
"On ne peut pas utiliser twitter pour provoquer des réactions et être dupe de ce que ça provoque.
"
Couper les connexions serait selon lui "disproportionné" :
"Vous avez des députés qui travaillent sur leurs tablettes, et ils ne font pas de mal. Je pense que le brouilleur serait disproportionné. C'est priver les députés d'un outil de travail.
"
Avant de signaler un inconvénient très pratique des brouilleurs :
"Les brouilleurs, ça avait une conséquence très directe. Ca vidangeait très vite les batteries. Ca fonctionne de telle sorte que votre appareil est toujours en train d'essayer de se connecter. C'était agaçant.
"