PRESQUE MERCI JÉROME - En théorie, le débat sur le non-cumul des mandats est plié. Rien ne se fera avant 2017. En pratique, l'exécutif planche tout ce week-end du 6 et 7 avril pour trouver une réponse politique à la hauteur du scandale Cahuzac. Et certains socialistes rêvent que cette réponse passe par un non-cumul en 2014.
Le Lab a posé trois questions à Christian Paul, député socialiste de la deuxième circonscription de la Nièvre. Ce proche de Martine Aubry veut un référendum à questions multiples avec le non cumul en "produit d'appel". Sinon, il menace le gouvernement de tout faire, avec ses amis de la "gauche durable", pour imposer un amendement dans le projet de loi qui sera débattu cet été, à partir du 3 juin.
Le Lab : Pourquoi avoir re-tweeté en apostrophant François Hollande votre tribune demandant un référendum sur le non cumul des mandats avant les municipales de 2014 ? On sait désormais très officiellement que le gouvernement a tranché et que, si la loi est votée, le non-cumul ne s'appliquera que le 31 mars 2017 .
Christian Paul : L'affaire Cahuzac prouve que l'on ne peut pas se contenter de demi-mesures, de concessions rabaissantes, de renvoyer aux calendes grecques des mesures annoncées depuis 15 ans.
Les motifs qui nous avaient poussé il y a un mois et demi à faire cette proposition sont plus que jamais d'actualité.
L'actuel calendrier sur le cumul n’est pas le bon. C'est une erreur. Changeons. Vite. Nous sommes au pied du mur.
Et puis, quand même, souvenons que le projet du PS retenait l’idée d’un référendum avant la fin de l’année 2012. L'affaire Cahuzac pourrait avoir un effet d’éléctrochoc ...
Et le non-cumul ne serait que le produit d'appel, comme on dit en marketing, de ce référendum.
Le Lab : Justement, comme Olivier Faure, vous êtes favorable à cette idée qui tourne depuis un moment d'un référendum à questions multiples pour la moralisation. Mais le président de la République et son premier ministre sont profondément impopulaires. N'avez-vous pas peur que les Français ne répondent pas aux questions posées mais veuillent sanctionner la politique de François Hollande ?
Christian Paul : Cela arrive, c'est un risque. Mais faisons en sorte que la question soit bien posée. Et surtout, menons une bataille d’idées. Il nous est possible de rallier une majorité sans avoir de craintes. Et ce serait justement une façon de lutter contre la perte de repère chez les militants de gauche.
Si le président de la République en décidait, nous serions nombreux au parlement, parmi les socialistes, dans le mouvement associatif, chez les ONG, à nous mettre sur les rangs.
Mais il est faux de dire que les Français ne sont pas prêts...
Le Lab : Et si vous n'arrivez pas à imposer en interne ce référendum ? Que ferez vous ?
Christian Paul : Il ne faut pas que ce concours Lépine, ce moment d’imagination collective chez les socialistes sur la moralisation de la vie politique dure trop longtemps.
J'annonce donc que je défendrai un amendement sur cette loi sur le non-cumul des mandats. Sur ces questions démocratiques essentielles, nous devons dépasser les anciennes tribus du PS. Les Français l’attendent et le demandent sans délai pour dépasser ce moment difficile.
Mais avant, il faut faire participer les Français. Sinon on va perdre encore plus de temps dans d'interminables négociations qui masquent des batailles d'arrière-garde.
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Quelques minutes après l'entretien de Christian Paul avec Le Lab, vendredi 5 avril, à Limoges, le premier secrétaire du PS, Harlem Désir a appelé de ses voeux un référendum à questions multiples sur des sujets tels que le "non-cumul des mandats", le "contrôle du patrimoine des élus", ou encore l'incompatibilité entre des tâches de lobbying et la fonction d'élu.