Parfois, les certitudes politiques ne tiennent qu'à un fil. C'est le cas pour Jean-Marie Le Pen à l'égard de sa petite-fille, Marion. Lui qui assurait encore en avril qu'elle ferait une candidate exceptionnelle pour le remplacer en région PACA, ne cesse désormais de mettre en doute dans les médias ses capacités.
C'est le cas dans une interview pour Marianne publiée ce 10 juillet. Celui qui est encore président d'honneur pour quelques semaines, grâce à une décision de justice, lance :
"C'est une fonction de haut niveau [être président de région, ndlr]. Il faut être capable de tenir une assemblée de 120 personnes, dont un tiers d'opposants qui ne nous ménageront pas. Elle est quand même très jeune... Je crains qu'elle n'y parvienne pas.
"
Mi-avril, lorsqu'il avait renoncé à concourir pour les régionales en PACA, Jean-Marie Le Pen avait pourtant largement adoubé sa petite-fille . Il déclarait alors :
"Si elle accepte, je pense qu'elle serait une tête de liste très performante. Certainement la meilleure, je ne vais pas dire après moi, mais quand même.
"
Il avait même demandé à son entourage dans la région de soutenir la candidature de la députée "dans l'intérêt supérieur de la France".
Conclusion : soit il serait "dans l'intérêt supérieur de la France" d'avoir une présidente de région "bien jeune" qui risque de ne "pas parvenir" à la diriger. Soit Jean-Marie Le Pen opère là un sacré revirement.
L'explication n'est pas difficile à trouver. Si elle a longtemps été considérée comme la "protégée" de son grand-père, partageant la même ligne politique que lui, Marion Maréchal-Le Pen a décidé de suivre Marine Le Pen dans la crise au FN - tout en restant bien plus mesurée que d'autres. Sa désolidarisation avait cependant "beaucoup touché" le "Menhir", confiait alors l'entourage de ce dernier au Lab. Il avait même commencé à dénoncer la "perfidie " de sa petite-fille.
Le 9 juillet, Marion Maréchal-Le Pen s'est arrêtée sur cette tension entre eux :
"Je pense qu'il m'en veut un peu d'avoir été un peu mis à l'écart, même si c'était le deal du départ, de cette campagne des régionales. Voilà c'est ainsi. Je le regrette. J'en suis très attristée mais malheureusement, je n'y peux rien.
"
Visiblement, le fondateur du FN lui en veut au point de saper sa candidature.
BONUS TRACK
Décidément, il tient à sa comparaison. Jean-Marie Le Pen redit dans Marianne que Marine Le Pen a "un physique qui plaît aux gens du Nord". Et la compare à l'épouse de Maurice Thorez, Jeannette Vermeersch. Un parallèle déjà tenu auprès de l'Obs en février et auprès du Figaro en 2013.
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