Pourquoi le beau-frère de Marine Le Pen se présente contre Georges Tron

Publié à 18h59, le 06 juin 2012 , Modifié à 08h25, le 07 juin 2012

Pourquoi le beau-frère de Marine Le Pen se présente contre Georges Tron
Affiche électorale de Philippe et Jacques Olivier (Capture d'écran)

Il ne se présente pas pour être élu mais "pour témoigner", dit-il. Philippe Olivier est un de ces candidats opposés à Georges Tron dans la 9e circonscription de l’Essonne.

Avec une particularité tout de même : époux de Marie-Caroline Le Pen, beau-frère de la présidente du Front national, le quinquagénaire est en guerre ouverte avec Georges Tron depuis plusieurs mois. Sa candidature n’est pas politique, mais personnelle.

Le député-maire de Draveil l’accuse d’avoir fomenté un complot contre lui et a récemment diffusé un tract de 4 pages pour le mettre en cause. Riposte de Philippe Olivier: se présenter aux législatives pour obtenir un espace de diffusion anti-Tron inégalable.

Et, accessoirement, accélérer le temps judiciaire pour obtenir réparation.

  1. Accélérer la bataille judiciaire pour diffamation

    Sur droites-extremes.blog.lemonde.fr

    C’est un nouvel épisode dans la série de règlements de compte qui entoure l’affaire Georges Tron à Draveil. Mi mai, le député-maire de la commune envoie à tous les habitants de sa circonscription un tract de campagne inhabituel qu’avait pu se procurer Le Lab. Celui qui est accusé de viol par deux de ses collaboratrices détaille sur 4 pages le complot dont il se dit victime, complot fomenté selon lui par la famille Le Pen.

    Il y accuse nommément plusieurs personnalités de Draveil, en particulier les frères jumeaux Philippe et Jacques Olivier. Le premier est directement lié à la famille Le Pen ; il est l’époux de Marie-Caroline Le Pen, sœur de Marine.

    L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais les frères Olivier ont choisi une riposte peu banale : se présenter, sans étiquette, aux élections législatives dans la circonscription du député-maire ennemi.

    La stratégie des Olivier n’est pas de faire concurrence aux autres partis, notamment à la candidate FN présente dans la circonscription. "Je ne sais même pas si j'imprimerai mes bulletins de vote", avoue bien volontiers le candidat Philippe Olivier.

    Les voix, il n'en a rien à faire. S’il se présente, flanqué de son frère comme suppléant, c’est pour profiter de tout l’espace  - public et médiatique – qu’offre une élection nationale. Il explique au Lab :

    Georges Tron se fout de la gueule de ses administrés et j’ai envie que ça se sache. C’est un dictateur local cumulard qui ne fait même plus sembler de siéger en séance. Zéro vote, zéro rapport, zéro présence en commission…

    Je profite de l’élection pour militer contre ce comportement là.

    De fait, l’affiche des Olivier est intégralement anti-Tron. On peut y lire:

    Avant de voter, posez-vous deux questions :
    -    Pourquoi réélire un député qui n’a pas siégé depuis un an tout en touchant 13.000€ par mois ?
    -    N’est-il pas souhaitable d’être représenté par un député au dessus de tout soupçon ?

    Même argumentaire, en plus détaillé, sur la profession de foi qu’ont reçu les administrés de la 9e circonscription et mise en ligne par lemonde.fr.

    Mais se porter candidat n’apporte pas qu’une visibilité. Pour les frères Olivier, c’est aussi un moyen d’accélérer le temps judiciaire avec, dans le viseur, le tract de 4 pages de Georges Tron qu’ils jugent "diffamatoire". Entrer en campagne est LA solution pour obtenir réparation plus rapidement. Ils peuvent désormais utiliser la procédure de "référé diffamation", réservée aux candidats en campagne.

    Ce recours immédiat peut, selon la décision du juge, obliger Georges Tron à envoyer un rectificatif à tous ses administrés. Bien plus efficace que le document de 12 pages posté sur leur site. "Ce n’est pas la raison de notre démarche", assure Philippe Olivier, même s’il y a fortement pensé :

    Je ne vais pas vous mentir, c’est un des éléments qui a penché en ce sens… Ca nous permet d’avoir un référé rapidement. Mais pas seulement, j’avais surtout envie de dénoncer !

    Aussitôt candidats, les frères Olivier ont lancé la procédure. Ce mercredi 6 juin, le juge a décidé de laisser neuf jours supplémentaires à Georges Tron pour apporter la preuve de ce qu’il avance. Concrètement, même s’il est condamné à diffuser un démenti, Georges Tron ne devra pas le faire avant l’élection. Mais les frères Olivier auront profité de leur statut de candidats pour donner un coup d’accélérateur à leur riposte.

    Notons que Georges Tron est également, au niveau national, dans la ligne de mire du parti de Marine Le Pen. Il compte parmi ces "affreux" que le FN aimerait éliminer.

Du rab sur le Lab

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