CAFOUILLIS JOUR 2 - La communication du gouvernement sur la procréation médicalement assistée patine. En l'espace d'à peine vingt-quatre heures, Jean-Marc Ayrault a désavoué sa ministre qui s'avançait sur le calendrier législatif de la PMA ... avant de donner précisément le même calendrier.
On récapitule.
Dimanche 3 février, fin de matinée. Longue journée de débats à l'Assemblée nationale sur le texte ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe. Pressée d'amendements écologistes demandant l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, Dominique Bertinotti finit par préciser le calendrier du gouvernement sur la loi famille, loi censée intégrer la PMA.
La ministre de la Famille s'éloigne des premières prévisions, cette loi famille devant d'abord être déposée en conseil des ministres le 27 mars. Une date qui laissait présager un examen au Parlement avant l'été. Dominique Bertinotti parle désormais d'un passage à l'Assemblée "avant la fin de l'année" :
Pour répondre très précisément à la question de la PMA ouverte : elle sera abordée dans le cadre de la loi famille.
Je tiens à dire aussi, car cela fait partie des engagements du gouvernement, que cette loi sera examinée avant la fin de l’année 2013.
Dimanche 3 février, 15h. Le délai est donc repoussé mais c'est encore trop s'avancer pour le Premier ministre. En marge d'un déplacement au Cambodge, Jean-Marc Ayrault prend la peine de recadrer Dominique Bertinotti.
Le chef du gouvernement invoque la date - inconnue - de rendu de l'avis du comité national d'éthique sur la PMA, saisi quelques jours plus tôt par François Hollande, et l'éventuelle organisation d'états généraux sur le sujet.
Ce qui donne, en substance : avant de connaitre cette date, Dominique Bertinotti aurait dû se taire.
Elle ne peut pas dire cela dans la mesure où elle ne connait pas la date de réponse du comité national d'éthique. Si c'est fait avant oui, mais si ce n'est pas le cas, il faudra attendre.
Dimanche 3 février, milieu d'après-midi. Face à la contradiction de ces deux annonces, Alain Vidalies est missionné pour clarifier la situation devant l'Assemblée. Il doit s'y prendre à deux reprises avant d'être en mesure de donner la stratégie du gouvernement.
Dans sa première intervention, le ministre chargé des relations avec le Parlement indique que la PMA pourrait être dissociée de la loi famille. Même écho à Matignon, contacté par l'AFP.
Dans sa deuxième intervention, Alain Vidalies dit tout l'inverse :
Avec l’accord du Premier ministre, je précise qu’il y aura une seule loi sur l’ensemble des questions portant sur la famille, que cette loi comprendra la proposition du gouvernement sur la PMA, que le débat n’interviendra qu’après la connaissance de l’avis du conseil national d’éthique et donc avant la fin de l’année.
La réhabilitation de Dominique Bertinotti est en marche. Manque toujours la confirmation du Premier ministre himself.
Lundi 4 février. C'est officiel, Dominique Bertinotti a tout bon.
Evidemment, Jean-Marc Ayrault ne le concède pas de cette manière mais une nouvelle déclaration , toujours depuis le Cambodge et rapportée par l'AFP, va entièrement dans le sens de sa ministre : une loi famille incluant la PMA sera bien examinée "avant la fin de l'année". Retour à la case départ.
Pourquoi souffler ainsi le chaud et le froid sur les propos de sa ministre ? Entre temps, Jean-Marc Ayrault a semble-t-il découvert des déclarations par voie de presse de Jean-Claude Ameisen, président du fameux comité d'éthique, indiquant qu'un avis pourrait être rendu à la rentrée et que les conclusions d'états généraux pourraient êtres données à l'automne.
Ce qui n'était qu'un calendrier hasardeux de Dominique Bertinotti se transforme alors en "perspective réaliste" :
Je crois comprendre, à travers les propos de son président qu'il y a une perspective tout à fait réaliste pour la rentrée, pour l'automne, c'est-à-dire autour du mois d'octobre.
Notons que cette précision a été apportée par le président du comité dès le 1er février dans Le Monde. Soit deux jours avant que ce recadrage/pas recadrage n'ait lieu.