Paris 2014 : Anne Hidalgo veut annuler le vote des militants dans le 5e arrondissement pour imposer sa tête de liste

Publié à 19h36, le 27 août 2013 , Modifié à 18h05, le 28 août 2013

Paris 2014 : Anne Hidalgo veut annuler le vote des militants dans le 5e arrondissement pour imposer sa tête de liste
(Reuters)

PASSAGE EN FORCE - Le 10 octobre, les militants socialistes de chaque section devront désigner par un vote leurs têtes de liste par arrondissement. Toutes, sauf une. Selon les informations du Lab, Anne Hidalgo va annuler le vote militant dans le 5e arrondissement et faire valider sa candidate par le bureau fédéral du PS.

La candidate à la mairie de Paris a dévoilé le nom de sa favorite ce 27 août dans Le Parisien, édition Paris : c'est Marie-Christine Lemardeley, présidente de l'université Sorbonne nouvelle-Paris III, non encartée au PS, qui se présentera dans le fief de Jean Tibéri, particulièrement difficile à reconquérir pour le Parti socialiste. Un choix qui respecte l'obligation de parité entre candidats qu'Anne Hidalgo a imposé et l'envie de voir émerger quelqu'un de la société civile.

(Marie-Christine Lemardeley - image Maxppp)

Alors qu'un vote des militants devait entériner ce choix le 10 octobre, Rémi Féraud, à la fois premier secrétaire fédéral du PS à Paris et directeur de campagne d'Anne Hidalgo, explique au Lab que c'est finalement le bureau fédéral, réuni le 2 septembre, qui décidera de la candidature de l'universitaire :

Je pense que le bureau fédéral validera la candidature de Marie-Christine Lemardeley.

Il n'y aura pas de vote des militants dans le 5e sur la tête de liste le 10 octobre.

Problème, cette universitaire n'était pas seule en course. Le conseiller parlementaire de François Hollande, implanté de longue date dans l'arrondissement, Bernard Rullier, compte depuis de nombreux mois tenter sa chance auprès des militants.

 (Bernard Rullier - image Maxppp)

Il explique au Lab être tombé des nues en apprenant que le choix d'Anne Hidalgo était fait, "sans en avoir discuté avec elle". Surtout, celui qui se pense "incontournable" dans le 5e arrondissement, dit craindre le manque de poids politique de Marie-Christine Lemardeley face à Jean Tibéri :

Elle n'a pas d'expérience politique, il faut être aguerri pour affronter les Tibéri. Je reste à convaincre : est-ce vraiment un bon choix pour Paris ?

Bernard Rullier doit réunir ses soutiens le jeudi 29 août pour décider s'il maintient sa candidature ou s'il accepte d'être numéro 2 sur sa liste. Une assemblée générale avec la section du 5e arrondissement aura lieu le lendemain soir.

Son entourage se fait beaucoup plus pressant et dénonce une mise à l'écart des militants de l'arrondissement :

Bernard n'a jamais eu aucun échange avec Anne Hidalgo jusqu'à ce qu'elle le mette devant le fait accompli, la veille de sa sortie à la presse. Pourtant, dès le 3 juillet, 75 militants socialistes de la section ont signé un appel pour qu'elle lui laisse sa chance. Aucune réponse.

Le 27 août au soir, ce membre de l'équipe de campagne de Bernard Rullier espérait encore un vote des militants le 10 octobre et un désaveu de Marie-Christine Lemardeley. Il dénonçait, dans le cas contraire, un "coup de force" d'Anne Hidalgo. 

[Edit 28 août] "C'est la procédure habituelle"

En réaction à l'article du Lab, et à l'occasion d'un déjeuner avec la presse, Anne Hidalgo s'est défendue d'avoir mis Bernard Rullier devant le fait accompli, son directeur de campagne ajoutant qu'il avait eu "plusieurs tête à tête" avec lui.

La candidate a également expliqué que l'absence de vote militant est due au statut un peu particulier de Marie-Christine Lemardeley, non encartée et membre de la société civile :

Cette validation par le bureau fédéral est la procédure habituelle pour un non socialiste. Et Bernard Rullier sait depuis un an que ça fonctionne comme ça pour les membres de la société civile.

Il n'y a de vote militant que pour départager ou investir une personnalité socialiste. Quand le candidat n'est pas socialiste, c'est la procédure habituelle.

Le camp Rullier assure quant à lui que "seule la convocation d'un bureau national du PS" - et non fédéral - peut remettre en cause le principe d'un vote militant, même en cas de personnalité non encartée.

Mais la candidature Rullier ne plait guère à Anne Hidalgo qui ironise, dans une phrase lourde de sous-entendu :

Je lui souhaite de s'investir à 100% dans son travail de conseiller parlementaire du président de la République.

Pas sûr après un tel "souhait" que Bernard Rullier obtienne une place sur la liste de Marie-Christine Lemardeley. 

Du rab sur le Lab

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