AUDIT– La Cour des comptes livre son premier rapport sur la gestion de la machinerie élyséenne version François Hollande – à l’époque, l’exercice avait été cruel pour Nicolas Sarkozy. Le document, publié au format PDF, est l’occasion d’une rare plongée dans la tuyauterie de la présidence.
Petit florilège des points relevés par le Lab pour cet exercice qui ne porte que sur les six premiers mois de la présidence Hollande, du 15 mai au 31 décembre 2012.
#SITE WEB : elysee.fr 2012 = carlabrunisarkozy.org 2011
(Lors du lancement du nouveau site internet de l'Elysée, photo le Lab)
Au Lab, on a forcément eu envie de rentrer dans les cuisines du site web de l’Elysée, côté finances. La réduction des coûts est forte, et une comparaison se dessine même : rapporté à une année pleine, le site web actuel de l’Elysée représente le même coût que le seul site dédié à Carla Bruni Sarkozy sous la mandature précédence.
Pour rappel, le coût du site carlabrunisarkozy.org avait déjà été "outé" par Matignon dans sa réponse à la question écrite d’un député UMP s’interrogeant sur le coût de Carla Bruni pour les finances de l’Etat, et les chiffres cités concordent.
Au passage, petit calcul: avec 180.000 euros de budget de fonctionnement de mai à décembre, dont 50.000 euros consacrés aux prestations liées à la construction du nouvel élysee.fr, on peut établir le coût moyen (chargé) de chacun des six employés du service web à 3.500 euros par mois.
#TGV : C’ETAIT BIEN UN SIMPLE COÛT MEDIATIQUE
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Le 2 août 2012, devant un wagon de deuxième classe de TGV ... (photo MaxPPP)
C’est écrit noir sur blanc, et la novlangue administrative inhérente à l’exercice de l’audit made in la Cour des comptes ne le masque qu’à peine. Quand François Hollande avait assuré qu’il prendrait le train pour ses déplacements, c’était une blague – au Lab, on vous avait par exemple raconté comment François Hollande prenait l’avion pour se rendre à Lille.
Les décompte de la Cour des comptes est sans appel :
Vous vous êtes déplacé 14 fois en avion, 21 fois en voiture pour des courts trajets et une fois en TGV (…) le 4 décembre 2012.
On croit même pouvoir déceler une once d’ironie lorsque les magistrats de la rue Cambon s’autorisent un :
L’utilisation du TGV, largement médiatisée, est donc restée marginale pour les déplacements sur le territoire.
(Pour la rigueur, sachez tout de même que chacun des déplacements de François Hollande à Bruxelles s’est fait en train, entraînant de réelles économies.)
#CONSEILLERS : ADIEU LES 20k€ PAR MOIS
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Claude Sérillon, Aquilino Morelle, et Christian Gravelle (photo MaxPPP)
Un peu plus de 20.000 euros par mois : c’était la rémunération affichée par certains des conseillers de Nicolas Sarkozy – au premier rang desquels Henri Guaino, ainsi que Le Nouvel Obs l’avait révélé en octobre 2012.
Terminé ces traitements qui faisaient de certains conseillers élysées les premiers salaires du Palais.
Aujourd’hui, celui qui gagne le plus, c’est François Hollande : le président émarge à 13.764€ nets par mois, son conseiller le mieux payé à 12.998€ nets.
#VOUS AVEZ DU COURRIER
François Hollande reçoit beaucoup de courrier. En moyenne, plus de 30% de plus que Nicolas Sarkozy– même si la Cour des comptes pointe qu’il en est toujours ainsi lors d’une élection.
La correspondance présidentielle représente ainsi pour l’année 2012 un total de 247.701 plis.
Oui, ça fait 678 missives par jour, à supposer que le facteur de l'Elysée y passe tous les jours.
#HEURES SUP’ : LE TROU NOIR
C’est écrit noir sur blanc dans le rapport de la Cour des comptes : à l’Elysée, version Sarkozy, un salarié de l’Elysée a déclaré jusqu’à … 245 heures sup’dans un mois, contre un plafond fixé à 25 heures.
On peut supposer qu’il s’agissait là pour un conseiller très occupé de "rattraper" sur un mois donné les heures sup’ effectuées sur un temps supérieur à un mois - mais il ne s’agit bien là que de suppositions.
Et pour une raison simple : à l’Elysée, pour mesurer les heures sup’, on se base uniquement sur un régime déclaratoire.
Ce genre de situations a pu perdurer sous François Hollande. La Cour ne le dit pas clairement, mais écrit, sans appel :
Il n’a pas été remédié à ces anomalies.
#LES SQUATTEURS DU PALAIS DE L’ALMA : L’AUTRE TROU NOIR
(photo Wikipedia, licence CC)
Un point entier est consacré à "l’occupation du Palais de l’Alma", ce palais situé Quai Branly où sont logés "dans certains cas depuis plus de trente ans [des] proches collaborateurs du Président ainsi [que] des personnels de la présidence".
En résumé : cette situation ne plaît pas du tout à la Cour des comptes, qui recommande une "remise en ordre" des règles d’attributions.
La Cour est particulièrement claire : certains squatteurs de ce palais de la République n’ont plus rien à faire là :
[Il faut] régler la situation de personnes dont le maintien dans les lieux ne se justifie plus.
#HOLLANDE SQUATTE LA LANTERNE HORS DE TOUT CADRE LEGAL
(photo MaxPPP)
Nicolas Sarkozy s’est attribué, par convention, en 2008, l’utilisation du Pavillon de la Lanterne, qui était, jusqu’à présent, réservé au Premier ministre.
François Hollande, à en croire les récits des journalistes qui le suivent au quotidien, est plutôt à l’aise avec cet usage – il y reçoit des conseillers le dimanche, et compte y passer une partie de ses (non) vacances 2013.
Problème ? Juridiquement parlant, plus rien ne justifie que François Hollande puisse jouir des lieux.
Le second avenant qui a prolongé la "convention" made in Sarkozy a expiré depuis le 31 décembre.
Les magistrats restent élégants dans leur formulation, mais le message est clair :
Il convient maintenant de régulariser la situation juridique et financière de cette résidence.
On sous-titre : François Hollande squatte la Lanterne, aux frais de Jean-Marc Ayrault, qui aurait pu le foutre dehors le soir du réveillon.
#LES AIDES A LA PRESSE DISCRETES
Sachez-le, François Hollande a voulu que l’Elysée fasse des économies sur l’achat des journaux – tout de même 470.000 € en 2011, soit plus de 1.200€ par jour (à raison de 1,5€ par quotidien, ça fait 800 quotidiens achetés).
Il a cherché, même, à conclure un nouveau marché pour cela. Problème ? Celui-ci a été annulé, "en raison de prescriptions techniques inadaptées".
Conclusion ? Eh bien pour l’instant, c’est le statu quo, et l’Elysée continue d’acheter des journaux hors de tout marché établi. Une forme d’aide à la presse de plus, peut-être …
#LA CANTINE
Le coût d’un repas à la cantine de l’Elysée ? Un peu plus de 10€, contre plus de 20€ sous la présidence précédente.