Jamais sans les "divers gauche". Ils sont dix-neuf élus sous l’étiquette "divers gauche", toujours fondus avec les résultats du parti socialiste. Sans eux, le PS n’obtiendrait "que" 283 voix [chiffres Le Monde ], et manquerait ainsi de peu la majorité absolue (289 voix).
Qui sont les 19 "divers gauche" ? Un candidat du MUP de Robert Hue, des candidats sans étiquette de gauche… mais surtout une grande part de dissidents socialistes, exclus pour ne pas avoir respecté les consignes du parti, notamment l’accord avec Europe Ecologie-Les Verts. Cette victoire, c’est leur revanche.
Cette année, ils sont dixà venir ainsi gonfler le score de la gauche, alors même que le PS n’a plus voulu d’eux. Le Lab revient sur ces dix députés à l’avenir encore incertain au sein de leur ancien parti.
Ils ont refusé l’accord Europe Ecologie-Les Verts
Parmi les dix-neuf députés "divers gauche", dix élus sont d'anciens socialistes, exclus souvent quelques semaines plus tôt pour non respect des consignes du parti.
>> Ils ont refusé l’accord Europe Ecologie-Les Verts
C’est le cas le plus récurrent : dans six circonscriptions, les socialistes n’ont pas accepté l’arrivée de candidats EELV et ont insisté pour se maintenir. D’où l’exclusion sine die promise par le PS .
Edith Gueugneau a été une des exclusions les plus remarquées. Face au candidat écolo dans la 2e circonscription de Saône-et-Loire, elle a refusé de se retirer, soutenue en cela par Arnaud Montebourg , ouvertement hostile à l’accord EELV-PS.
La socialiste s’était elle-même "mise en congé" du PS pour "retrouver [sa libre parole] ". Le 24 avril, le parti a tout de même décidé de l’exclure. Le candidat EELV n’a pas passé le premier tour et Edith Gueugneau l’a emporté avec 52% des voix.
Autre combat, celui du député sortant Dominique Baert contre l’investi EELV Slimane Tir. Les deux hommes se sont retrouvés face à face au second tour. Mais avec 69,5% des voix, le dissident a reçu un véritable plébiscite dans la 8e circonscription du Nord.
Serge Bardy dans le Maine-et-Loire, Annie Le Houéroudans les Côtes d’Armor,Yves Goasdouédans l'Orne et Guy-Michel Chauveau dans la Sarthe se sont également imposés face à des candidats UMP, après avoir battu les investis au premier tour.
Dans le Morbihan, Hervé Pellois a été exclu du PS en février 2012 car il refusait de se retirer devant une autre candidate socialiste, Claude Jahier. Il l'a finalement emporté.
Toutes ces exclusions n’ont pas créé de vraies ruptures avec le Parti socialiste. On ne sait pas à l’heure actuelle si les élus voudront réintégrer le parti qui les a exclus – et si le parti acceptera leur retour – mais beaucoup tiennent à siéger au sein du groupe parlementaire de gauche. Chose possible puisque, durant la précédente mandature, les socialistes étaient associés aux radicaux et aux divers gauche à l’Assemblée dans le groupe SRC . On connaitra la composition du nouveau groupe le 26 juin.
En attendant, on peut par exemple lire sur le site d’Edith Gueugneau:"
Bien que suspendue du Parti Socialiste, il ne fait aucun doute qu'Edith Gueugneau siégera au sein du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale.
"Il s’est maintenu face à Ségolène Royal
Cette bonne entente ne sera apriori pas de mise pour Olivier Falorni. Le tombeur de Ségolène Royal en Charente-Maritime a refusé de se retirer après être arrivé en 2e position au premier tour. La présidente de Poitou-Charentes lui a pourtant instamment demandé de le faire , tout comme la majorité de l’appareil socialiste.
Rien n’y a fait, et Olivier Falorni a été élu le 17 juin avec 62% des voix.
Depuis, son retour au Parti socialiste – ou sa simple participation au groupe parlementaire - fait débat . Lui la revendique :
"
Je siègerai dans cette majorité et je défendrai la politique de François Hollande.
"Au soir de la victoire du dissident, Martine Aubry a été catégorique :
"
Bien sûr que non, il a été élu avec les voix de la droite et d'extrême droite, et alors qu'il était second, il s'est maintenu.
"Mais au sein du PS, la réponse n’est pas claire pour tout le monde. Le député Bruno Leroux, pressenti pour prendre la présidence du groupe PS à l’Assemblée, a d’abord déclaré :
"
Pour l'instant, il ne peut y avoir de réintégration automatique dans le groupe. Mais le problème se posera car il s'est toujours revendiqué du Parti socialiste.
"Ce 18 juin sur Europe1, il a fait machine arrière :
"
Aujourd’hui, son intégration n’est pas d’actualité.
"
Il est le dissident investi opposé à l’investi dissident
Le cas de René Dosière est tout autre. Pour la deuxième fois consécutive, le Parti socialiste a refusé de l’investir face à Fawaz Karimet dans l’Aisne. Ce spécialiste du train de vie de l’Etat – déjà dissident et déjà élu en 2007 – n’a pas voulu renoncer.
Arrivé en tête au premier tour, le Parti socialiste a finalement appelé à voter pour lui… tout en demandant à Fawaz Karimet, en troisième position, de se désister. Ce que l’investi a refusé, devenant ainsi dissident. [Notre article sur cet imbroglio à lire ici ]
Au final, René Dosière l’a emporté avec 42% des voix dans une triangulaire. On ne sait pas encore si, lors des prochaines élections, le Parti socialiste accordera son investiture à cet éternel "apparenté socialiste".
Elle se voit retirer l’investiture pour renvoi en correctionnelle
Dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône, Sylvie Andrieux s’est vue retirer son investiture après son renvoi en correctionnelle dans une affaire de détournements de fonds publics.
Contrairement aux autres, le parti n’a placé personne à sa place dans la circonscription : trop risqué. Au premier tour, Sylvie Andrieux est arrivé quasiment à égalité avec la candidate frontiste (29,87% pour le FN et 29,80% pour la socialiste dissidente).
Bien que désinvestie, la députée sortante a bénéficié entre les deux tours d'un appel implicite de Solférino à voter "contre le Front national". Elle l’a finalement emporté avec 51% des voix. Dissidente, l’élue n’est pas exclue du parti pour autant. Martine Aubry a annoncé le 31 mai qu’une exclusion n’aurait lieu que si Sylvie Andrieux était condamnée .